jeudi 14 mai 2009

Istanbul - Jour 4

Samedi 25 avril 2009

Istanbul, Hôtel Mystic, 22h43

Aujourd'hui est un jour à marquer d'une pierre blanche : pour la première fois de ma vie, j'ai posé le pied en Asie. Cette Asie – mineure, certes, mais Asie quand même – que je voyais au loin depuis deux jours, à un jet de pierre de moi, je l'ai abordée symboliquement par son extrémité occidentale, ce qui est dans l'ordre des choses, selon moi.

Nous avons pris ce matin toutes les dispositions pour arriver à l'heure à l'embarcadère du bateau qui remonte le Bosphore presque jusqu'à l'embouchure de la mer Noire. Nous nous sommes levés à l'heure, avons pris le petit déjeuner sur la terrasse très peu ensoleillée (seule une table était entièrement au soleil, d'autres partiellement et la nôtre complètement à l'ombre, donc froide), avons marché jusqu'à Eminönü pour acheter le billet aller-retour et avons embarqué sur le bateau, où toutes les meilleures places, à l'extérieur et en haut, étaient déjà prises. Il s'est avéré, comme nous nous en étions douté, que les places à l'extérieur étaient en fait très froide, car le vent du Bosphore a une sacrée tendance à nous glacer.

Pour aller vers le bateau, j'avais choisi exprès un itinéraire à pied court et passant à proximité de la poste centrale, avec l'illusoire espoir qu'à la poste, il y aurait une boîte aux lettres pour y jeter nos cartes postales. C'était peine perdue, car il faut croire que dans ce pays on s'efforce au mieux de faire des économies sur les boîtes aux lettres. Après tout, à l'âge d'Internet, pourquoi s'embêter avec des objets d'un autre siècle. Nous n'avions pas le temps de faire le tour de la poste pour trouver une hypothétique boîte aux lettres. J'ai aimé marcher dans ces rues le matin, pas très tôt, mais suffisamment pour voir un peu la ville s'éveiller, avec les commerçants qui installent leurs produits, lavent les vitrines, nettoient le trottoir devant chez eux, encore un peu trop engourdis de sommeil pour nous harceler dans l'espoir illusoire qu'on achètera leur camelote.

Pendant le trajet d'environ une heure et demi, nous avons eu le temps d'admirer l'étendue de la ville d'Istanbul, ses quartiers riches au bord de l'eau, les deux ponts reliant les deux continents et de prendre des dizaines de photos. Après cinq arrêts très brefs pour laisser descendre et monter les passagers des deux rives du Bosphore, le bateau a terminé sa course du côté asiatique, à Anadolu Kavaği, à un ou deux kilomètres seulement de la mer Noire.


Ce qui était peut-être un minuscule village de pêcheurs il y a quelques années est aujourd'hui à n'en pas douter un village de touristes, dans le port duquel mouillent quelques bateaux de pêche, sans doute pour faire plus pittoresque. A la sortie du bateau nous accueillent les habituels chats que l'on trouve partout à Istanbul, mais aussi des chiens, et surtout des rangées de restaurants servant tous les mêmes plats de poissons, ainsi que – Anadolu Kavaği n'échappe pas à la règle – des établissements proposant la spécialité locale : des gaufres avec des garnitures pour ravir ceux qui ont la « dent douce ».

