Jour 6: Québec – Montréal, QC, Canada
Kilomètres parcourus: 270
Nous avons quitté la belle capitale de la belle province à 8h30 ce matin sous un soleil radieux. Les pulls et vestes obligatoires pour parer au fond de l'air frais et au vent glacial soufflant du Saint-Laurent étaient largement superflus quand nous sommes sortis de l'auberge pour descendre vers la gare d'autocars par les rues commençant à s'animer du centre historique de Québec. En guise d'adieu, nous avons eu droit à un dernier troupeau d'adolescents qui descendaient en même temps que nous la rue Saint-Jean. Pendant tout le temps que nous sommes restés à Québec, Elisa et moi avons été cernés par des hordes d'ados surexcités et anglophones. Dans les ruelles, à l'auberge, sur les avenues, au musée, par centaines ils sont venus envahir Québec. Certains étaient en petits groupes à faire un jeu de piste éducatif sûrement très intéressant et sans aucun doute plus efficace pour qu'ils en sachent plus sur la ville que des visites guidées en groupes de cinquante où chacun se raconte ses petits problèmes d'ados pendant que le guide peine en vain à faire rentrer ne serait-ce qu'un seul fait dans ces petits cerveaux déconcentrés.
Nous sommes donc montés dans un autocar d'Orléans Express qui a fait un court arrêt à Sainte-Foy, près de Québec, avant d'emprunter l'autoroute Jean Lesage vers Montréal. Comme je l'ai dit à plusieurs reprises, c'est vraiment dommage que le chemin de fer ne soit pas plus utilisé dans ce pays. Nous avons longé la voie ferrée sur quelques kilomètres et force est de constater qu'elle est largement sous-exploitée. Le train serait pourtant un moyen de transport beaucoup plus confortable que cet autobus où l'on est serré devant et sur les côtés, où l'on est au choix plaqué contre la vitre ou projeté dans l'allée centrale lorsqu'il emprunte une bretelle d'accès ou tourne dans une rue, et où l'on est secoué par les cahots des routes canadiennes, qui, rappelons-le encore, sont soumises à des conditions climatiques extrêmes.
Cette portion de trajet, entre Québec et Montréal, ne présente pas un grand intérêt. L'autoroute est presque tout le temps toute droite, bordée de forêts qui semblent denses et immenses, parfois de parcelles de champs rectilignes et de maisons assez belles mais qui ont le défaut de se trouver en bordure d'autoroute. Il n'y a pas autant d'énormes publicités qu'on pourrait le croire et les bas-côtés sont propres. Elisa a encore manqué sa chance de voir une bête sauvage locale. Pendant qu'elle s'était assoupie contre la vitre, j'ai vu sur l'autre chaussée, celle qui remonte vers le nord, un animal écrasé sur le bord de la route. Chez nous, ce qu'on voit sur la route c'est souvent des chats ou des hérissons, occasionnellement un rat (-plapla); rien de bien méchant, quoi. Mais ici, visiblement, il n'est pas rare qu'un orignal traverse la route et je pense que c'est ça que j'ai vu tout à l'heure, plutôt mort, au bord de l'autoroute. J'aimerais pas être l'automobiliste qui a heurté la bête, parce vu le poids que ça fait, ça doit faire de sacrés dégâts. Apparemment, comme les orignaux sont hauts sur pattes, lorsque la voiture rentre dedans, il renverse la bête, dont le corps est projeté contre le pare-brise, avec des conséquences parfois funestes.
Mais pour le moment les orignaux, caribous et écureils volants se tiennent à distance de notre autocar qui avance paisiblement en appréhendant tant bien que mal les innombrables travaux qui jalonnent l'autoroute, le plus souvent pour réparer les dégâts de l'hiver. Là, le plus grand risque que nous venons de courir, c'est la traversée du désormais traditionnel passage à niveau sur l'autoroute. Je crois que je préfère encore me prendre un orignal à 110 km/h qu'un train, même averti 500 mètres en amont.
Le paysage qui défile sur les côtés de l'autoroute sont généralement plats, mais on voit ça et là des collines boisées qui se dressent sans prévenir, tel un Ayers Rock canadien. Et puis le paysage retrouve sa platitude interminable, avec ses maisons et ses champs alignés, dont la régularité n'est que de temps à autres perturbée par le cours sinueux d'une large rivière coulant paisiblement vers le Saint-Laurent.
Nous nous approchons à présent de la mégapole québécoise: la circulation se fait plus dense, les champs laissent progressivement la place aux zones d'activité commerciale, avec de grandes enseignes jaune et bleu suédoises, des fast-foods et des hôtels bon marché pour faire étape. Les panneaux commencent à indiquer Montréal par-ci, Montréal par-là, nord, Est- Ouest. Dans moins de trois quarts d'heure, nous devrions nous trouver au pied du Mont Royal. Nous nous sommes rapprochés du Saint-Laurent, que nous longeons maintenant, et je vois au loin une construction qui m'évoque Montréal, le stade olympique et sa tour si caractéristique. Les gratte-ciels se dressent désormais devant nous. Plus qu'un arrêt à Longueil (que je ne connais que pour sa coupe, la « coupe Longueil », qui, à Montréal désigne un état capillaire court devant, long derrière, ce qui en dit long sur la population locale, sans vouloir tomber dans la généralité facile, d'autant plus que je ne connais pas.
