Plus au nord, tu meurs... enfin, t'es dans l'eau... enfin pas vraiment. Il reste encore quelques kilomètres et plus au nord, t'es en Belgique.
Contre l'avis général des Lillois ayant vécu à Dunkerque ou ayant visité cette ville, nous avons pris le train samedi dernier (avec changement à Hazebrouck) et, la météo aidant, nous y avons passé une agréable journée (à Dunkerque, pas dans le train). Nos premières minutes ne laissaient rien augurer de bon: un monument tout pourri, des façades délabrées, des voies ferrées, un pont abritant des chiens errants au bord d'un canal (ou était-ce un égout à ciel ouvert?) et un étrange bâtiment en décrépitude dont le style laissait imaginer un passé plus glorieux:
Une entrée murée en forme de coquillage, surmonté d'une inscription incomplète indiquant que ce bâtiment abritait probablement des bains publics.
En gros nous étions partis dans la mauvaise direction. Hem. Nous sommes donc montés dans un bus en direction de la plage, pensant manger dans un restaurant en bord de mer. Quelques minutes plus tard, des contrôleurs sont montés dans le bus et là, j'ai été projeté dans le film Bienvenue chez les Ch'tis (de et avec Dany Boon, qui, entre nous, a grossi depuis qu'il est devenu multimillionaire de façon inattendue, avec un film sympathique mais relativement banal. Faut arrêter le welsch complet, mon gars! (voir plus bas)). Les cinq contrôleurs sont montés dans le bus en rigolant, ils échangeaient des petites blagues avec les usagers du bus et ils étaient souriants et gentils. Je pense que ça se voyait, qu'on était pas d'ici, puisque quand ils nous ont contrôlés, on a simplement montré notre ticket, tandis qu'eux nous lançaient des "mercis" tonitruants avec l'accent local et en nous donnant une bonne tape amicale dans le dos. Pour un peu ils nous invitaient au resto. Bon là j'enjolive un peu, mais c'est comme ça que je m'en souviendrai. Quoi qu'il en soit, je me suis vraiment tourné vers Julie pour lui dire ces quelques mots respirant la sagesse: "Qu'est-ce qu'ils sont gentils!" Y'en avait même un qui ressemblait vraiment à un des acteurs du film (dont l'action se déroule en grande partie à Bergues, une petite ville située à un jet de pierre de Dunkerque).
Encore tout émus de cette rencontre donnant matière à réflexion sur notre approche de la vie, nous nous sommes rendus compte qu'on ne savait pas où il fallait descendre (j'imaginais bien que le bus allait pas rouler sur la plage en attendant qu'on fasse signe au chauffeur de s'arrêter), ni où on pourrait manger. Jamais à court de bonnes idées, j'ai proposé à Julie qu'on demande à nos amis les contrôleurs, puisqu'ils étaient encore dans le bus à déconner joyeusement. Probablement intimidée par leurs manières peut-être trop amicales - Madame travaille dans le social, Madâââme ne communique qu'avec des cas sociaux :) - Julie ne souhaitait pas aller leur parler. Moi non plus, parce que je souffre de timiditus exacerbatus, mais j'ai pris mon courage à deux mains et je suis allé leur demander conseil, encouragé par Julie: "Allez vas-y, je suis sûre qu'ils seront ravis de nous aider en plus". Sa prédiction s'est révélée juste, car à peine avais-je dit d'une petite voix fluette en levant le doigt d'un air mal assuré "Euh... pardon, Messieurs?" que les cinq voix franches des contrôleurs dunkerquois me répondirent en choeur: "Oui ?". Et après leur avoir exposé la situation, j'ai reçu de leur part les explications et les conseils que je voulais: à quel arrêt descendre et où manger. "Allez à L'Orée des Sables et dites que vous venez de notre part", me conseillèrent-ils. Un arrêt plus loin, ils descendaient, laissant gravés dans nos coeurs attendris des souvenirs impérissables (au moins jusqu'au mois prochain), puis ce fut notre tour de sortir du bus.
La plage était juste là; devant nos yeux elle s'étalait jusqu'à la mer, qui elle-même s'étalait jusqu'à l'horizon (tagada tson-tson). Il nous fallut peu de temps pour trouver l'Orée des Sables, un restaurant bien sympathique qui vous accueille avec cet écriteau:
Dans un premier temps, on a pensé faire demi-tour, puisqu'on était indésirables, et puis finalement on avait trop faim. De toute façon, je n'ai vu cette affiche qu'une fois assis à table.
