Kilomètres parcourus: 983 km
Après une nuit de sommeil réparateur bien méritée, j'ai été réveillé par le doux son de la musique country. J'ai franchi le Missouri et filé vers le Mont Rushmore. Il m'a semblé dans un premier temps qu'il avait suffit de passer la rivière pour que le paysage change du tout au tout: en effet, il y eut d'un seul coup beaucoup de collines, des dépressions, du relief quoi, mais ce n'était qu'à proximité du Missouri et le paysage est redevenu plat comme avant. C'était quand même très beau. Des prairies à perte de vue. C'est là que je me suis rendu compte que j'étais en plein cœur du pays des westerns. Quand je longeais une voie ferrée, je m'imaginais les indiens cachés derrière une colline, prêts à prendre en embuscade un train.
Le Mont Rushmore se trouve dans les Black Mountains, qui sont en quelque sorte un avant poste des Rocheuses. Ca m'a fait plaisir de sortir un peu de l'autoroute pour aller sur des petites routes; or comme le Mont Rushmore est une destination hyper touristique, la petite route est en fait presque une autoroute, faite pour accueillir les flots de touristes. C'est un peu comme pour monter dans les stations de ski alpines. En arrivant au Mont, j'ai vu depuis la route les figures sculptées dans la montagne. Je me suis dit que c'était sûrement une reproduction plus petites, parce qu'elles ne m'impressionnaient pas du tout. Mais c'étaient bien les vraies. J'aurais donc pu me contenter de les admirer de la route et éviter de me faire extorquer 10 dollars pour pas grand chose. Elles ont l'air toutes petites, ces figures, mais quand on voit qu'un oeil fait la taille d'une vraie personne, ça impose le respect. J'ai fait la petite promenade qui passe à travers la forêt juste au-dessous des sculptures, mais le point de vue n'est pas aussi impressionnant que celui qu'ont les protagonistes du film « La mort aux trousses ». Quoi qu'il en soit, ça a dû être un sacré boulot de faire ces sculptures.
Je suis redescendu dans le village le plus proche, qui essaye de se donner des airs de far west, pour manger et je suis rentré dans le premier resto que j'ai vu. Le patron et ses employées discutaient à l'extérieur et nous avons engagé la conversation. Le patron m'a demandé si mes idées préconçues d'étrangers sur les Etats-Unis avaient évolué depuis le début de mon voyage et je lui ai répondu, pour être poli et pour pouvoir bouffer sans tergiverser, que les gens étaient en effet moins tarés que je le pensais. Mais je n'en pensais rien, bien sûr. Cela dit, la brève conversation était sympathique, le gars ne vantait pas son pays comme le meilleur du monde, au contraire, il avait même l'air de savoir où se situait la Suisse. La spécialité du restaurant, c'était les ribs de bison, qui étaient censés être fameux. Heureusement que j'ai pris la petite part, parce que ce n'était pas les meilleurs ribs que j'ai mangés de ma vie.
Après ça, j'ai encore dépensé 10 dollars pour voir une sculpture géante même pas fini: le Crazy Horse Memorial. Dans une montagne proche du Mont Rushmore, les nations autochtones des Etats-Unis ont commandé une sculpture monumentale dédiée au grand chef indien. Pour le moment, seule la tête est terminée et il reste le cheval, le bras et le corps du bonhomme à faire. De loin ce n'est pas très impressionnant non plus mais quand on y pense, c'est tout une montagne qui est sculpté, c'est balaise!
Pour rejoindre l'autoroute en direction de Yellowstone, j'ai suivi des routes de montagnes assez sympathiques et traversé des villages annoncés par un panneau indiquant le nombre d'habitants, comme dans les westerns. En passant entre ces deux rangées de petits édifices alignés, je n'avais pas de mal à imaginer ces mêmes villages il y a à peine un siècle, avec de la terre à la place du goudron, et des types portant un colt au ceinturon qui descendent de leur cheval pour aller au saloon. J'ai repris l'autoroute et retrouvé mes paysages désormais familiers de prairies légèrement vallonnées, à cette différence près qu'elle était parsemée de pompes, que j'imaginais être des pompes à pétrole, mais j'ignore si c'est bien ça.
Juste au moment où je commençais à trouver étrange qu'on ne voie toujours pas les rocheuses à l'horizon, à peine étais-je arrivé au sommet d'une petite colline que je vis au loin des montagnes enneigées qui, avec la distance, se confondaient encore avec le ciel. A mesure que j'avançais vers l'ouest, les montagnes se détachaient de plus en plus nettement et bientôt je sortais de l'autoroute et m'aventurais sur les petites routes sinueuses. Il ne s'agit en fait pas encore des Rocheuses, mais du massif de Big Horn, qui est séparé des Rocheuses par une autre plaine de prairies. La montée était plutôt banale, une route dans la forêt, mais le paysage montagneux devenait de plus en plus grandiose au fil des kilomètres. J'aurais bien du mal à décrire à quel point c'était beau et même des photos ne permettraient pas d'en rendre compte. Les pierres, les torrents, les roches rouges, les pâturages, les biches pas effrayées le moins du monde, la petite route, les canyons... tout cela contribuait à la beauté de ce trajet. Même une fois sorti du massif, à nouveau dans la prairie, le paysage est splendide, avec des roches couleur vanille-fraise assez intriguantes.
A Cody, ville nommée d'après le vrai patronyme de Buffalo Bill, je ne suis plus qu'à une grosse cinquantaine de miles du parc de Yellowstone. Les récits des premiers voyageurs ayant vu Yellowstone étaient considérés comme des fables, et un président a déclaré que la route pour s'y rendre depuis Cody était l'une des plus belles au monde. Alors j'ai hâte de voir ça.
3 commentaires:
Merci pour la carte ! C'est moins excitant qu'un faire-part de mariage mais ça m'a quand même fait plaisir. Bravo pour ton blog. Drôle et instructif. Bonne continuation !
Aniouta
Je suis suspendue à tes mots et j'attends avec impatience le récit de ce soir... Can't wait :-)
Je suis ravi que mon blog t'intéresse Aniouta !
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