mardi 27 décembre 2011

La baie d'Halong: bien plus qu'un nom de restaurant vietnamien

20 - 21 décembre

Le train est arrivé avec un peu de retard, ce qui nous a permis de dormir quelques minutes de plus. Je me suis réveillé – ou j'ai été réveillé, je ne sais pas – à 5h00 et, peu de temps après, le train arrivait à son terminus, Hanoi. À l'origine, je pensais aller directement à l'hôtel pour poser mes affaires et repartir explorer la ville, mais comme l'un de mes objectifs dans le Nord c'était de voir la baie d'Halong en y passant une nuit, je me suis dit: autant le faire tout de suite si possible. Il était très tôt et je n'espérais pas trouver une agence de voyage ouverte à 6h00 du matin, alors j'ai traîné un peu dans la gare; vraiment très peu de temps car tous les occupants de la salle d'attente se sont fait jeter comme des malpropres pour une raison indéterminée, peut être pour faciliter le nettoyage de la salle. J'ai ignoré la kyrielle de taxis qui voulaient m'emmener à l'adresse de mon choix, car je n'avais pas d'adresse déterminée à leur donner, et je suis allé à pied avec mes affaires sur le dos dans le centre. Il faisait encore nuit mais la ville était déjà en effervescence: comme dans la chanson de Jacques Duc Trung, « Il est 5h00, Hanoi s'éveille ». Partout le long des rues, des marmites fumaient et des gens mangeaient leur soupe de nouilles autour de petites tables en plastique, les porteuses de fruits ou de beignets commençaient déjà à s'affairer, des gens se tenaient sur le pas de leur porte pour faire leur gymnastique et la circulation était déjà animée.

J'ai voulu rendre visite à Hien, la Vietnamienne que j'avais croisée à l'arrivée sur l'île de Phu Quoc et qui travaillait pour une agence de voyage à Hanoi, mais dommage pour elle, son agence était fermée, alors je me suis rendu à la fidèle TheSinhTourist (formerly well known as The Sinh Café), qui elle était ouverte et qui a même pu me réserver une place pour le jour même sur un bateau dans la baie d'Halong. Il me restait une heure et demie avant le départ du bus pour la Baie alors j'ai traversé la rue et je suis allé réserver une chambre dans un hôtel dont je me rappelais avoir vu le nom dans le guide du Routard. Ensuite, je me suis promené dans les rues d'Hanoi sans trop m'éloigner de l'agence de voyage, observant la ville se mettre en route et me mêlant aux gens à une petite table en plastique sur un trottoir pour prendre un petit déjeuner de soupe de nouilles avec eux.

En attendant le bus à l'agence, j'ai causé quelques minutes avec un Français qui voyageait pendant deux mois dans la région et qui m'a dit que j'allais adorer la baie d'Halong. Puis le bus est arrivé, il a fait deux ou trois fois le tour de la ville pour récupérer tous les touristes dans les hôtels, puis nous sommes partis direction Haiphong. Si dans Hanoi j'ai croisé de nombreux occidentaux, dans le bus j'ai été vite dépaysé: j'étais le seul Blanc. J'étais accompagné de plusieurs touristes du Vietnam, des Hongkonguistes, des Singapourois, des Chiniennes et une Empiredusoleillevantienne, je crois. Le trajet a duré près de quatre heures, par des routes cahoteuses et dans une position inconfortable, ce qui ne m'a pas empêché de finir un peu ma nuit. Un arrêt était prévu à mi-parcours à peu près, où on nous a largement donné la possibilité d'acheter des objets artisanaux et même des sculptures en marbre de plusieurs tonnes. Une heure et demie plus tard, nous sommes arrivés au port de Haiphong. Nous avons embarqué dans un petit bateau qui nous a amenés à un bateau plus grand, très beau. On nous a servi une boisson d'accueil puis avant qu'on nous apporte le repas, un autre groupe est arrivé, avec notamment un couple retraité de Canadiens voyageurs de Colombie-Britannique. Au début, je me suis assis avec les deux Chinoises mais elles n'étaient pas bien disposées à parler anglais. Le couple de Canadiens s'est assis à côté de moi aussi et ils étaient très sympas et très jeunes dans leur tête mais comme j'étais le seul type tout seul et que la place était limitée dans la salle à manger, il a fallu me caler avec un groupe de trois pour combler les tables. Je me suis retrouvé avec trois Singapouriens et deux Hongkongais. Le petit couple hongkongais était assez cool, jeune, branché, mais alors le type mangeait vraiment comme un Chinois: il faisait le moins d'efforts possibles avec sa fourchette. Pour amener la nourriture dans son estomac, il se courbait au plus près de l'assiette, poussait un peu la nourriture avec sa fourchette, et l'aspiration faisait le reste. C'était un spectacle affreux et fascinant à la fois.