La deuxième ville francophone du monde
Après Paris, Montréal serait la deuxième ville francophone du monde. Cependant seulement un peu plus de la moitié des Montréalais parlent français et en se promenant en ville il n'est pas rare d'entendre de l'anglais ou de rentrer dans un magasins où l'on vous accueille par un « hello! », car près de 13% des habitants de la sont anglophones.
Dès notre sortie de la gare routière, nous avons été projetés dans la grande ville, nous qui arrivions de la paisible et provinciale Québec (je crois qu'on peut décemment dire que Québec est une capitale provinciale provinciale). Les interminables rues quadrillées, le métro, la faune agressive (trois types étaient à moitié en train de se friter dans un couloir de métro), l'effervescence, tout cela nous a un peu étouffé d'un premier abord. Il a fallu marcher un moment avant de trouver la guest house qu'Elisa avait pris soin de réserver, sur la rue Saint-Laurent, c'est à dire en gros l'artère principale de Montréal. Et là nous avons découvert un petit havre de paix au milieu du tumulte de la grande ville. Elisa a été un peu plus réconciliée avec Montréal et moi, qui étais déjà assez emballé par l'ambiance de la mégapole, j'ai été ravi de dormir dans un endroit aussi cool. Les gens qui tiennent l'endroit sont jeunes et cools, ça a l'air calme et surtout, on a une petite terrasse rien que pour notre chambre, donnant sur une arrière-cour très agréable où des jeunes filles montent sur les toits pour se faire bronzer.
Différente ville, mêmes obsessions. Il fallait manger. Nous avons donc demandé conseil au couple de petits Français qui s'occupaient de l'hôtel et notre choix s'est porté sur un miiiinuscule bouge (moins d'une dizaine de places au bar et trois tables de deux) servant des sandwichs, des hot-dogs et des burgers. De la bouffe saine, quoi, qu'on sert, au Pattati-Pattata. Mais très bon et les cuistots sont hyper sympas.
Le ventre rempli, nous étions d'attaque pour entamer une nouvelle journée de marche intensive à travers le vieux Montréal et le quartier d'affaires. D'après ce que j'avais lu dans le Guide du Routard, Montréal, c'était pas le Pérou, mais la ville réserve en fait bien des surprises. Tout d'abord, notre rue, la rue Saint-Laurent. Très animée et très cosmopolite. C'est à la fois le quartier portugais, le quartier juif, le quartier espagnol, le quartier hongrois et le quartier slovaque et c'est vraiment sympa de la descendre jusqu'au centre de la ville. Nous nous sommes aventurés dans la rue Sainte-Catherine, la rue de la décadence, un peu une institution à Montréal. J'y ai vu un type qui faisait la manche en présentant cet écriteau: « Pourquoi mentir: quelques dollars pour fumer un joint ». Un peu plus loin, on s'approche du quartier dit « historique ». Des ruelles ont été pavées pour faire plus pittoresque, il y a quelques vieux bâtiments et même s'il n'a pas le charme de Québec, je trouve que ce quartier n'en est pas moins intéressant.
Nous nous sommes approchés du Saint-Laurent, où les gens se promenaient dans le parc, faisaient du roller, trempaient les pieds dans les fontaines... profitaient de cette magnifique journée ensoleillée, quoi. Je suis resté quelques instants à admirer ce grand fleuve: même s'il n'est pas aussi large qu'à Québec, il reste impressionnant. Puis nous avons suivi un itinéraire proposé par le Guide du Routard à travers le centre ville. Nous avons marché pendant des heures à découvrir les rues historiques, les places animées, le quartier commercial, ses gratte-ciels, ses hommes d'affaires pressés et les différentes statues et églises qui parsèment la ville. A la place d'armes nous nous sommes arrêtés reposer nos pieds meurtris sur le parvis de la cathédrale et là, un groupe d'adolescents a surgi. Heureusement, ils étaient calmes et ils écoutaient sagement un guide qui donnait d'intéressantes informations sur les bâtiments qui nous entouraient (car nous avons écouté ce qu'il disait), notamment que Céline s'est mariée dans la cathédrale. Pas besoin de préciser le nom de famille: Céline, c'est Céline Dion, qui d'autre ici? Nous sommes rentrés dans le vieux bâtiment de la banque de Montréal et ça en jetait, puis nous avons poursuivi notre promenade dans le quartier d'affaires au milieu des gratte-ciels, pour terminer sur le vieux port, à proximité d'immenses usines désaffectées à l'esthétique industrielle déconcertante, sur la terrasse d'un café à siroter une bière bien méritée.
Un peu moins sobres, nous avons remonté notre rue Saint-Laurent pour souffler un peu et nous sommes redescendus vers les 21h30 pour trouver de quoi manger et éventuellement sortir dans un bar. Les kilomètres de marche auront néanmoins eu raison de notre motivation à nous mêler à la population branchée de Montréal et nous sommes rentrés profiter de notre jolie chambre après avoir entendu « Hélène, je m'appelle Hélène » dans un restaurant japonais tenu par des chinois pas toujours aimables un peu plus loin dans notre rue.
Assis sur notre terrasse dans la douce mais venteuse nuit montréalaise, je termine d'écrire mon récit de la journée.
2 commentaires:
EH salut!! Il n'avait pas la crinière violette ton cheval mimi? Tu l'as décoloré? Bouhou
Ben ouais, je sais pas ce qui s'est passé. Je vais rechanger ça pour toi mimita.
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