jeudi 4 juin 2009

Nostalgic tour 2009

Jour 19: Vancouver

Avant de partir en voyage, j'ai dit à mon chef que j'irais à Vancouver et celui-ci a réagi en disant « Ah, c'est à Vancouver que pour la première fois, je me suis senti Européen », dans cette ville qui a à peine plus d'un siècle, donc pour ainsi dire, sans histoire. Mais si la ville elle-même n'a pas un passé très rempli, elle a une histoire pour moi qui y ai habité une courte année, et c'est cettte histoire que j'ai essayé de retrouver en sillonnant Vancouver aujourd'hui.

Pour ne pas faire tout Vancouver à pied, j'ai loué un vélo ce matin à l'auberge. Equipé de la bicyclette, du cadenas (recommandé, Vancouver est une des villes où il y a le plus de vols de vélos au Canada) et du casque (obligatoire en Colombie-Britannique), je suis parti du centre-ville pour aller sur le campus de l'Université de Colombie-Britannique (UBC), où j'ai passé le plus clair de mon temps pendant mon année à Vancouver. Avant de partir, j'avais demandé au gars de la réception de l'auberge combien de temps il fallait pour y aller à vélo et il m'avait répondu moins d'une heure, mais il y a une grosse côte. J'avais dû faire le trajet il y a neuf ans, quand j'avais un VTT, avant qu'un Allemand à vélo ne rentre dans ma roue avant et la voile. Ca c'est un des rares souvenirs que j'ai de Vancouver. Toujours est-il que je me rappelais comment aller à UBC depuis le centre, mais pas exactement combien de temps cela prenait. Le réceptionniste avait vu juste et il ne l'avait pas fumée, la côte. J'ai peiné, j'ai poussé sur les pédales, j'ai haleté, j'ai sué, mais j'y suis parvenu. Et après la côte, le campus.

J'ai été un peu déçu à mon arrivée sur le campus. Je pensais prendre des bouffées de souvenirs, mais j'avais parfois peine à me repérer, et les bâtiments et les lieux ne me semblaient pas si familiers. Le premier bâtiment que j'ai reconnu, c'est la bibliothèque, puis l'ancienne bibliothèque, qui, me semble-t-il, a bien changé. D'après mes souvenirs, c'était l'un des seuls bâtiments en pierre, qui ressemblait à un château et qui était parfois utilisé comme décor pour les séries et les films dont l'action est censée se dérouler en Grande-Bretagne; or là seule le bâtiment de l'entrée était resté tel quel et les ailes étaient de style plus récent. Mais je le répète, peut-être cela a toujours été ainsi. J'ai reconnu également le Student union building, du moins d'extérieur, mais à l'intérieur cela ne m'évoquait pas grand chose. Au sous-sol j'ai retrouvé le Pit Pub, où j'allais parfois danser et boire des bières à l'époque, et la cafeteria, où j'ai travaillé pendant mon deuxième semestre, essentiellement en tant que plongeur, mais sur la fin pour le Subway. A l'extérieur, j'ai reconnu la piscine, où j'aimais bien aller au sauna et au hammam. En revanche, j'avais peine à retrouver les bâtiments où j'avais cours, mais je crois que c'est parce qu'ils étaient en travaux.

Je me suis ensuite dirigé, toujours sur le campus, vers le « village », un ensemble de quelques commerces alignés, dont une pharmacie, un dépanneur alimentaire, une banque, un coiffeur et des petits restaurants rapides. Ca, c'est la description qu'on aurait pu en faire il y a neuf ans, or des immeubles d'habitation ont été construits derrière, avec des commerces au rez-de-chaussée, créant ainsi un vrai petit quartier commercial. J'ai emprunté la rue qui mène à Fairview Crescent, la résidence où j'habitais, mais je ne la reconnaissais absolument pas. J'ai même eu l'impression de m'être trompé de rue: les maisons qui, dans mon souvenir, bordaient la rue et abritaient des fraternités et des sororités ont été détruites et ont fait place à des immeubles d'habitation tout neufs et tout propres. Et puis juste au moment où je commençais à douter, j'ai vu l'entrée de la résidence, et là ça m'a fait un petit choc émotionnel. Pour le coup, là, rien n'a changé. Les petites maisons sont toujours là, et le café aussi. Je ne me souvenais plus exactement à quel numéro j'habitais. J'ai bien retrouvé l'entrée, mais je ne savais plus laquelle des trois portes était chez moi. J'ai fait le tour et j'ai reconnu la sortie de derrière, qui donne sur un petit parc avec un barbecue. Je me suis rendu à la réception de la résidence et j'ai demandé à la réceptionniste si elle avait dans ses fichiers des données concernant les anciens résidents, pour savoir mon numéro d'appartement. Visiblement, c'était la première fois qu'on lui adressait une telle requête car elle n'était pas sure de pouvoir faire ça, mais elle a retrouvé le numéro avec mon nom, en me demandant tout de même une pièce d'identité. Je suis retourné à mon ancien chez moi et j'ai sonné à la porte. Je ne savais pas bien ce que j'allais dire ou faire, peut-être demander à voir le salon et éventuellement ma chambre si c'était possible, mais personne n'a répondu et je n'ai pas insisté. J'ai quand même interpellé une jeune étudiante pour qu'elle me prenne en photo devant mon entrée. Evidemment, c'est pas commun comme demande, mais je lui ai expliqué mes raisons nostalgiques et elle s''est exécutée avec plaisir.

