samedi 23 mai 2009

Je me souviens

Jour 7: Montréal, Québec – Ottawa, Ontario

Kilomètres parcourus: 189

Je me trouve actuellement dans un autocar arrêté sur l'autoroute à la sortie de Montréal en allant vers Ottawa. Depuis une dizaine de minutes, le moteur ronfle et les voitures nous dépassent des deux côtés. Au début je pensais que nous étions coincés dans le trafic, mais il semble maintenant clair que notre bus a un souci. M'est avis – mais j'y connais rien – que c'est l'embrayage. Tiens, d'ailleurs le chauffeur vient d'annoncer que c'est un problème de transmission. Aucune idée si c'est la même chose. Pour le moment on reste là au milieu de l'autoroute en pleine heure de pointe en attendant qu'un autre bus arrive, dans une demi-heure. Malheureusement, nous sommes 53 passagers et l'autocar de remplacement n'a que 47 places, donc nous allons devoir nous serrer.

Cela me laisse un peu de temps pour raconter un peu ma dernière journée à Montréal. J'ai très bien dormi, merci, le lit était confortable et c'était agréable d'avoir une couette. Quand les hôtels comprendront-ils que les draps et les couvertures, c'est chiant? Ce qui est fantastique avec notre hébergement, le 9½, c'est qu'on y est en gros chez soi. On prend ce qu'il nous faut dans le réfrigérateur, on se sert du pain, du jus d'orange et on va manger sur la terrasse avec les autres occupants de l'auberge et un des gérants. On fait notre vie quoi! Nous avons rencontré deux Françaises qui étaient là pour dix jours mais qui partaient ce soir, vraiment désolées de devoir quitter cette ville où, apparemment, elles se sont éclatées.

L'autocar de remplacement est arrivé rapidement et on nous a transférés dedans, mais comme prévu, il y a six personnes debout dans le couloir. Sachant que le trajet dure plus de deux heures, ça va être chaud pour eux. Mais pour le moment, rien ne bouge. Ah ça y est, un Canado-Africain vient de nous informer en français mais avec un fort accent anglais que le bus allait faire un arrêt un peu plus loin pour que les personnes debout puissent s'asseoir dans un autre bus. Quant à nous, nous devrions aller directement à Ottawa ensuite.

Après notre petit-déjeuner, notre objectif était l'ascension du Mont Royal (qui a donné son nom à la ville), une colline boisée fréquentée des joggeurs et des promeneurs. Le beau temps de la veille n'était plus de mise ce matin: le ciel était couvert – nous avons même reçu quelques gouttes de pluie – et les températures étaient bien plus fraîches qu'hier. Selon l'une des deux jeunes Françaises de l'auberge, c'est la faute à la platitude de la région, qui fait que le temps change vite.

Nous avons grimpé au sommet du Mont-Royal, sans avoir vraiment récupéré de notre tourisme de l'extrême de ces derniers jours. Elisa marchait en étant plutôt éteinte: seuls avaient l'air de fonctionner ses jambes, qui la faisaient avancer, et ses yeux, qui la guidaient. De mon côté, je devais m'arrêter toutes les dix minutes pour remettre la semelle de ma chaussure gauche en place. En marchant, elle se déplace vers l'arrière, ce qui est désagréable et fait mal aux pieds. Je voulais acheter de nouvelles chaussures avant de partir en Amérique, mais je n'avais rien trouvé d'intéressant. Heureusement que j'ai pris aussi mes chaussures de rando. Mais revenons-en au Mont-Royal. Le panorama qui s'offre au visiteur qui s'est donné la peine de monter jusqu'en haut de la colline est splendide. Depuis le belvédère, c'est toute la ville de Montréal qui se dresse en contrebas, avec, au premier plan, les gratte-ciels, puis le fleuve et au loin, des plaines interminables d'un côté et de petites montagnes d'un autre côté. Après avoir admiré le panorama quelques minutes – le temps de récupérer de la montée par les escaliers – et pris quelques gouttes de pluie, nous sommes redescendus vers le centre-ville par les petits chemins boisés, ce qui nous a donné l'occasion de tenter vainement de sympathiser avec un de ces gros écureuils gris intrépides.


Nous avons ensuite marché en ville, notamment en descendant la fameuse rue Sainte-Catherine. Je dois apporter un rectificatif concernant ce que j'ai dit de la rue Sainte-Catherine hier. Si elle peut avoir des aspects décadents d'un côté de la rue Saint-Laurent, qui la coupe perpendiculairement, elle est en fait sur sa plus grande partie tout simplement une grande artère commerçante. En généralisant, on pourrait dire qu'un côté de la rue présente toutes sortes de grandes enseignes de mode, quelques grands restaurants et deux ou trois églises, tandis qu'en face, de l'autre côté de la chaussée, ce sont de petits restaurants, des fast-foods, des petits commerces et quelques cinémas pornos. D'après ce que j'ai vu, les cinémas pornos ne se trouvent pas en face des églises. Elisa a profité du côté boutiques pour s'acheter des chaussures et moi, non, je ne suis pas rentré dans un cinéma porno.

