mardi 2 juin 2009

Prost! et usque ad mare

Jour 17: Wenatchee, WA – Port Angeles, WA

Kilomètres parcourus: 709

J'ai été réveillé très tôt non pas à cause du décalage horaire, mais par d'insupportables démangeaisons. Elles ont commencé déjà hier, mais elles n'étaient pas très gênantes et je pensais qu'il s'agissait de piqûres de moustiques. Ce matin, cependant, je me suis aperçu que j'ai les bras, les jambes et le cou recouverts de petites bosses avec un petit point au milieu, qui démangent énormément. Puisque ces démangeaisons ne se trouvent que sur les parties du corps qui sont découvertes pendant la nuit, je pense qu'il devait y avoir des puces ou je ne sais quoi dans le lit à Yellowstone. Décidément, cet hôtel ne m'a pas réussi. Heureusement que je ne dors pas complètement à poil !

Malgré la gêne causée par ce problème cutané, cela ne m'a pas empêché de continuer à faire le touriste. A une vingtaine de minutes de Wenachee, se trouve l'un des endroits les plus singuliers au monde. Là, perdu dans la montagne au fin fond des Etats-Unis se trouve Leavenworth, un village... bavarois. Dans les années 60, cette petite ville qui sombrait dans le déclin a décidé de donner un coup de fouet à son économie en opérant une transformation radicale. Les damiers bleu et blanc ont commencé à fleurir, les façades ont été peintes et décorées à la mode germaniques, Welcome a fait place à Wilkommen et 10th street est devenue Festhalle Strasse. Il y a même des gens qui sont vêtus d'habits traditionnels bavarois et tout le monde joue le jeu: les chaînes commerciales comme Subway ou McDonald's se sont donné la peine de faire des enseignes en caractères germaniques entourés d'edelweiss. C'est très déconcertant. On se dit que les gens ont complètement pété un cable dans ce bled, mais je dois avouer que le résultat est, certes un peu kitsch, mais assez réussi, selon moi. Bien sûr, ça n'est pas la Bavière, surtout pas la Bavière contemporaine, et on mélange un peu tout, la Bavière, l'Allemagne, l'Autriche, la Suisse (et même le Liechtenstein), mais Leavenworth peut s'enorgueillir d'un certain charme qui manque à la plupart des villes de la même taille en Amérique du Nord. Je suis reparti de là un peu consterné, mais surtout amusé par les efforts qui ont été déployés pour donner l'illusion d'un village bavarois et tenter de donner un cachet créé de toutes pièces à cette ville.

J'ai repris la route après m'être promené une demie heure dans les rues de Leavenworth, direction l'ouest et l'océan Pacifique. J'ai roulé plusieurs heures à travers un paysage qui, pour une fois, n'avait rien d'exceptionnel, ou peut-être était-ce parce que je me suis lassé? J'ai donc repris l'I-90, puis j'ai rejoint l'Interstate 5 – l'autoroute qui va de la frontière canadienne à la frontière mexicaine, qu'on avait prise avec Thomas, Seb et Yolaine quand nous sommes allés en Californie en décembre 1999 – au sud de Seattle. Depuis que j'ai repris l'autoroute aujourd'hui, la chaussée est très mauvaise, pas du tout régulière et bruyante. Sur l'I-5 à cela s'ajoute la circulation extrêmement dense. Les aires de repos sont très rare au bord des autoroutes américaines, mais de toute la journée je n'en ai même pas vu une seule, donc j'ai continué à rouler, jusqu'à ce que je sorte de l'I-5, pour aller vers l'ouest. Je me suis quand même résolu à sortir de la voie rapide pour aller ravitailler mon réservoir et manger un morceau, puis j'ai cherché un coin tranquille à l'ombre, ce qui n'a pas été chose facile, pour y faire un petit somme dans la voiture.

Ceci fait, j'ai repris la route et je suis sorti à Aberdeen. C'était une erreur de ma part. Selon mon planning, c'est là que je devais faire étape pour la nuit, mais comme il était encore tôt, j'ai préféré m'arrêter plus loin. Je ne me suis pas attardé à Aberdeen, et d'ailleurs je n'ai même pas vu le centre, préférant les embruns de l'océan Pacifique à la ville de naissance de Kurt Cobain. Vers quatre heures, j'ai aperçu depuis la route l'océan Pacifique, et un quart d'heure plus tard, je marchais sur la plage. Il y a 15 jours j'étais à l'autre bout du continent, face à l'océan Atlantique et après avoir traversé quatre provinces canadiennes, dix Etats des Etats-Unis et cinq fuseaux horaires, je suis arrivé à l'autre mer. J'ai pris un moment pour tremper les mains dans l'eau (pas trop froide) et marcher un peu en prenant l'air frais du large, puis je suis reparti à travers la péninsule Olympique, dans l'ouest de l'Etat de Washington, traversant des forêts d'arbre géants sur une route sinueuse où j'étais presque tout seul. Je pense que cela joue beaucoup pour déterminer si une route me plaît ou pas. Si elle est très fréquentée, c'est stressant et on ne profite pas du paysage; si ne croise pas une voiture sur plusieurs kilomètres, c'est beau et reposant, ce qui est souvent le cas en fin de journée sur les route éloignées des centres urbains.

Je me suis arrêté à Port Angeles pour la nuit. J'irai jeter un coup d'oeil à cette petite ville demain, car en la traversant tout à l'heure, elle avait l'air assez charmante. Au loin, on peut voir l'île canadienne de Vancouver, où se trouve la capitale de la Colombie-Britannique, Victoria.

1 commentaire:

Elisa a dit…

Ça y est, tu as touché le Pacifique ! Espèce de star du voyage, va ! La côte atlantique et moi-même te transmettons toutes nos félicitations...