J'ai refait un tour sur le campus, sans trouver les courts de tennis où Sean et moi avions l'habitude de jouer le week-end, ni la maison internationale, où les étudiants en échange et étrangers en général venaient boire des coups ou occasionnellement faire la fête. J'ai demandé mon chemin à plusieurs reprises, mais même l'employé du campus que j'ai arrêté n'a pas su me dire. Je soupçonnais un destin tragique pour la maison internationale où Flo et moi avons gagné haut la main un premier prix de déguisement pour la fête d'Halloween.

Je suis ensuite retourné au « Village »,où je suis descendu à la petite food fair en espérant retrouver le petit resto japonais auquel j'avais l'habitude d'acheter un menu de sushis, tempuras et boeuf teriyaki et les cuisiniers et la caissière m'ont trouvé très bizarre quand j'ai demandé si cet établissement était déjà là il y a neuf ans. Je n'ai pas eu de réponse concrète, car ils n'étaient qu'employés et pas forcément très anglophones, mais j'ai estimé que c'était le même restaurant et je leur ai pris un menu qui ressemblait à ce que je prenais pas le passé.

Après avoir laissé le vélo plus haut, je me suis brièvement mêlé aux étudiants habillés pour la célébration de leur remise de diplôme, puis je suis passé par le musée d'anthropologie pour descendre sur la plage. Le jour où nous sommes arrivés sur le campus avec Yolaine, qui m'accompagnait depuis la France, la première chose que nous avons faite, c'est de descendre la falaise et d'aller voir la mer. Quelle ne fut pas notre surprise quand nous avons constaté que les gens ne portaient pas forcément de maillot de bain! En fait Wreck Beach est une plage nudiste réputée de Vancouver, juste au pied du campus de UBC. J'ai donc descendu les nombreuses marches qui permettent d'accéder à la plage, j'ai marché quelques centaines de mètres sur les galets et le sable sans trop faire le voyeur, puis je suis remonté par d'autres marches, ce qui constitua un bon exercice pour les cuisses.

J'ai marché un peu pour rejoindre mon vélo et j'ai retrouvé par hasard la maison internationale. J'en étais seulement à une rue un peu plus tôt. Enfin, j'ai chevauché ma bicyclette et je suis parti du campus avec un léger pincement au coeur.

Si le trajet aller a été laborieux à cause de la pente, le retour, lui, a été beaucoup plus marrant, la dure côte devenant une belle pente permettant d'avoir le visage rafraîchi par le vent. J'ai emprunté dès que possible le sentier qui longe la côte en passant par la plage de Kitsilano, l'île de Granville, faisant tout le tour de la baie pour rejoindre le centre-ville puis le parc Stanley. Cela m'a permis de passer par des endroits où je n'étais presque jamais allé. Le sentier est très bien aménagé et plutôt varié. On passe à côté de marinas, le long de parcs où se prélassent les gens en bas des tours d'habitation, on traverse des zones branchées, etc. J'ai fait le tour du parc Stanley, pensant pouvoir également longer la côte, mais – je l'ai compris un peu tard – la circulation pour les vélos sur ce chemin ne se fait que dans un seul sens. J'ai donc dû refaire travailler mes jambes en rentrant à l'intérieur du parc, qui est plus en altitude. Mais c'est bien, ça m'a permis de voir autre chose et de rester à l'ombre des grands arbres de la forêt.