Nous sommes arrivés à midi, le premier bateau repartait à 15h00 et le dernier à 17h00. Comme le village était petit, nous pensions que trois heures suffiraient à visiter et à monter au vieux château, sur la colline, donc nous n'avons pas traîné pour trouver un restaurant. Le rabatteur le plus chanceux fut celui qui nous a montré une terrasse ensoleillée. Nous avons commandé une salade chacun, et Julie du turbot frit et moi des sardines grillées. Nous avons également pris à deux des moules farcies (pas terrible, mais Julie a bien aimé) et des calamars frits (bons, mais écœurants, surtout avec la sauce qui avait l'air d'avoir trainé au soleil). J'ai été un peu déçu par le tout, surtout par le turbot, qui était cher. Après manger, nous avons fait un rapide tour du village. Celui-ci semble axé autour du port, à proximité duquel se trouvent les vendeurs de gaufres et quelques restaurants, mais en allant au-delà des quelques ruelles qui ont un peu l'air d'un village Disneyland, on voit des maisons, des jardins, des voitures et des vrais gens, qui vivent là, au calme, et qui voient tous les jours défiler des touristes qui les trouvent très pittoresques dans leur modeste maison, habillés à la mode locale, cuisinant des plats qui laissent échapper des effluves exotiques.


Après avoir exploré le village en cinq minutes, nous avons cherché notre chemin pour monter au sommet de la colline où se trouvent les ruines d'une ancienne forteresse. Plus on approchait du sommet, plus les touristes étaient nombreux. Là aussi, une grande buvette propose toutes sortes de produits frits dont l'odeur seule suffit à donner la nausée. Enfin, un peu plus haut se trouve la forteresse. Le lieu est fréquenté par de nombreux Turcs qui viennent en couple, en famille ou entre amis se faire photographier au-dessus des cargos sillonnant le Bosphore jusqu'à la mer Noire. L'endroit est sympathique, les gens sont décontractés, des gens jouent de la musique ou chantent en groupe dans des recoins de la forteresse, mais tout le secteur était jonché de détritus, sur l'herbe, dans les ronces, sur les pierres. Pas très charmant.

Après cette petite ascension nous sommes redescendus vers le port afin de ne pas rester coincés encore deux heures jusqu'au départ du dernier bateau, avec suffisamment de temps pour acheter une gaufre Nutella, banane, fruits confits. Je n'en avais pas très envie donc je n'en ai pas pris, mordant juste dans celle de Julie, mais je dois bien reconnaître qu'elle était succulente. Sur le bateau, il ne nous a pas fallu beaucoup de temps pour nous assoupir.

Revenus dans le centre d'Istanbul, nous sommes allés nous noyer dans la marée humaine du marché aux épices (marché égyptien), très beau, mais si l'on a une aversion pour le genre humain, mieux vaut éviter. Nous en sommes sortis pour aussitôt arpenter quelques rues très commerçantes et également fréquentées, et rejoindre la mosquée de Soleymane le magnifique. Avant de l'atteindre, nous avons traversé le grand bazar (marché couvert, Kapalı Carşı) qui, même s'il était très fréquenté, laissait une certaine liberté de circulation, permettant d'admirer l'architecture, la décoration et les échoppes bigarrées.

La mosquée de Soleymane le Magnifique était un peu décevante. Pas grand chose à voir à l'intérieur, des travaux partout et d'extérieur pas plus belle que d'autres mosquées mineures de la ville. En revanche, le cimetière attenant n'était pas dénué d'un certain charme, avec ses pierres tombales fines et verticales aux inscriptions en caractères arabes.


Afin de réfléchir à la suite de notre programme de la soirée et de nous reposer un peu, nous somme descendus dans un café très charmant à proximité de la mosquée, sur une terrasse abritée, et avons dégusté un thé et un narguilé à la rose. Là nous avons pris des décisions quant à notre repas du soir. Après un détour par l'Hôtel Mystic pour quelques réajustements, nous sommes allés dans un restaurant sur la rue du tram, en passant par la Mosquée bleue et Sainte-Sophie, où nous avons enfin trouvé une boîte aux lettres pour nous débarrasser de nos cartes postales.

Recommandé par le Petit Futé, le restaurant était bon, mais loin d'être exceptionnel. J'y ai goûté le rakı, cette boisson turque très forte ressemblant au pastis de chez nous et c'est pas qu'une légende de dire que c'est fort.

Enfin nous sommes rentrés à l'hôtel, où le tournage d'un film se déroule à l'étage au-dessous de nous.

Hôtel Mystic, 00h20

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