Là, j'ai vécu une expérience culinaire pas recommandée par Weight Watchers: le welsch complet (voir plus haut au sujet de Dany Boon). Les calories contenues dans ce plat flamand - le nom ne laisse pas de doute sur l'origine - ont probablement de quoi alimenter une mobylette au moins de Lefrinckoucke à Esquelbecq.
Brève description de la chose: un plat creux avec au fond une tranche de pain grillée au beurre et une tranche de jambon, recouverts de - ou plutôt noyés dans - du cheddar fondu à la bière, le tout surmonté d'un oeuf au plat (pour les protéines, j'imagine). Bien sûr je vous mentirais si je vous disais que tout cela n'est pas accompagné d'un petit quelque chose de léger, en l'occurrence, des frites. On rigole mais ces frites étaient salutaires dans mon palais après cette orgie de fromage. D'ailleurs, j'ai pas pu finir. C'est là qu'on voit qu'on vieillit, mais ce thème sera peut-être traité dans un autre billet. De toute façon, à ce rythme là - 2h de rédaction à chaque billet - je vais vite me lasser de raconter ma vie.
Voici la vue depuis mon poste d'enfromagement. Le ciel était parfaitement dégagé et malgré le vent qui soufflait, soulevant des volutes de sable, nous avons entamé une marche digestive bienvenue après ce copieux repas. Non parce que vous savez pas ce que me répond la serveuse après que je me fus platement excusé de n'avoir pas pu finir sa fondue flamande? "Ah ben j'pense bien, après une entrée..." Eh! L'entrée c'était une soupe de poissons, c'est pas vraiment une tartiflette. Franchement, je pense que j'aurais pas fini même sans entrée. Cela dit je dois reconnaître que si l'on aime le fromage, on est servi et c'est très bon.
Toujours est-il que nous avons marché sur la plage, comme de nombreux locaux et touristes, tournant le dos à la ville et au port industriel et nous dirigeant vers la Belgique. Nous ne sommes bien sûr pas allés jusqu'à la frontière, qui était trop loin à pied. Nous sommes revenus en bus, avons marché encore un peu dans le centre, avons vu l'un des beffrois classés au Patrimoine mondial de l'UNESCO. Ce beffroi abrite au rez-de-chaussée l'office de tourisme de Dunkerque et une touristologue nous a chaleureusement - comme il se doit dans ces contrés, j'en suis maintenant convaincu - expliqué comment visiter le port, car plus que le beffroi ou la plage, c'était ça que Julie voulait voir à Dunkerque. Malheureusement, l'énorme port industriel ne peut pas se visiter, nous aurions dû prendre un bus dont l'itinéraire longeait le port, mais il était trop tard pour le faire, alors nous avons suivi le parcours conseillé dans le petit port de commerce. On a pu voir un autre aspect de Dunkerque, une ville animée, avec des quartiers réhabilités, de beaux bateaux, une université. En nous enfonçant dans le port, l'ambiance a progressivement changé. Il faisait nuit, il n'y avait pas un chat et la rue mal entretenue n'était pas si bien éclairée. Finalement, ce parcours n'avait pas beaucoup d'intérêt (s'il avait fait jour, je pense que ç'aurait été pareil) et nous sommes tranquillement rentrés à la gare attendre notre train pour Lille (sans changement à Hazebrouck).
Dernière anecdote, dans le train, un contrôleur est passé - comme il est de coutume dans les trains - pour vérifier la validité de nos billets et le bon compostage de ceux-ci. Ca a été un festival pour le brave agent de la SNCF. Julie montre son billet acheté avec un tarif -25 ans, mais elle n'a pas sa carte 12-25 sur elle. Pas grave, c'est un billet pour toutes les personnes ayant moins de 25 ans, donc une simple pièce d'identité suffit. Ok mais elle a 26 ans, ma Julie. "Bon, on va pas chipoter pour 25% de réduction", qu'il dit, le contrôleur (je réitère: ils sont sympas dans le Nord). Mon tour: je montre mon billet de retour. Le contrôleur me dit alors "Par contre, faut le composter avant de monter dans le train, le billet". Certain d'avoir rempli toutes mes obligations de compostage avant de monter dans le wagon, je réfléchis et je me rends compte que j'avais composté le billet aller (avec changement à Hazebrouck). Le digne représentant des cheminots, patient, faut reconnaître, examine mon billet et me lance: "Alors vous ne l'avez pas composté à l'aller celui-là?"... "Euh... mais si, la machine qui nous l'a délivré l'a automatiquement composté, c'est marqué là", me défendais-je en lui montrant l'inscription COMPOSTE (sans accent). A nous deux (Julie et moi, pas le contrôleur et moi), on avait l'air de deux margoulins qui essayaient par toutes les manières d'embrouiller ce brave homme qui faisait son travail. Las, il a conclu par un "Bon, d'accord" et s'en est allé vers d'autres poinçonnages, réclamations, explications foireuses et déblocages de portes.