Pendant ce temps, le bateau s'était approché d'une de ces fameuses formations rocheuses qui sortent de la mer. Nous avons eu quelques minutes pour observer le paysage depuis le pont supérieur, nous changer ou nous reposer, puis le petit bateau est venu nous amener au pied de l'énorme rocher le plus proche. Là nous avons visité une grotte naturelle impressionnante, extrêmement volumineuse et remplie de formations calcaires des plus extravagantes, où chacun pouvait y voir ce que son imagination lui laissait voir. Nous sommes retournés au gros bateau, qui s'est avancé un peu plus dans un dédale de pains de sucre surgissant de l'eau. Sur le pont d'observation, j'ai discuté un peu avec deux cousines d'origine sri-lankaise, l'une vivant en Australie et l'autre au Canada, très gentilles, très charmantes. Ensuite, on nous a amenés dans un village flottant situé au pied d'un rocher, où l'on a pu faire le tour du rocher en kayak. J'ai pagayé avec une des Singapouriennes et on s'est pas trop mal débrouillés. Tellement qu'on était bons, on a voulu profiter des 45 minutes qui nous étaient allouées pour faire le tour d'un autre rocher, un peu plus loin, mais comme tous les autres pagayeurs retournaient au village flottant, nous avons fait demi-tour, manquant de nous faire renverser par un bateau à moteur. Retour au bateau pour prendre une douche bien méritée. J'ai de la chance, à l'agence de voyage, on m'a demandé si je voulais prendre une chambre double que je risquais de partager avec un autre voyageur solitaire ou payer un supplément pour avoir la chambre pour moi tout seul. J'ai économisé quelques dongs en prenant le risque de me retrouver avec un quelqu'un de plus dérangé et malodorant que moi mais personne n'est venu occuper le lit à côté. Donc je suis peinard dans ma jolie petite chambre de bateau et j'ai pu profiter des quelques gouttes d'eau chaudes qu'on a daigné nous offrir.

Habillé un peu plus chaudement pour passer la soirée en mer, je suis sorti sur le pont supérieur prendre quelques photos pendant qu'il faisait encore jour. Là la famille chinoise et les Singapouriens discutaient avec un Québécois et rigolaient beaucoup. J'ai un peu suivi la conversation puis après j'ai discuté avec lui en français. Un type sympa, qui voyage avec sa copine pendant deux mois en Asie du Sud-Est. Quand je me suis relevé du transat je me suis aperçu que j'avais une fesse toute mouillée à cause du matelas qui était posé dessus, donc je suis retourné dans ma cabine me sécher et commencer le récit de ma journée en attendant l'heure du repas, ce qui m'a permis de faire la connaissance de mes colocataires: les cafards. Je viens d'en éclater un mais je sais qu'ils sont encore nombreux et attendent que je m'endorme pour me courir dessus avec leurs petites pattes dégueulasses.

