dimanche 10 mai 2009

Istanbul - Jour 1

Mercredi 22 avril 2009

Vol LH3354, quelque part entre Munich et Istanbul, 20h10

Voilà cinq heures que le voyage a commencé et ce n'est que dans deux heures que Julie et moi arriverons à destination. Julie lit un livre à côté de moi (place 23E), celui qu'elle m'avait offert à mon anniversaire (Syngué sabour), et moi, en attendant qu'on vienne nous servir le repas – j'ai perpétuellement faim quand je voyage, sans doute un genre de réflexe pavlovien voyage=loisir=bouffe – j'ai réussi à me motiver pour commencer à raconter ce voyage.

Bon, effectivement, je n'ai pas grand chose à dire, étant donné qu'on n'est même pas encore arrivé en Turquie, mais considérons qu'il s'agit là d'une amorce de récit qui ne demandera qu'à être complété.

Parlons donc pour commencer de la genèse de ce voyage. Julie et moi, qui ne nous voyons pas souvent, avons décidé en début d'année de nous faire un voyage ensemble rien que tous les deux.

Pause repas, tortellini aux quatre fromages, pas terrible

Nous avons évoqué plusieurs destinations, notamment Budapest, Athènes et Istanbul. Julie voulait juste du dépaysement avec une touche de culture, et moi du dépaysement vers le sud avec du soleil. Comme nous n'avons pas réussi à prendre une décision et que l'anniversaire de Julie approchait, j'ai pris les chose en main et décidé de lui offrir un voyage et de lui faire la surprise du lieu d'arrivée. D'aucuns diront que je n'ai aucune imagination, vu que c'est ce que j'ai fait l'année dernière en lui offrant un long week-end à Gênes, mais c'est la seule manière que j'ai trouvée de voyager avec ma copine. J'ai donc étudié toutes les destinations abordables pour deux personnes et pas trop loin pour pouvoir partir quatre jours.

Le choix d'Istanbul me semblait intéressant, pas seulement parce que j'aime les kebabs, mais parce que j'ai entendu beaucoup de bien de cette ville et que la Turquie est un pays qui m'attire. En faisant mes recherches pour y aller dans les meilleures conditions, j'ai trouvé un vol qui partait le soir de Genève, parfait pour prendre l'avion juste en sortant du travail, et qui revenait très tôt le matin, ce qui permettait de passer quatre jours entiers sur place et d'arriver à Genève (presque) à l'heure pour le boulot. Ainsi, j'ai acheté les billets, en ayant pris soin de vérifier que Julie était disponible à ces dates là. Le plan était trop parfait.

Trop parfait, car c'était sans compter les aléas de la crise économique et des économies que les compagnies aériennes tentent de faire par tous les moyens, notamment en annulant des vols. Un bel après-midi, quelques semaines avant le départ, je reçois un courriel de Swiss m'indiquant que mon vol aller pour Istanbul avait été annulé et qu'on nous avait mis sur un trajet Genève-Zurich, Zurich-Istanbul qui partait à 11h00 le même jour. Autant dire que je n'étais pas content de ce développement, car cela m'obligeait à sacrifier un autre jour de congé. J'ai appelé la compagnie aérienne et un jeune homme un peu désolé m'a expliqué que c'était comme ça et que si je ne voulais pas prendre un jour de congé supplémentaire, il fallait que je parte le lendemain. J'ai raccroché après lui avoir grommelé ce que je pensais de leur annulation de vol, sans avoir pris de décision. J'avais en effet décidé de me laisser quelques jours pour réfléchir à ce que j'allais faire :

1- avoir encore quatre jours complets à Istanbul, mais en prenant un jour de congé supplémentaire, ou

2- ne pas prendre de jour de congé supplémentaire, mais réduire le week-end à trois jours.

Et puis la situation s'est résolue d'elle-même. Le dimanche de Pâques, c'est-à-dire deux semaines environ avant le jour du départ, un agent de Swiss m'appelle pour me demander si je confirmais mon changement de réservation pour partir à 11h00. Je lui ai redit que ça m'ennuyait parce que mes plans étaient tout bouleversés et ayant prononcé quelques paroles de compassion, il s'exclame qu'il a peut-être une solution pour moi : un vol au départ de Genève à 16h55 avec changement à Munich. Déjà je pouvais réduire ma prise de congés à une demie-journée et en y réfléchissant bien, je n'étais même pas obligé de prendre l'après-midi de congé, je pouvais venir travailler deux heures et rattraper les heures restantes d'autres jours. J'ai donné mon accord au sympathique agent de Swiss et je terminais mon week-end de Pâques la conscience tranquille.

Jusqu'à l'enregistrement de nos bagages – en fait notre bagage –, Julie ignorait où nous allions partir. Bien sûr, elle s'en doutait, puisque c'était une ville que nous avions évoquée lors de nos projets originels de voyage, mais elle hésitait avec Budapest et son père pensait, lui, que je l'emmenais en Tunisie. J'ai essayé de la mettre sur la mauvaise voie en parlant de trajet en voiture, de neige, de Scandinavie et de sirtaki, mais elle n'était pas dupe, la Juju (en même temps, mes soi-disant indices étaient vraiment gros). Elle m'a l'air contente de mon choix, et j'espère que ni elle ni moi ne serons déçus.

De mon côté, outre mes déboires avec les compagnies aériennes, j'apprends en cachette depuis un mois le turc. Je suis allé à la FNAC de Balexert et j'ai acheté une méthode Assimil. Evidemment, je n'ai pas eu tous les jours la même motivation à faire ma leçon quotidienne, mais je m'y suis tenu tant bien que mal et je suis arrivé jusqu'à la leçon 35, soit à peu près la moitié du livre. Je ne sais pas si ce me sera utile à Istanbul, mais j'ai trouvé que cette langue était extrêmement intéressante et j'aimerais avoir l'occasion de l'apprendre plus en profondeur. Peut-être en la pratiquant à l'occasion d'un voyage prolongé en Turquie ?