En conclusion - parce qu'il est temps là - je comprends qu'on aime pas vivre à Dunkerque, mais bon faut pas se plaindre. Ceux qui se plaignent ils ont qu'à déménager à Palm Beach ou Davos, par exemple.
Dernière anecdote, dans le train, un contrôleur est passé - comme il est de coutume dans les trains - pour vérifier la validité de nos billets et le bon compostage de ceux-ci. Ca a été un festival pour le brave agent de la SNCF. Julie montre son billet acheté avec un tarif -25 ans, mais elle n'a pas sa carte 12-25 sur elle. Pas grave, c'est un billet pour toutes les personnes ayant moins de 25 ans, donc une simple pièce d'identité suffit. Ok mais elle a 26 ans, ma Julie. "Bon, on va pas chipoter pour 25% de réduction", qu'il dit, le contrôleur (je réitère: ils sont sympas dans le Nord). Mon tour: je montre mon billet de retour. Le contrôleur me dit alors "Par contre, faut le composter avant de monter dans le train, le billet". Certain d'avoir rempli toutes mes obligations de compostage avant de monter dans le wagon, je réfléchis et je me rends compte que j'avais composté le billet aller (avec changement à Hazebrouck). Le digne représentant des cheminots, patient, faut reconnaître, examine mon billet et me lance: "Alors vous ne l'avez pas composté à l'aller celui-là?"... "Euh... mais si, la machine qui nous l'a délivré l'a automatiquement composté, c'est marqué là", me défendais-je en lui montrant l'inscription COMPOSTE (sans accent). A nous deux (Julie et moi, pas le contrôleur et moi), on avait l'air de deux margoulins qui essayaient par toutes les manières d'embrouiller ce brave homme qui faisait son travail. Las, il a conclu par un "Bon, d'accord" et s'en est allé vers d'autres poinçonnages, réclamations, explications foireuses et déblocages de portes.
En conclusion - parce qu'il est temps là - je comprends qu'on aime pas vivre à Dunkerque, mais bon faut pas se plaindre. Ceux qui se plaignent ils ont qu'à déménager à Palm Beach ou Davos, par exemple.
5 commentaires:
Merci pour cette information capitale... qui te permet néanmoins de tenir le rythme d'un post par jour !!!
Ca va, j'avais pas fini d'écrire le billet. Je te mets au défi de tout lire, d'ailleurs. Aaargh, j'écris trop, ça va pas, je vais pas tenir le coup...
Ça y est, j'ai lu le billet en entier. Très intéressant d'ailleurs. Merci de nous faire voyager dans le Noooooooooooooooooord ;-)
C'est pas un défi pour moi de lire tout ça : je te rappelle que j'habite à Moncton où il ne se passe pas grand chose, où il fait froid et où il y a du vent... j'ai toujours le temps de lire et de commenter ;-)
C'est vrai que 2 heures de rédaction de blog par jour... c'est beaucoup !
Mais ne lâche rien, t'es sur la bonne voie !!!
Je ne l'aurais pas mieux conté, ce périple dunkerquois. Le petit poney je l'ai bien brossé, je pense qu'il a apprécié. Tu penseras à lui acheter un scooter quand même.
très bien ce post ! je pourrai développer un peu mais non très bien ce post! quelquefois il faut s'en tenir à l'essentiel , j'ai horreur des gens qui écrivent des lignes entières de considérations qui ne font pas avancer le débat c'est chiant à la longue ! c'est quand même pas compliqué de condenser sa pensée et d'éviter aux autres de subir une véritable diarrhée verbale qui n'à d'autre fonction que...me taire ? oui je peux.
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