Le tour du parc terminé, je suis arrivé à Canada Place, un des symboles de Vancouver, qui n'a pas vraiment un grand intérêt pour le touriste. C'est là que s'achevait la piste de promenade le long de la côte. J'ai quand même continué mon exploration de la ville en allant à Gastown, le quartier dit « historique » de la ville, avec sa rue pavée, ses boutiques et son horloge à vapeur. Puis j'ai emprunté une rue glauquissime de marginaux pour rejoindre le quartier chinois. A peine sorti de Gastown, les gens avaient en effet tous l'air bizarres, parlant tout seul, tirant des caddies remplis de bric et de broc. Ils étaient tous réunis là. J'ai remonté la rue du quartier chinois, pas particulièrement animé, mais c'est vrai qu'il y avait des devantures écrites en chinois; ceci dit, presque partout à Vancouver il y a des magasins chinois et asiatiques en général. D'après mes souvenirs, il y a en effet au moins 30% d'Asiatiques à Vancouver.

Vers 20h, je suis revenu à l'auberge rendre, fourbu, ma monture de la journée, après avoir terminé par un dernier petit tour dans quelques rues du centre-ville. J'ai pris une douche pour me remettre des kilomètres de cyclisme, puis je suis ressorti manger des sushis (je profite de mon court séjour à Vancouver pour manger d'excellents sushis). La réceptionniste de l'auberge m'a conseillé un restaurant à volonté où l'on mange japonais et barbecue coréen. J'ai bien aimé. Comme je n'avais pas fait assez de sport, j'ai encore marché une heure dans le centre, profitant de l'animation et du beau temps, ce qui n'était pas gagné d'avance, Vancouver étant connue pour son climat pluvieux toute l'année. Enfin, je suis rentré à l'auberge pour m'endormir sur ce récit.

mercredi 3 juin 2009

A la recherche des souvenirs perdus

Jour 18: Port Angeles, Washington, Etats-Unis – Vancouver, Colombie-Britannique, Canada

Kilomètres parcourus: 555

Ouh, l'excitation! Certes, tout la traversée a été excitante et l'arrivée sur le Pacifique particulièrement, mais finalement, l'un des objectifs principaux de ce voyage est de retourner à Vancouver, où j'ai étudié une année scolaire il y a de cela neuf ans. Au plaisir de retrouver des lieux et des sensations, s'ajoute le soulagement de ne plus avoir à conduire et de ne plus se soucier de la Kia de location. Cette arrivée à Vancouver, j'aurais voulu la faire en train, car – je me répète – j'aime le train, mais bien que la liaison Seattle-Vancouver ait été rétablie il y a quelques années, il n'y a qu'un train par jour et l'horaire ne convenait pas à mes obligations touristiques. Je suis tout de même dans un bus affrété par Amtrak, la compagnie ferroviaire des Etats-Unis, j'ai du temps pour raconter ma journée de voyage, et nous venons de doubler une Peugeot 504 immatriculée dans l'Etat de Washington. C'est la première que je vois de tout mon voyage, mais je me souviens en avoir vu deux ou trois de ce modèle lorsque j'étais à Vancouver, justement, mais jamais immatriculée aux Etats-Unis.

Mais parlons donc de ma journée. Je l'ai passée essentiellement sur la côte nord de la péninsule Olympique, dans les villes de Port Angeles et Port Townsend. J'ai failli revenir sur ma bonne impression d'hier de Port Angeles quand j'ai garé la voiture dans le centre pour y marcher. J'ai marché sur le front de mer, mais c'était industriel, « décadent » et franchement pas beau, jusqu'à ce que je m'aperçoive que j'étais parti dans le mauvais sens. Je suis donc revenu sur mes pas et j'ai découvert un petit port tranquille, sans prétentions, mais pas moche, dans le contexte américain.