Avec toute cette marche, nos estomacs ont commencé à crier famine (j'adore cette expression) et nous avions pour objectif avoué déjà depuis la veille de faire une expérience culinaire unique et très montréalaise: un sandwich à la viande fumée de chez Schwartz, dans la rue de notre hôtel. Comme je l'ai expliqué hier, notre rue c'est – entre autres – le quartier juif, et Schwartz, c'est une référence de la communauté juive de Montréal et un lieu incontournable de la gastronomie locale. Les gens viennent de très loin, comme en témoignent des courriers affichés dans le restaurant, où des gens de New York affirment manger un sandwich de chez Schwartz à chaque passage à Montréal. Quand nous sommes arrivés à proximité du restaurant, il y avait la queue. Un serveur à l'extérieur nous a demandé si nous voulions manger à l'intérieur ou prendre à emporter, et comme à emporter c'est plus rapide, c'est l'option que nous avons choisie. Au comptoir, nous avons passé notre commande et avons taillé le bout de gras (au figuré) avec un des cuistots qui préparaient les fameux sandwichs. J'ignore s'il était juif, mais il nous a appelé « cousins » – comme on m'avait dit que les Québécois appelaient les Français, expression que je n'avais cependant jamais encore entendue – mais je ne sais pas ce qu'on avait de cousin avec ce monsieur, un brave homme au demeurant, puisqu'il venait du Portugal.

Je pensais manger notre fameux sandwich dans un parc pas loin, puisque le soleil avait enfin daigné faire son apparition, mais Elisa a très justement proposé qu'on retourne à notre auberge et qu'on y mange sur la terrasse, puisque nous avions encore la clef parce que nous y avions laissé nos sacs pour les récupérer dans l'après-midi. Verdict du sandwich de chez Schwartz: trop excellent! Le pain, c'est juste un prétexte pour tenir toute la succulente viande fumée qui était servie. Limite la portion de frites à côté c'était de trop. Mais même les frites étaient particulièrement bonnes. Bref, si je retourne un jour à Montréal, c'est sûr que j'irai manger un sandwich chez Schwartz!

Nous nous sommes posés un moment à l'auberge avant de prendre nos sacs et d'aller à la gare routière pour les mettre à la consigne. Nous voulions prendre le bus de 18h00 pour Ottawa et dans la petite heure qui nous restait avant son départ, nous balader une dernière fois à Montréal et découvrir la ville souterraine, qui permet aux Montréalais de passer l'hiver quasiment sans mettre le bout du nez dehors. En chemin cependant, nous avons croisé Clotilde, l'une de nos hébergeuses à Ottawa, qui sortait d'une journée de concours pour l'ONU. Quelle heureuse surprise! Nous avons donc laissé tomber l'idée de la ville souterraine – après tout ce ne sont que des tunnels avec des boutiques sur les côtés – et nous avons marché tranquillement tous les trois jusqu'à la gare routière pour prendre le même bus, celui-là même qui est tombé en panne. Pendant que nous faisions la queue pour monter dans l'autocar, un agent de sécurité s'est présenté pour nous demander d'ouvrir les sacs que nous allions prendre avec nous dans l'habitacle. Niveau sécurité, c'est un peu de la rigolade, parce qu'il a à peine regardé ce qu'il y avait dedans et si l'on répondait « non » à la question « avez vous des objets tranchants dans le sac », il nous laissait tranquille. Selon Clotilde, c'est parce qu'une personne s'est fait trancher la gorge dans un autocar au Canada il y a une semaine. Pourtant à Québec on ne nous avait rien demandé.

Ce soir, nous espérons sortir manger à Ottawa ou à Gatineau, de l'autre côté de la rivière qui sépare l'Ontario du Québec, donc il est possible que je retourne au Québec ce soir. En tout cas, que j'y retourne ou pas ce soir, je garderai un excellent souvenir des quelques jours que j'ai passés dans la belle province. J'ai aimé de pouvoir parler français à tout le monde de l'autre côté de l'Atlantique, j'ai aimé les villes – Québec et Montréal, très différentes l'une de l'autre mais chacune ayant ses propres attraits –, et j'y ai trouvé les gens très gentil, mais peut-être est-ce l'attrait du pourboire qui les pousse à s'intéresser à nous. Bref, le Québec, je m'en souviendrai (toujours le sens de la formule, Jean-Michel).

2 commentaires:

Unknown a dit…

Aaah vous commencez à me faire envie, ça m'a l'air top tip le Canada... Un gros bisou à Clotilde et à Aurore pour moi, take care.

Elisa a dit…

Oh... la belle brochette d'anciens ETI-diants :-) !!!
Julie, tu nous as trop manqué ! Faudra se faire un road trip avec toi un de ces 4...