jeudi 21 mai 2009

Québec, suite et fin

Jour 5: Québec

La journée a commencé moins tôt qu'hier – en même temps, c'est pas dur – vers 9h30. Nous avons pris un bon gros petit déjeuner à l'auberge pour nous donner la force nécessaire afin d'affronter une nouvelle journée de crapahutage.

Pour notre deuxième journée dans la capitale québecoise, nous avons choisi d'explorer la ville plus récente. Il ne serait pas tout à fait exact de l'appeler « ville moderne », car c'est un qualificatif qui peut faire peur quand on voit à quoi ressemblent les quartiers « modernes » des villes, en Amérique du Nord comme en Europe. En fait, ce que nous avons visité aujourd'hui, c'est la partie de la ville qui a été construite au-delà des remparts, et elle n'est absolument pas dénuée de charme. Mis à part quelques verrues qui défigurent ces quartiers, on peut s'y balader et trouver de jolies ruelles, de charmants magasins et de belles perspectives sur la ville.

Nous avons commencé par nous diriger vers le parlement du Québec. Il s'agit d'un très bel édifice qui fait très officiel. Malheureusement, il est difficile de le regarder sans que la vue soit gâchée par l'immonde bâtiment marron « Delta » (l'une des verrues) qui se dresse derrière. Nous avons poursuivi le long de la rue Saint-Jean avant de nous aventurer dans un quartier très joli, avec des rangées de maisons en pierre ou en briques, et des rues très commerçantes. Elisa a d'ailleurs vu dans ce quartier des devantures qui l'ont fait bloquer, surtout de magasins de petits créateurs de mode. On est resté dix minutes dans une échoppe rose à regarder des créations à base de boutons de vêtements recyclés. Ok, c'est chiant de suivre une fille dans un magasin de fringues, mais je dois reconnaître que c'était sympa, ces colliers et bracelets faits avec des boutons. Les robes étaient aussi bien jolies et on aimerait en voir portées plus souvent.

Elisa s'est donc offert un collier et nous avons continué vers le quartier de Saint-Roch, plus bas vers le fleuve, en prenant un long escalier dévalant la falaise. Saint-Roch est un quartier plus populaire, ce qui le rend plus authentique et joli quand même. Quand je dis « populaire », il n'est pas vraiment pauvre, mais il est vrai que la population est plus diversifiée. Nous avons croisé des Noirs (très rares, semble-t-il, sous ces latitudes), des sans abri, mais aussi des businesspeople allant prendre leur pause déjeuner.

Ensuite, nous nous sommes dirigés vers la gare pour y acheter un billet Québec-Montréal pour demain matin. Si la gare de Québec est très réussie d'un point de vue architectural, on ne peut pas en dire autant des bâtiments qui l'entourent, notamment l'entreprise qui se trouve juste à côté et le palais de justice, de l'autre côté de la rue, tous deux des exemples à ne pas suivre de l'esthétique des années 1980. L'intérieur de la gare est également agréable; c'est dommage que les gens dans ce pays ne prennent pas plus le train, ils ne savent pas ce qu'ils loupent. Pour aller demain à Montréal, j'aurais préféré prendre le train. C'est un moyen de transport confortable, agréable, qui traverse la nature et des localités. Malheureusement, demain matin, il part plus tôt que le bus, il est plus cher et il met plus de temps pour aller à Montréal. C'était donc tout vu. Ma seule expérience du train en Amérique du Nord aura donc été le trajet de nuit entre Moncton et Québec, et c'est toujours pour les mêmes raisons que je dois préférer l'autobus à la voie ferrée. Entre Seattle et Vancouver il y a un train, le train des Cascades, qui longe l'océan et passe la frontière, mais il n'y en a qu'un par jour et il est à une heure qui ne me convenait pas du tout selon mon planning. Il faut espérer que le transport ferroviaire revienne à la mode sur ce continent, avec la prise de conscience écologique. Cependant, je ne sais pas si le train est vraiment plus écologique que l'autobus, car entre Moncton et Québec, par exemple, il ne me semble pas avoir vu de caténaires pour alimenter notre train. Peut-être que dans les régions plus peuplées les lignes sont électrifiées, notamment entre Québec et Windsor, à la frontière étasunienne, le couloir le plus peuplé du Canada.