J'ai poursuivi ma route vers Port Townsend, qui est plus petit que Port Angeles, mais davantage considéré comme une attraction touristique. Déjà, la ville n'est pas sur une route principale, il faut emprunter une route qui ne va qu'à Port Townsend pour s'y rendre, ce qui l'a épargnée des zones artisanales hideuses, remplies de chaînes de fast-food et de motels, qui s'étalent autour des petites villes. Eh bien si je devais vivre dans une petite ville des Etats-Unis, ce serait ici. Les gens ont l'air détendus, la ville baigne dans la mer au pied de la montagne et les bâtiments, aussi vieux qu'ils peuvent l'être dans une ville de l'Ouest des Etats-Unis, donnent un cachet authentique à l'ensemble. J'imagine qu'en été ça doit pulluler de citadins de Seattle, de Vancouver et de Victoria, qui viennent passer la journée pour trouver un peu de répit de la grande ville.

Selon mon planning, je devais dormir à Aberdeen et faire ce matin plus ou moins la route que j'ai faite hier soir, mais comme j'étais déjà quasiment sur place ce matin, j'avais tout le temps pour flâner, admirer la mer, me faire appeler par Julie à un téléphone public (j'attendais devant le poste de police que le téléphone sonne, j'avais l'impression d'être dans un de ces films d'espionnage ou d'action), et selon le GPS fourni par l'agence de location de voiture et Googlemaps, je n'étais qu'à une heure et demie de Seattle, où je devais rendre la voiture à 17h00 pour pouvoir prendre le bus pour Vancouver à 18h30. Tout cela me laissait pas mal de marge et, lassé des hamburgers et des pizzas, je suis rentré prendre le plat du jour dans un restaurant thaïlandais: de la sole aux champignons, poivrons, petits épis de maïs et curry. C'était vraiment super bon et mon corps m'a dit merci de ne plus lui donner de graisses saturées.


Agrandir le plan

Je suis parti de Port Townsend vers 13h00, ce qui me laissait du temps pour arriver tranquillement à Seattle, rendre la voiture, trouver la gare et même peut-être me balader, or c'était sans compter sur la malchance de fin de parcours. Comme je me trouvais sur une péninsule et que Seattle se trouvait de l'autre côté de la péninsule, Googlemaps m'indiquait qu'il fallait que je prenne un ferry qui m'emmènerait directement en plein centre de Seattle. Le GPS, quant à lui, me disait de prendre un pont, ce qui rendait le trajet encore plus court. En sortant de Port Townsend, j'ai vu des énormes panneaux indiquant que le pont était fermé. J'ai vérifié sur le GPS que c'était bien le pont qu'il voulait me faire prendre et, en effet, c'était bien celui-là. Je ne me suis pas inquiété, pensant que l'accès aux ferries serait bien indiqué, mais nenni. J'ai donc continué ma route vers le sud, cependant que le GPS, ignorant totalement que le pont était fermé, m'ordonnait régulièrement de faire demi-tour. J'ai fini par l'éteindre et j'espérais trouver un petit commerce sur la route pour demander mon chemin. Malheureusement, cette route n'était bordée que de forêts et de champs, et je me voyais mal frapper chez un paysan pour lui demander comment faire pour aller à la grande ville. Finalement, à l'entrée d'un village j'ai trouvé une quincaillerie ouverte où les gens, très aimables, m'ont dit qu'il fallait que je redescende tout le long de la baie jusqu'à la capitale de l'Etat, Olympia, puis que je remonte le long de la baie jusqu'à Seattle, ce qui doublait le temps de parcours. Heureusement que j'avais prévu large, parce que sinon, j'aurais certainement loupé mon bus. J'ai donc fait cette route, en continuant à descendre par la route le long de la baie où les voitures se suivaient à la queue-leu-leu le long de la baie, et remontant sur l'I-5 que j'ai prise hier, toujours aussi fréquentée et stressante. La plupart du temps, le GPS, c'était surtout un gadget, mais je dois reconnaître qu'il m'a été bien utile à certains moments, même si parfois il m'invitait à prendre une bretelle de sortie d'autoroute à contresens ou qu'il inventait des routes. Notamment, je ne sais pas comment j'aurais pu trouver l'hôtel Hilton, où je devais rendre la voiture à Seattle, sans mon ami le GPS. J'ai entré l'adresse exacte de l'hôtel, et j'ai suivi les indications de la machine et pof pof, l'autoroute, la sortie, une autre sortie, on reste à droite, on se met à gauche et tiens voilà l'entrée du parking et le tour était joué. Sans le GPS, je serais peut-être encore en train de tourner dans le centre-ville, tentant de demander mon chemin à des passants, gênant la circulation et manquant de causer des accidents en regardant une carte.

