Jour 15: Yellowstone
J'ai tellement pris de photos au cours de ce voyage, et notamment à Yellowstone et dans la montagne, que j'ai dû vider la carte mémoire de 4 Go (!) de mon appareil photo. Heureusement que j'ai pris mon ordinateur avec moi pour transférer régulièrement les photos et les vidéos!
Je pense que j'ai vraiment de la chance. Déjà j'ai la possibilité de faire un voyage comme celui-là, mais en plus le temps est avec moi, en tout cas à Yellowstone: un beau ciel bleu ponctué de nuages blancs moutonneux. Parfait pour les photos. C'est vrai que si le temps avait été moins clément, j'aurais probablement moins apprécié les balades dans la forêt et à travers les geysers.
Je n'avais pas mis de réveil hier soir, certain que les enfants dormant dans la pièce à côté me réveilleraient bien assez tôt, et mon intuition s'est révélée juste. Je suis allé acheter un petit déjeuner tout prêt à la petite supérette du coin et je me suis préparé à partir pour faire une randonnée dans ma zone. La ranger d'hier m'avait promis des chutes d'eau spectaculaires. Cependant, juste au moment où je suis parti, j'ai jugé bon de ne pas faire cette randonnée, car le prospectus prévoyait 5-6 heures et même si je pensais la faire en moins de temps, je voulais avant tout voir les particularités géothermiques des zones de Norris (oui, comme Chuck Norris) et de Old Faithful, cette dernière étant à plus d'une heure de route de là où je loge. J'ai eu un éclair de génie en prenant cette décision, car j'ai quand même bien utilisé mes chaussures et fait travailler mes jambes en visitant ces deux zones, et je suis rentré à l'hôtel à 20h30.
Mon nouveau premier objectif était désormais Norris, qui est la zone ayant la plus forte activité géothermique dans le parc. J'ai suivi la route la plus courte pour m'y rendre, en empruntant parfois des déviations spécialement faites pour passer par un endroit plus scénique, comme le long d'un torrent de montagne au pied d'une falaise. A Norris, il y a un sentier sur caillebotis à suivre, dans un sens ou dans l'autre, pour découvrir les geysers, les sources chaudes, les ruisseaux multicolores, les cheminées de fumée et toutes les autres merveilles. Partout, de la vapeur s'échappe de la terre et des l'on entend de l'eau bouillir quasiment où que l'on soit. J'ai vu le plus grand geyser au monde... enfin j'ai vu où se trouve le plus grand geyser du monde quand il est en forme, parce que l'intervalle entre ses manifestations peut être de plusieurs années. On voyait quand même un peu d'eau projetée en l'air. Il y avait également des puits d'eau couleur lagon tropical entourés de lisérés rouges et jaunes, trahissant la présence des bactéries thermophiles. Merci à elles pour les couleurs. J'ai suivi le chemin comme ça pendant deux bonnes heures, à m'émerveiller devant les paysages et les particularités géothermiques, attendant les manifestations des geysers les plus réguliers, traversant des paysages quasi lunaires aux couleurs de porcelaine. Tout était magnifique. La promenade n'offrait que très peu d'ombre et le soleil implacable a eu raison de ma peau, déjà bien mise à mal par la journée ensoleillée de la veille et, avant ça, de Toronto et de Montréal.
J'ai repris la voiture pour aller en direction de ZE attraction du parc de Yellowstone, le geyser Old Faithful. Je me suis arrêté une ou deux fois peut-être pour prendre des photos des magnifiques paysages de rivière serpentant dans la prairie, en roulant tranquillement pour mieux observer les bisons au bord de la route. Le temps d'arriver à Old Faithful, il était déjà 13h30 et la marche du matin avait bien entamé mon énergie. Je suis donc allé dans un café servant de la « nourriture américaine » et j'en ai profité pour écrire quelques cartes postales et me poser un instant après manger.
