Avant de partir en voyage, j'ai dit à mon chef que j'irais à Vancouver et celui-ci a réagi en disant « Ah, c'est à Vancouver que pour la première fois, je me suis senti Européen », dans cette ville qui a à peine plus d'un siècle, donc pour ainsi dire, sans histoire. Mais si la ville elle-même n'a pas un passé très rempli, elle a une histoire pour moi qui y ai habité une courte année, et c'est cettte histoire que j'ai essayé de retrouver en sillonnant Vancouver aujourd'hui.
Pour ne pas faire tout Vancouver à pied, j'ai loué un vélo ce matin à l'auberge. Equipé de la bicyclette, du cadenas (recommandé, Vancouver est une des villes où il y a le plus de vols de vélos au Canada) et du casque (obligatoire en Colombie-Britannique), je suis parti du centre-ville pour aller sur le campus de l'Université de Colombie-Britannique (UBC), où j'ai passé le plus clair de mon temps pendant mon année à Vancouver. Avant de partir, j'avais demandé au gars de la réception de l'auberge combien de temps il fallait pour y aller à vélo et il m'avait répondu moins d'une heure, mais il y a une grosse côte. J'avais dû faire le trajet il y a neuf ans, quand j'avais un VTT, avant qu'un Allemand à vélo ne rentre dans ma roue avant et la voile. Ca c'est un des rares souvenirs que j'ai de Vancouver. Toujours est-il que je me rappelais comment aller à UBC depuis le centre, mais pas exactement combien de temps cela prenait. Le réceptionniste avait vu juste et il ne l'avait pas fumée, la côte. J'ai peiné, j'ai poussé sur les pédales, j'ai haleté, j'ai sué, mais j'y suis parvenu. Et après la côte, le campus.
J'ai été un peu déçu à mon arrivée sur le campus. Je pensais prendre des bouffées de souvenirs, mais j'avais parfois peine à me repérer, et les bâtiments et les lieux ne me semblaient pas si familiers. Le premier bâtiment que j'ai reconnu, c'est la bibliothèque, puis l'ancienne bibliothèque, qui, me semble-t-il, a bien changé. D'après mes souvenirs, c'était l'un des seuls bâtiments en pierre, qui ressemblait à un château et qui était parfois utilisé comme décor pour les séries et les films dont l'action est censée se dérouler en Grande-Bretagne; or là seule le bâtiment de l'entrée était resté tel quel et les ailes étaient de style plus récent. Mais je le répète, peut-être cela a toujours été ainsi. J'ai reconnu également le Student union building, du moins d'extérieur, mais à l'intérieur cela ne m'évoquait pas grand chose. Au sous-sol j'ai retrouvé le Pit Pub, où j'allais parfois danser et boire des bières à l'époque, et la cafeteria, où j'ai travaillé pendant mon deuxième semestre, essentiellement en tant que plongeur, mais sur la fin pour le Subway. A l'extérieur, j'ai reconnu la piscine, où j'aimais bien aller au sauna et au hammam. En revanche, j'avais peine à retrouver les bâtiments où j'avais cours, mais je crois que c'est parce qu'ils étaient en travaux.
Je me suis ensuite dirigé, toujours sur le campus, vers le « village », un ensemble de quelques commerces alignés, dont une pharmacie, un dépanneur alimentaire, une banque, un coiffeur et des petits restaurants rapides. Ca, c'est la description qu'on aurait pu en faire il y a neuf ans, or des immeubles d'habitation ont été construits derrière, avec des commerces au rez-de-chaussée, créant ainsi un vrai petit quartier commercial. J'ai emprunté la rue qui mène à Fairview Crescent, la résidence où j'habitais, mais je ne la reconnaissais absolument pas. J'ai même eu l'impression de m'être trompé de rue: les maisons qui, dans mon souvenir, bordaient la rue et abritaient des fraternités et des sororités ont été détruites et ont fait place à des immeubles d'habitation tout neufs et tout propres. Et puis juste au moment où je commençais à douter, j'ai vu l'entrée de la résidence, et là ça m'a fait un petit choc émotionnel. Pour le coup, là, rien n'a changé. Les petites maisons sont toujours là, et le café aussi. Je ne me souvenais plus exactement à quel numéro j'habitais. J'ai bien retrouvé l'entrée, mais je ne savais plus laquelle des trois portes était chez moi. J'ai fait le tour et j'ai reconnu la sortie de derrière, qui donne sur un petit parc avec un barbecue. Je me suis rendu à la réception de la résidence et j'ai demandé à la réceptionniste si elle avait dans ses fichiers des données concernant les anciens résidents, pour savoir mon numéro d'appartement. Visiblement, c'était la première fois qu'on lui adressait une telle requête car elle n'était pas sure de pouvoir faire ça, mais elle a retrouvé le numéro avec mon nom, en me demandant tout de même une pièce d'identité. Je suis retourné à mon ancien chez moi et j'ai sonné à la porte. Je ne savais pas bien ce que j'allais dire ou faire, peut-être demander à voir le salon et éventuellement ma chambre si c'était possible, mais personne n'a répondu et je n'ai pas insisté. J'ai quand même interpellé une jeune étudiante pour qu'elle me prenne en photo devant mon entrée. Evidemment, c'est pas commun comme demande, mais je lui ai expliqué mes raisons nostalgiques et elle s''est exécutée avec plaisir.
J'ai refait un tour sur le campus, sans trouver les courts de tennis où Sean et moi avions l'habitude de jouer le week-end, ni la maison internationale, où les étudiants en échange et étrangers en général venaient boire des coups ou occasionnellement faire la fête. J'ai demandé mon chemin à plusieurs reprises, mais même l'employé du campus que j'ai arrêté n'a pas su me dire. Je soupçonnais un destin tragique pour la maison internationale où Flo et moi avons gagné haut la main un premier prix de déguisement pour la fête d'Halloween.