La bonne surprise du jour – il y en a une presque tous les jours – c'est que le tarif qu'on m'avait donné à Chicago quand j'ai récupéré la voiture a été confirmé, et il s'avère bien moins élevé que celui que j'avais accepté lors de la réservation sur Internet. J'ai l'impression qu'on ne m'a pas facturé de frais de restitution dans un autre Etat. Lorsque j'ai rendu les clés de la voiture, la dame de l'agence a fait les gros yeux quand elle a vu que j'arrivais de Chicago. Et j'ai cru qu'ils allaient sortir de leurs orbites quand elle a vu que j'étais le seul conducteur enregistré, et que donc j'avais fait la route tout seul. « Ca a dû être drôle », qu'elle a commenté. Ben oui, plus que tu ne le penses, mais c'est vrai que j'ai enchaîné les kilomètres. Je savais à quoi je m'attendais et franchement, c'est mieux passé que je ne le pensais au départ. J'avais des craintes, mais c'était le seul moyen pour aller à Yellowstone et profiter du parc. Du coup, comme j'étais en voiture, j'en ai profité pour voir d'autres choses, qu'on ne voit pas d'un train ou d'un bus, comme le palais de maïs, le barrage de Grand Coulee, le village bavarois de Leavenworth, la plage d'Ocean Shores et Port Townsend, donc je n'ai absolument aucun regret.

J'ai demandé à la dame du comptoir si la gare était loin d'ici; en fait je savais qu'elle n'était pas loin et je voulais simplement qu'elle me donne la direction. Néanmoins, ce que je sais n'est pas toujours juste et elle m'a conseillé de prendre un bus, ce que j'ai fait et qui n'était pas du luxe, vu le nombre de pâtés de maisons qu'il y avait à parcourir. Je suis rentré dans le premier bus qui s'est arrêté sur la 3e avenue et j'ai demandé au chauffeur s'il allait vers la gare. En me répondant positivement, je me disais qu'il ressemblait à Ray Charles derrière ses lunettes de soleil, et qu'il était sûrement aveugle, avant de me rendre compte de l'absurdité de ma réflexion. C'est bizarre que les chauffeurs de bus me fassent penser à des stars de la musique. Déjà, entre Detroit et Chicago, le chauffeur avait des airs de James Brown et je m'attendais à le voir faire le grand écart en sortant les valises de la soute.

En sortant du bus je me suis dirigé vers l'Union Station Building, que je pensais à tort être la gare, j'en ai fait le tour avec ma réservation en main et mes deux sacs sur les épaules, sans trouver de hall de gare. Je suis descendu au niveau des bus urbains, et j'ai demandé mon chemin à un employé de la sécurité, urbain lui aussi, qui m'a dit de traverser la rue. Il y avait bien un bâtiment là, avec un campanile donnant l'heure, et je voyais des voies ferrées en contrebas, mais il semblait y avoir des travaux tout autour du bâtiment et il semblait impossible d'y rentrer. Je suis descendu sur les quais, mais il ne s'agissait pas des trains Amtrak. De toute façon je ne prenais pas un train, mais je voulais avoir des renseignements sur ma réservation et savoir où prendre le bus. Finalement, j'ai fait le tour du bâtiment et il n'était pas complètement désaffecté. C'était bien là qu'il fallait que j'aille. A tourner en rond comme ça je commençais à avoir peur de louper ce bus.

Le bus est enfin parti après avoir attendu un train pour la correspondance, puis après avoir roulé environ deux heures, nous avons fait un arrêt de 10 minutes au duty free à la frontière, puis nous avons passé le contrôle douanier. J'ai dû répondre aux questions sèches d'un agent des douanes, qui m'a demandé combien de jours je restais, ce que j'allais faire au Canada, ce que j'ai fait aux Etats-Unis, etc. Et j'ai même pas eu un tampon dans mon passeport. La déception. Pas de vérification des bagages, ça a été expédié beaucoup plus rapidement qu'à la douane américaine l'autre jour à Detroit.

Me voilà donc de retour au Canada. Ca me soulage un peu parce que malgré la gentillesse des gens que j'ai rencontrés aux Etats-Unis, je continue de penser que le Canada est un pays plus accueillant et plus bienveillant à l'égard des étrangers. Le bus file vers Vancouver. Le soleil est en train de se coucher à l'ouest (là où il se couche toujours) et le ciel à l'horizon prend des teintes orangées au-dessus des montagnes toutes proches.