J'ai commencé l'exploration de la zone par le symbole du parc de Yellowstone, le phénomène le mieux mis en valeur, avec une allée menant droit à lui, entouré d'une promenade bétonnée équipée de bancs pour mieux l'observer: le geyser Old Faithful. La régularité de ce geyser fait que c'est un spectacle facile à observer. De plus, il projette de l'eau assez haut, à cinq ou six mètres peut-être, ce qui le rend assez impressionnant. Apparemment, la fréquence des manifestations tend à se réduire, à cause de l'évolution de l'activité souterraine, mais je dirais que l'eau est projetée au moins une fois par heure, et probablement plus. Comme des centaines d'autres personnes, j'ai regardé le vieux fidèle faire son show, qui dure trois ou quatre minutes, puis je suis ensuite monté sur la colline d'à côté vers un point d'observation, mais comme je venais de voir l'éruption du geyser, il n'y avait plus rien à voir depuis là-haut. La promenade était toutefois sympathique. J'ai suivi le chemin qui passe par tous les geysers du coin. Apparemment, Yellowstone a la plus forte concentration de geysers au monde. Mais alors il lui reste quoi, à l'Islande ?
Là encore, en suivant ce chemin, j'ai vu des couleurs incroyables, des phénomènes impressionnants, des cheminées siffler, des trous d'eau dans lesquels on voudrait plonger tellement l'eau est bleue, en gros, il y avait matière à l'exaltation. En fait, j'ai vu aujourd'hui des dizaines de geysers, de sources, de puits d'eau chaude, parfois très similaires, mais à chaque fois je ne pouvais pas m'empêcher de marmonner « Waaaah, c'est beauuu ». Le risque, c'est d'être blasé à force. On voit dans ce parc des paysages et des phénomènes tellement extraordinaires qu'on ne fait même plus attention aux banales chutes d'eau ou aux petits geysers.
Sur le chemin, j'ai commencé à entendre gronder le tonnerre. Au loin, au nord, le ciel s'assombrissait et on voyait qu'il pleuvait. Le vent s'est mis à souffler très fort. D'un côté j'étais content que le soleil s'arrête de faire des cloques dans ma nuque, mais d'un autre, il commençait à faire assez froid. J'avais un pull – mon inséparable gilet noir – et une veste, mais malin comme je suis, j'avais laissé le tout dans la voiture. Heureusement, les fumerolles qui s'échappaient des sources chaudes et des geysers me réchauffaient. Je savais qu'il allait pleuvoir, mais je voulais continuer à voir les geysers, alors j'ai pressé le pas et quand il s'est mis à pleuvoir fort, j'ai couru me réfugier dans des toilettes, seul endroit en dur où s'abriter. J'ai attendu là un petit quart d'heure, sortant de temps en temps pour voir si je pouvais supporter la pluie, et allant voir, tout proche, la source Morning Glory, un autre symbole du parc. Il s'agit d'un trou rempli d'une eau d'un bleu intense, comme souvent auréolé de rouge et de jaune. La bêtise fait que ce phénomène court un risque, car les gens y jettent depuis des années des pièces, leurs déchets ou des pierres, ce qui a eu pour résultat de bloquer les canalisations, mettant en péril l'équilibre qui donne ce résultat si magnifique.
Lorsque la pluie s'est calmée j'ai poursuivi mon chemin jusqu'à d'autres bassins de geysers, offrant aux yeux des phénomènes tout aussi spectaculaires, puis je suis revenu à la voiture, après avoir marché en tout certainement plus de trois heures. Ce matin, j'avais largement surestimé le temps dont je disposais, car je comptais faire tout ce que j'ai fait, mais aussi faire la randonnée près de chez moi et rentrer à l'hôtel en prenant le bout de la route de Yellowstone que je n'avais pas encore empruntée. Or quand je suis arrivé à la voiture, il était déjà 19h30, et il y avait plus d'une heure pour retourner jusqu'à Mammoth Hot Springs par la route la plus directe. J'ai donc renoncé à retourner voir le lac Yellowstone et j'ai repris la route directe.