Le repas du soir était copieux: riz blanc, poulpe, tofu, crabe, un truc frit indéterminé, nêms, concombres. Appréciable. À la fin du repas, le guide nous a fait un topo du programme du lendemain pour chaque groupe selon la formule choisie puis nous a invités à choisir une activité pour la soirée. J'étais tenté par la pêche au poulpe, mais c'est vrai que ça risquait d'être ennuyeux d'attendre pendant des heures que ça morde. D'ailleurs Jackie, le guide, un type bien jovial, nous en a dissuadé, mais j'ai compris pourquoi après: la pêche se faisait avec le personnel, or le personnel allait manger après nous pendant les activités. [Erratum: la pêche au poulpe a bien eu lieu mais je ne m'en suis pas rendu compte] Donc c'est le karaoké qui l'a emporté. Les Sri-lankaises étaient super motivées, tout comme plusieurs Asiatiques. J'ai mis du temps à me lancer mais je l'ai fait. Je ne me suis pas trop mal débrouillé sur YMCA, et j'ai bien fait de choisir cette chanson, ça changeait de la soupe vietnamienne ennuyeuse qu'ils n'arrêtaient pas de passer, en revanche, j'aurais dû réfléchir à deux fois quand Thriller a commencé, que personne ne savait qui avait commandé la chanson et que je me suis porté volontaire. C'était une catastrophe, mais pour ma défense, c'est beaucoup plus difficile qu'il n'y paraît. En plus, le micro fonctionnait mal, donc j'avais tout contre moi.

Faute d'autres morceaux entraînants et las des chansons vietnamiennes, je suis parti me coucher juste après le départ des Sri-lankaises, qui avaient elles-mêmes emboîté le pas au couple canadien. Les chansons ont cessé quelques minutes après, probablement par manque de public.

La deuxième journée dans la baie d'Halong a été consacrée à se faire trimballer. Après le petit déjeuner, nous avons été séparés en groupes, l'un partait sur l'île de Cat Ba, un autre passait la journée à faire du kayak et nous autres, on nous ramenait sur la terre ferme. Je n'ai même pas pu dire au revoir aux sympathiques retraités canadiens ni aux jolies cousines sri-lankaises, mais pendant que le bateau rentrait à Haiphong, quittant lentement le paysage somptueux de la baie d'Halong, j'ai sympathisé avec le couple de Québécois, Véronique et Sylvain, vraiment très cool. Nous avons discuté pendant un bon moment sur le pont supérieur, rejoints par le père de famille américain d'origine vietnamienne qui voyage avec son épouse thaïlandaise et sa fille, une vraie Californienne, elle (oui je sais, c'est difficile à suivre).

Nous sommes arrivés vers midi au port et on nous a servi à manger dans un établissement qui tenait plus de la cantine que du restaurant gastronomique. Le cadre était assez vilain, le service impersonnel et la nourriture quelconque. Mais c'était l'arrêt obligatoire pour tous les groupes en transit entre la Baie et Hanoï. Puis nous sommes rentrés à la capitale par minibus. Je me suis calé au fond avec les Québécois et on a bavardé pendant les trois heures de trajet. À mi-chemin, c'est la tradition, nous avons fait une halte dans un grand supermarché pour touristes, et le pire, c'est que ça marche, parce qu'à l'aller comme au retour, j'ai acheté un truc. À l'approche d’Hanoï, la circulation se faisait plus dense et la nuit commençait à tomber. Le minibus a entamé un tour des hôtels pour déposer les différents groupes et mes compagnons d'outre-Atlantique sont descendus en premier. Nous nous sommes salués mutuellement dans la précipitation et puis ce fut mon tour de quitter l'autobus. Après un petit moment d’errements et de consultation de carte, j'ai retrouvé le chemin de l'hôtel, où j'ai pris mes aises quelques minutes avant de redescendre pour mettre quelque chose dans mon estomac. Le choix était tout trouvé, car Sylvain m'avait conseillé d'aller au Little Hanoi, qui se trouve à deux pas de mon hôtel. Le resto était complet, enfin quasi-complet, car j'ai accepté de m'asseoir à la même table qu'un Vietnamien qui prenait son repas seul aussi. Comme les tables étaient très serrées, je me suis retrouvé à côté de deux jeunes voyageuses danoises qui venaient d'arriver au Vietnam mais qui étaient en Asie depuis un mois je crois et qui avaient prévu de sillonner la région pendant six mois au total. On a un peu causé, échangé nos impressions et puis, ayant bien mangé, je suis parti me perdre dans les rues du centre-ville, passant par la rue des savetiers, la rue des pierres funéraires, la rue des autels votifs et je ne sais quelles autres rues plus ou moins spécialisées.

Fatigué de devoir constamment éviter les scooters, les énormes voitures, les autres piétons, les vendeuses ambulantes avec leur balancier, les ordures, etc., je suis rentré retrouver les bras de Morphée dans mon hôtel.

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