Je dois bien le reconnaître, je suis complètement paumé à Vancouver. La gare, où s'est arrêté le bus, ne me disait rien et je ne me souvenais pas qu'elle était si éloignée du centre. Devant la gare, un taxi s'est arrêté à côté de moi et un Français à l'arrière m'a dit qu'il allait à l'auberge de jeunesse de Granville et que, si je voulais, on pouvait partager un taxi. Je lui ai dit que je préférais marcher et, en effet, j'ai marché jusqu'à l'auberge de jeunesse – sans vraiment savoir où se trouvait la rue, d'ailleurs – en essayant de me réorienter et pour tenter de retrouver les sensations de Vancouver. Certains noms de rue me disaient bien quelque chose, mais je ne me souvenais plus dans quel sens elle étaient orientées. Les seules choses que je savais pour sûr, c'est l'orientation de la rue Granville et où se trouve la tour avec la vue panoramique au sommet. Après quelques détours j'ai trouvé Granville, qui est en chantier total, et je l'ai descendue jusqu'au pont, pensant trouver là la rue de l'auberge. J'ai demandé mon chemin et un jeune m'a indiqué qu'elle ne se trouvait pas loin. En tout j'ai marché environ trois quart d'heures avec mes sacs et comme la nuit est chaude ce soir à Vancouver, je suis arrivé en nage à l'auberge. Là se trouvait mon Français du taxi, qui finalement n'allait pas à l'auberge de Granville.

La réceptionniste m'a appris que j'avais réservé à partir de demain, mais elle m'a trouvé une chambre. Je me suis installé et je suis ressorti aussitôt pour aller manger des sushis, et ce quu'on peut dire, c'est que les restos japonais ils se foutent pas de ta gueule ici. De belles portions, pas cher et surtout, les meilleurs sushis du monde!

mardi 2 juin 2009

Prost! et usque ad mare

Jour 17: Wenatchee, WA – Port Angeles, WA

Kilomètres parcourus: 709

J'ai été réveillé très tôt non pas à cause du décalage horaire, mais par d'insupportables démangeaisons. Elles ont commencé déjà hier, mais elles n'étaient pas très gênantes et je pensais qu'il s'agissait de piqûres de moustiques. Ce matin, cependant, je me suis aperçu que j'ai les bras, les jambes et le cou recouverts de petites bosses avec un petit point au milieu, qui démangent énormément. Puisque ces démangeaisons ne se trouvent que sur les parties du corps qui sont découvertes pendant la nuit, je pense qu'il devait y avoir des puces ou je ne sais quoi dans le lit à Yellowstone. Décidément, cet hôtel ne m'a pas réussi. Heureusement que je ne dors pas complètement à poil !

Malgré la gêne causée par ce problème cutané, cela ne m'a pas empêché de continuer à faire le touriste. A une vingtaine de minutes de Wenachee, se trouve l'un des endroits les plus singuliers au monde. Là, perdu dans la montagne au fin fond des Etats-Unis se trouve Leavenworth, un village... bavarois. Dans les années 60, cette petite ville qui sombrait dans le déclin a décidé de donner un coup de fouet à son économie en opérant une transformation radicale. Les damiers bleu et blanc ont commencé à fleurir, les façades ont été peintes et décorées à la mode germaniques, Welcome a fait place à Wilkommen et 10th street est devenue Festhalle Strasse. Il y a même des gens qui sont vêtus d'habits traditionnels bavarois et tout le monde joue le jeu: les chaînes commerciales comme Subway ou McDonald's se sont donné la peine de faire des enseignes en caractères germaniques entourés d'edelweiss. C'est très déconcertant. On se dit que les gens ont complètement pété un cable dans ce bled, mais je dois avouer que le résultat est, certes un peu kitsch, mais assez réussi, selon moi. Bien sûr, ça n'est pas la Bavière, surtout pas la Bavière contemporaine, et on mélange un peu tout, la Bavière, l'Allemagne, l'Autriche, la Suisse (et même le Liechtenstein), mais Leavenworth peut s'enorgueillir d'un certain charme qui manque à la plupart des villes de la même taille en Amérique du Nord. Je suis reparti de là un peu consterné, mais surtout amusé par les efforts qui ont été déployés pour donner l'illusion d'un village bavarois et tenter de donner un cachet créé de toutes pièces à cette ville.