En arrivant à pied de retour de ma longue promenade dans la zone de Old Faithful, j'ai croisé un type – à moitié édenté qui sortait d'une voiture immatriculée PEGGY – qui me demande où sont les bisons. Je lui réponds qu'ils sont partout, mais pas trop à proximité des geysers, surtout quand il y a des gens, même si on voit qu'ils ont laissé leurs bouses. Lui me dit que ça fait trois jours qu'il est là et qu'il n'en a pas vu un. Là dans ma tête je me dis qu'il est bizarre, ce type, parce que moi, à chaque fois que je prends la voiture, j'en vois soit dans la prairie, soit même au bord de la route. Sur le chemin du retour, j'ai repensé à ce qu'il m'avait dit, estimant que, décidément, il était pas normal, parce que des bisons, il y en a partout. En une heure, j'ai même été arrêté deux fois par des troupeaux de bisons marchant sur la route, occupant la chaussée en maîtres absolus des lieux.
Je suis passé à ma chambre juste le temps de me changer et de prendre le nécessaire pour descendre « en ville », à Gardiner, le bled qui se trouve juste à la sortie nord du parc, où je suis allé hier. On m'avait dit qu'il y avait une laverie là et donc j'ai tenté ma chance, malgré l'heure. Au pire ce serait toujours l'occasion de manger et de boire un coup dans un bar. Il y a deux laveries à Gardiner et les deux fermaient visiblement assez tard pour que je puisse faire ma lessive, mais il était quand même 21h00 passées et il me restait peu de temps pour faire le lavage et le séchage avant 22h et la fermeture. J'ai réussi à tout faire, même si j'aurais pu faire un séchage plus long (pourtant, personne n'est venu fermer la boutique), puis je suis allé manger dans un bar à côté. J'ai commandé une pizza moyenne, mais j'avais oublié qu'en Amérique, tout est plus grand. A la fin de ma première part, j'ai constaté que ce n'était que ma première part. J'étais idéalement assis, en face de la télé qui diffusait un concours de rodéo. Je regardais ça, fasciné, en écoutant la musique country qu'on passait dans le bar (et une petite Américaine à la voix nasillarde qui parlait un peu trop fort, comme beaucoup d'Américains). J'étais près de l'entrée, et je me suis marré en voyant sortir du bar un vieux accompagné d'une vieille bimbo bourrée, tous deux coiffés d'un stetson, pour se diriger vers le pick-up du vieux. Pour le coup, j'ai un une sacrée bouffée d'Amérique d'un seul coup.
Avant de retourner à mon hôtel déprimant, je me suis arrêté devant le magasin de souvenirs d'hier où je m'étais connecté à Internet. Le réseau wi-fi marchait toujours alors j'ai passé au moins une heure dans la voiture à m'occuper de mon blog. Je n'étais pas le seul à avoir eu cette idée. Un type était assis avec son ordinateur sur la terrasse à côté.
1 commentaire:
Ah ! Ben voilà mon feuilleton quotidien... J'étais en manque, moi ;-)
Quelques observations : grâce à tout ce soleil, il sera plus que jamais inimaginable de te raser sous peine d'être totalement bicolore... Ce qui pourrait être un style, après tout !
L'Islande est décidément en chute libre ! Après la banqueroute, voilà qu'elle se fait détrôner par Yellowstone pour les geysers... Cette crise est vraiment terrible !
Pour parachever ton expérience de l'Amérique, je pense que c'est toi qui aurais dû faire du rodéo... J'dis ça, j'dis rien.
Voilà, je vais arrêter les dégâts ! Ouais, je sais, je suis en forme... Certainement parce que je n'ai pas très envie de traduire là, tout de suite !
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