Alors que tout était bien planifié pour le départ, nous n'avons évidemment pas pu échapper à quelques contretemps (sinon ça serait pas drôle). J'avais prévu de travailler jusqu'à 15h00 pour pouvoir arriver à l'aéroport à temps. C'est à côté, j'avais vérifié les horaires de bus, il faut 10 minutes : pas de problème. Julie devait me rejoindre à mon boulot pour que nous puissions partir ensemble. Premier coup de fil le matin de Julie: « Euh, je ne mangerai pas avec toi, il me faut un peu plus de temps ». Ok, pas de souci. Je lui envoie un SMS l'après-midi pour lui dire à quelle heure est le dernier bus qu'elle peut prendre pour arriver à l'heure à mon boulot. Réponse : « No problemo, je pars maintenant ». Puis coup de fil quelques minutes plus tard : « Ca va pas, le bus n'est toujours pas là ». Ah bon ? ça risque de poser problème alors. Finalement elle n'est pas venue jusqu'à mon travail, mais on s'est retrouvés un peu plus loin et on est arrivés largement à l'heure à l'aéroport.

L'embarquement s'est fait plus tard que prévu, mais nous sommes arrivés à l'heure. C'est sans doute dû au fait que nous nous étions mis tous les deux en mode vacance, mais nous étions tous les deux largués au niveau de l'heure. Sans montre tous les deux, nous n'avions aucune idée du temps qui passait. A l'aéroport de Munich – un bel et grand aéroport moderne – nous n'avons pas attendu très longtemps, juste le temps de faire le tour des boutiques à souvenirs kitsch et de passer le contrôle des passeports. Cela m'a d'ailleurs surpris parce qu'il était particulièrement long et qu'en principe on restait dans la zone de transit. Le douanier faisait une vérification beaucoup plus longue que d'habitude pour chacun des passagers. Ce qui m'as surpris également, c'est qu'il n'y avait absolument aucun contrôle de passeport à l'aéroport de Genève, juste un gars de la sécurité qui vérifiait qu'on rentrait dans la zone d'embarquement avec un ticket. Etrange, tout ça.

Le vol Munich-Istanbul est passé très vite. Entre la rédaction de ce texte – qui restera à n'en pas douter dans les annales de la littérature mondiale – et le plateau repas non moins fameux, je n'ai pas eu le temps de voir passer les 2h30 de vol.

L'arrivée sur l'aéroport était très excitante. Au départ je ne voyais rien par le hublot, à ma droite, mais c'était normal, puisqu'il n'y avait rien à voir. Seulement la mer de Marmara. Et la mer, la nuit, c'est noir. En revanche de l'autre côté on voyait scintiller les lumières jusqu'à l'étendue obscure d'eau. Quand j'arrive dans un nouveau pays par avion, je suis toujours fasciné par l'aéroport, bien que ce soit souvent le lieu le moins représentatif du pays. Pourtant, c'est là qu'on voit les premières plaques d'immatriculation du pays, les premiers mots écrits dans la langue locale, le premier bâtiment, les premiers individus locaux dans leur « habitat naturel ».

Aussitôt sorti de l'avion, je me suis dirigé vers le premier distributeur automatique de billets. J'ai retiré 100 lires, sans en connaître vraiment la valeur, puis nous avons entrepris de faire la queue pour le contrôle douanier. Je voyais que cela prenait plus de temps pour certaines personnes que pour d'autres, et certains ont même été envoyé au guichet des visas pour en obtenir un. J'ai commencé à me demander s'il me fallait un visa, mais le douanier – la première personne à qui j'ai sorti trois mots de turc – nous a laissé passer sans encombres.

Notre sac nous attendait sur le tapis roulant, et, un peu plus loin, comme prévu, un jeune homme nous attendait avec une pancarte indiquant mon nom. Il nous a confiés à un chauffeur, qui lui nous a emmené à notre hébergement en plein centre d'Istanbul, le Mystic Hotel. Je me suis essayé à faire des phrases en turc avec lui et à défaut d'avoir démontré un vrai talent littéraire en turc, j'ai réussi à faire comprendre l'idée que je souhaitais transmettre. C'est déjà ça. Je suis même allé jusqu'à lui décrocher un sourire, c'est dire si je suis balaise.

Le trajet était sans grand intérêt, sur une voie rapide longeant la mer de Marmara à notre droite. On pouvait voir çà et là des minarets pointés vers le ciel. Puis les mosquées de Ayasofia et Sultanahmet, très éclairées. Dès que nous avons quitté la voie rapide, nous nous sommes engouffrés avec la voiture dans un dédale de ruelles étroitissimes bordées de jolies maisons pittoresques, certaines brillamment rénovées, d'autres (la plupart) extrêmement délabrées, jusqu'à notre hôtel. Là, un monsieur parlant français nous a accueilli pour régler les formalités d'arrivée et nous présenter très globalement sa ville sur une carte. Il nous a montré la chambre – avec vue sur la mer, comme je le lui avais demandé – et nous nous sommes installés.

Demain, une première longue journée de tourisme commence. Je ferais mieux de me reposer.

Istanbul, Mystic Hotel, 00h44

1 commentaire:

Elisa a dit…

Je continue ma politique de commentaires systématiques ;-)
Tout a bien commencé, je suis contente de voir vos binettes et j'ai hâte de connaître la suite de vos aventures !!!