J'ai repris la route après m'être promené une demie heure dans les rues de Leavenworth, direction l'ouest et l'océan Pacifique. J'ai roulé plusieurs heures à travers un paysage qui, pour une fois, n'avait rien d'exceptionnel, ou peut-être était-ce parce que je me suis lassé? J'ai donc repris l'I-90, puis j'ai rejoint l'Interstate 5 – l'autoroute qui va de la frontière canadienne à la frontière mexicaine, qu'on avait prise avec Thomas, Seb et Yolaine quand nous sommes allés en Californie en décembre 1999 – au sud de Seattle. Depuis que j'ai repris l'autoroute aujourd'hui, la chaussée est très mauvaise, pas du tout régulière et bruyante. Sur l'I-5 à cela s'ajoute la circulation extrêmement dense. Les aires de repos sont très rare au bord des autoroutes américaines, mais de toute la journée je n'en ai même pas vu une seule, donc j'ai continué à rouler, jusqu'à ce que je sorte de l'I-5, pour aller vers l'ouest. Je me suis quand même résolu à sortir de la voie rapide pour aller ravitailler mon réservoir et manger un morceau, puis j'ai cherché un coin tranquille à l'ombre, ce qui n'a pas été chose facile, pour y faire un petit somme dans la voiture.

Ceci fait, j'ai repris la route et je suis sorti à Aberdeen. C'était une erreur de ma part. Selon mon planning, c'est là que je devais faire étape pour la nuit, mais comme il était encore tôt, j'ai préféré m'arrêter plus loin. Je ne me suis pas attardé à Aberdeen, et d'ailleurs je n'ai même pas vu le centre, préférant les embruns de l'océan Pacifique à la ville de naissance de Kurt Cobain. Vers quatre heures, j'ai aperçu depuis la route l'océan Pacifique, et un quart d'heure plus tard, je marchais sur la plage. Il y a 15 jours j'étais à l'autre bout du continent, face à l'océan Atlantique et après avoir traversé quatre provinces canadiennes, dix Etats des Etats-Unis et cinq fuseaux horaires, je suis arrivé à l'autre mer. J'ai pris un moment pour tremper les mains dans l'eau (pas trop froide) et marcher un peu en prenant l'air frais du large, puis je suis reparti à travers la péninsule Olympique, dans l'ouest de l'Etat de Washington, traversant des forêts d'arbre géants sur une route sinueuse où j'étais presque tout seul. Je pense que cela joue beaucoup pour déterminer si une route me plaît ou pas. Si elle est très fréquentée, c'est stressant et on ne profite pas du paysage; si ne croise pas une voiture sur plusieurs kilomètres, c'est beau et reposant, ce qui est souvent le cas en fin de journée sur les route éloignées des centres urbains.

Je me suis arrêté à Port Angeles pour la nuit. J'irai jeter un coup d'oeil à cette petite ville demain, car en la traversant tout à l'heure, elle avait l'air assez charmante. Au loin, on peut voir l'île canadienne de Vancouver, où se trouve la capitale de la Colombie-Britannique, Victoria.

lundi 1 juin 2009

Quatre Etats, un fuseau horaire et un barrage plus loin...