Je suis ensuite retourné au « Village »,où je suis descendu à la petite food fair en espérant retrouver le petit resto japonais auquel j'avais l'habitude d'acheter un menu de sushis, tempuras et boeuf teriyaki et les cuisiniers et la caissière m'ont trouvé très bizarre quand j'ai demandé si cet établissement était déjà là il y a neuf ans. Je n'ai pas eu de réponse concrète, car ils n'étaient qu'employés et pas forcément très anglophones, mais j'ai estimé que c'était le même restaurant et je leur ai pris un menu qui ressemblait à ce que je prenais pas le passé.
Après avoir laissé le vélo plus haut, je me suis brièvement mêlé aux étudiants habillés pour la célébration de leur remise de diplôme, puis je suis passé par le musée d'anthropologie pour descendre sur la plage. Le jour où nous sommes arrivés sur le campus avec Yolaine, qui m'accompagnait depuis la France, la première chose que nous avons faite, c'est de descendre la falaise et d'aller voir la mer. Quelle ne fut pas notre surprise quand nous avons constaté que les gens ne portaient pas forcément de maillot de bain! En fait Wreck Beach est une plage nudiste réputée de Vancouver, juste au pied du campus de UBC. J'ai donc descendu les nombreuses marches qui permettent d'accéder à la plage, j'ai marché quelques centaines de mètres sur les galets et le sable sans trop faire le voyeur, puis je suis remonté par d'autres marches, ce qui constitua un bon exercice pour les cuisses.
J'ai marché un peu pour rejoindre mon vélo et j'ai retrouvé par hasard la maison internationale. J'en étais seulement à une rue un peu plus tôt. Enfin, j'ai chevauché ma bicyclette et je suis parti du campus avec un léger pincement au coeur.
Si le trajet aller a été laborieux à cause de la pente, le retour, lui, a été beaucoup plus marrant, la dure côte devenant une belle pente permettant d'avoir le visage rafraîchi par le vent. J'ai emprunté dès que possible le sentier qui longe la côte en passant par la plage de Kitsilano, l'île de Granville, faisant tout le tour de la baie pour rejoindre le centre-ville puis le parc Stanley. Cela m'a permis de passer par des endroits où je n'étais presque jamais allé. Le sentier est très bien aménagé et plutôt varié. On passe à côté de marinas, le long de parcs où se prélassent les gens en bas des tours d'habitation, on traverse des zones branchées, etc. J'ai fait le tour du parc Stanley, pensant pouvoir également longer la côte, mais – je l'ai compris un peu tard – la circulation pour les vélos sur ce chemin ne se fait que dans un seul sens. J'ai donc dû refaire travailler mes jambes en rentrant à l'intérieur du parc, qui est plus en altitude. Mais c'est bien, ça m'a permis de voir autre chose et de rester à l'ombre des grands arbres de la forêt.
Le tour du parc terminé, je suis arrivé à Canada Place, un des symboles de Vancouver, qui n'a pas vraiment un grand intérêt pour le touriste. C'est là que s'achevait la piste de promenade le long de la côte. J'ai quand même continué mon exploration de la ville en allant à Gastown, le quartier dit « historique » de la ville, avec sa rue pavée, ses boutiques et son horloge à vapeur. Puis j'ai emprunté une rue glauquissime de marginaux pour rejoindre le quartier chinois. A peine sorti de Gastown, les gens avaient en effet tous l'air bizarres, parlant tout seul, tirant des caddies remplis de bric et de broc. Ils étaient tous réunis là. J'ai remonté la rue du quartier chinois, pas particulièrement animé, mais c'est vrai qu'il y avait des devantures écrites en chinois; ceci dit, presque partout à Vancouver il y a des magasins chinois et asiatiques en général. D'après mes souvenirs, il y a en effet au moins 30% d'Asiatiques à Vancouver.
Vers 20h, je suis revenu à l'auberge rendre, fourbu, ma monture de la journée, après avoir terminé par un dernier petit tour dans quelques rues du centre-ville. J'ai pris une douche pour me remettre des kilomètres de cyclisme, puis je suis ressorti manger des sushis (je profite de mon court séjour à Vancouver pour manger d'excellents sushis). La réceptionniste de l'auberge m'a conseillé un restaurant à volonté où l'on mange japonais et barbecue coréen. J'ai bien aimé. Comme je n'avais pas fait assez de sport, j'ai encore marché une heure dans le centre, profitant de l'animation et du beau temps, ce qui n'était pas gagné d'avance, Vancouver étant connue pour son climat pluvieux toute l'année. Enfin, je suis rentré à l'auberge pour m'endormir sur ce récit.
3 commentaires:
Yellow! Il fait envie cet océan mazette. Soigne tes puces et bon sport, espèce d'acharné.
Bisous
En vrac :
- T'es pas allé manger au Subway ? Etonnant !
- Alors comme ça, la cousine Korean, elle était bonne ?
- T'as vu un inukshuk... chuis à nouveau jalouse.
- Sportif, va !
Héhé, ben le Subway je me le suis fait à l'aéroport de Montréal le premier jour, pour me venger d'avoir raté l'avion. La cousine Korean, c'est pas celle-la que j'ai bouffé, parce que c'est contre ma religion de manger autre chose que du poulet chez une cousine, Korean ou pas. J'ai vu un inukshuk, même plusieurs, et un énorme raton-laveur qui courait après des gens qui mangeaient une crème glacée. Mais j'ai oublié de le dire. Et enfin, oui, sportif, mais je me suis ratrappé aujourd'hui en me remettant au tourisme à l'américaine, en bagnole. Eh ben d'ailleurs c'était nul!
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