Nos billets de bus en poche, Elisa a proposé que nous allions jeter un coup d'œil au marché couvert, près du port, et que nous y mangions éventuellement. C'est intéressant de voir les marchés à l'étranger, de voir ce que les gens vendent et achètent. Il y avait plein de produits intéressants, des saucisses locales, des produits à base d'érable (évidemment) et plein d'autres choses intéressantes, mais ce qui était décevant, c'est la taille du marché. Je pensais entrer dans une grande halle avec plein d'étals, mais il n'y avait que trois petites ailes avec au milieu deux trois fast foods qui servaient quand même des mets avec des produits qui avaient l'air de venir du marché. Nous avons fait un tour rapide du marché puis nous nous sommes posés dans un des fast foods pour apprécier une boisson bien méritée après toute cette marche, ce qui allait nous ouvrir l'appétit. Elisa a donc commandé un feuilleté au homard, et moi un burger (ben oui, on est en Amérique, quand même) au brie avec une soupe aux pois. Le feuilleté d'Elisa était plutôt bon, bien rempli de homard, et en ce qui me concerne, je trouve que le brie, surtout le brie canadien, c'est pas très bon quand c'est fondu. Mais j'ai quand même apprécié ce chef d'œuvre de la gastronomie canadienne. Quand Elisa avait commandé les boissons en arrivant, on a pu se rendre compte que l'intercompréhension est limitée entre les Français et les Québécois:
Elisa: « On va prendre une bière pression »
La caissière: « Laquelle vous voulez? j'ai de la Belle gueule rousse ou de la Maudite »
Moi: « Belle gueule »
Elisa: « Et un ice tea »
Là la caissière affiche un air complètement ahuri et dit « Un quoi ? »
Elisa, se rendant compte de son erreur: « Euh, un thé glacé »
La caissière, soulagée: « Ah! Et comme bière pression, j'ai de la Belle gueule rousse ou de la Maudite »
Je pensais avoir répondu déjà la première fois, mais il faut croire que mon accent n'est pas universel. J'ai répété de bon cœur et l'incident était clos.

Après manger nous avons attaqué notre programme de l'après-midi. Nous avons commencé par aller voir ce qu'était cet immeuble qui se dresse au milieu du Vieux Québec. Il s'agit d'un des premiers gratte-ciels construits au Canada, en 1929, dans le style art déco, abritant une banque. C'est un petit gratte-ciel, mais plus grand, il aurait vraiment fait tache au milieu des vielles maisons du centre ville. Là, même s'il dépasse largement, il ne jure pas trop avec le reste, contrairement aux immeubles Delta et l'hôtel le Concorde, à l'extérieur de la vieille ville. Le deuxième et son restaurant était l'un de nos objectifs suivants, pour son restaurant tournant à son sommet. Mais d'abord, nous sommes allés voir la plus vieille épicerie toujours en activité en Amérique du Nord, ouverte depuis la fin du XIXe siècle, ce qui, même pour l'Europe, est un record. L'épicerie est vraiment très belle, avec des étagères en bois pour présenter les produits. Elle est décorée de vieilles publicités pour divers produits et on y trouve des vitrines avec des exemples de produits en conserve ou emballés qui étaient consommés dans le passé. Par ailleurs, il s'agit d'une vraie épicerie, un peu comme un petit supermarché; on y trouve donc tout ce que les Canadiens consomment au quotidien. Quand je vais dans un pays étranger, j'aime rentrer dans les supermarchés pour voir les produits originaux qui sont consommés sur place et les produits que j'ai l'habitude de voir chez moi conditionnés dans la langue locale. Bref, ce fut l'une de mes expériences d'épicerie parmi les plus intéressantes.

Nous sommes donc allés ensuite à l'Astral, le restaurant tournant de Québec. L'immeuble est vraiment laid, mais comme pour la tour Montparnasse à Paris, quand on s'y trouve, c'est le seul endroit d'où l'on ne la voit pas. Par contre on voit toujours la tour Delta, et si je peux me permettre de donner un conseil aux urbanistes québecois, s'il y a quelque chose à raser à Québec, c'est bien ça. Quoi qu'il en soit, la vue qu'offre le restaurant panoramique est vraiment hallucinante. De là-haut, on voit toute la ville et on a une vue époustouflante sur le fleuve Saint-Laurent, qui est vraiment immense. On voit de tous les côtés la campagne québecoise jusqu'à l'horizon ou jusqu'aux montagnes à l'ouest de Québec. La largeur du fleuve m'a fait penser au Bosphore, où passent lentement des bateaux allant vers l'océan. Bien sûr, il est impossible de comparer Québec et Istanbul.

Nous sommes rentrés à l'auberge assumer nos obligations informatiques et ce soir nous ressortons pour nous faire un bon restaurant de cuisine locale et éventuellement trouver un « bar à chanson ». Nous ne nous coucherons pas tard car il faudra se lever assez tôt demain matin.

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