Jour 16: Parc national de Yellowstone, Wyoming – Wenatchee, Washington
Kilomètres parcourus:1069
Je me suis réveillé tard et pas très reposé. J'ai vite rangé mes affaires, je suis vite allé au magasin chercher un petit déjeuner et j'ai pu décoller à 9h30. La route qui permet de rejoindre l'autoroute est très bonne et on a le droit d'y rouler presque aussi vite que sur l'autoroute. Ensuite, j'ai enchaîné les kilomètres, à l'américaine, ne m'arrêtant que pour remplir le réservoir. Pour la deuxième fois, je me suis fait peur aujourd'hui, craignant tomber en panne sèche sur l'autoroute. Dans ces contrées paumées, on est en droit de penser que la prochaine pompe à essence se trouve à plusieurs centaines de kilomètres, mais non, d'après ce que j'ai vu, on en trouve partout. Comme j'avais peur de ne plus avoir d'essence, je me suis arrêté à midi dans un trou paumé. Il n'y avait que cette station essence, qui était aussi un bar et un petit magasin. Je suppose que sa seule raison d'être est l'autouroute.
J'ai roulé à travers le Montana, puis j'ai traversé un bout de l'Idaho avant d'arriver dans l'Etat de Washington, qui devrait être le dernier Etat que je visite au cours de mon voyage. Avant que l'autoroute n'entre dans les montagnes rocheuses, on traverse des paysages de collines verdoyantes qui m'ont rappelé la Suisse. Je pouvais presque voir des chalets au-dessus des collines. Puis l'autoroute s'enfonce dans les Rocheuses, sinuant pour atteindre de petits cols, mettant à mal les camions et les caravanes qui peinent dans les montées. Le paysage de montagne que l'on traverse n'est pas très impressionnant, il n'y a pas de hauts sommets enneigés, ni de chaîne de montagnes se découpant au loin.
Après ces trois jours et quelques passés loin de toute concentration importante de population, cela m'a fait bizarre de passer à côté de la ville de Coeur d'Alene, qui n'est pas vraiment une mégapole, plutôt une petite station balnéaire située au bord d'un lac, mais c'est probablement la plus grosse ville que j'ai vue depuis Chicago. Ce fut encore pire en arrivant à Spokane, qui est le gros centre de l'est de l'Etat de Washington. J'ai voulu y jeter un coup d'œil car le Lonely Planet semblait trouver la ville intéressante, mais je ne suis même pas sorti de la voiture. Je n'y ai rien trouvé d'intéressant de mon point de vue d'automobiliste descendant la rue principale dans le centre.
A Spokane, je me suis éloigné de l'I-90 pour aller à Coulee Dam, un immense barrage, qui serait l'un des plus grands du monde. La route pour s'y rendre fétait très belle, filant tout droit en embrassant le paysage vallonné recouvert de champs vert pétant. Cà et là de petites fermes ponctuaient d'une touche de civilisation cette vision rurale.
La déception du jour, c'est le barrage de Coulee. Je pensais voir un ouvrage d'ingénierie monumental, mais en fait c'est rien qu'un gros barrage. Ca casse pas trois pattes à un canard, comme on dit. Le plus intéressant, c'est les animaux qui ont élu domicile dans la pelouse de l'aire de picnic au bord de la rivière en bas du barrage. D'après moi ça ressemble à des marmottes, mais je n'y connais pas grand chose. Il y en avait des dizaines, courant partout, sans être très effrayées par ma présence.
J'avais prévu de faire étape là, mais comme il était encore tôt, j'ai décidé de me rapprocher de la ville que je voulais voir ensuite, Leavenworth. Et là, j'ai eu la bonne surprise de la journée: la route traverse un paysage spectaculaire, tout d'abord dans un canyon, en longeant un lac de retenue d'un barrage (un autre), puis à travers des champs, filant tout droit sur des kilomètres et des kilomètres. Elle traverse même quelques villages qui ne sont pas du tout dénués de charme, aussi surprenant que cela puisse paraître en ce qui concerne des villages de l'ouest des Etats-Unis. Je m'étais dit que je m'arrêterait dans le premier motel que je trouverais sur le bord de la route, mais dans cette région, il n'y a rien, les villages sont trop petits, et j'ai dû prendre mon mal en patience – je conduisais depuis près de dix heures – et attendre la ville au nom surprenant de Wenatchee pour trouver ce que je cherchais, à savoir un hôtel Super 8. Comme je savais à quoi m'attendre au niveau du prix et de la qualité, c'est cet hôtel particulièrement que je cherchais. Contrastant avec les magnifiques paysages que j'ai vus dans la région, la zone où se trouve l'hôtel est pas loin d'être hideuse, avec des enseignes de fast-food tout le long de la route. On se croirait dans une version cheap du Strip de Las Vegas, sans les machines à sous. Au Super 8, j'ai été accueilli par un interrogatoire digne de la Stasi, mené par un Sud-Asiatique pas très porté sur le sourire. Il m'a recommandé d'aller manger en face chez Denny, ce que j'ai fait, et là aussi la serveuse ne s'est pas montrée franchement aimable, me prenant à moitié pour un con et j'aime pas ça. Elle ne méritait pas son pourboire obligatoire, mais bon, je la pardonne, j'ai vu où elle bossait et habitait.

Waaah ! - 2e partie

Jour 15: Yellowstone

J'ai tellement pris de photos au cours de ce voyage, et notamment à Yellowstone et dans la montagne, que j'ai dû vider la carte mémoire de 4 Go (!) de mon appareil photo. Heureusement que j'ai pris mon ordinateur avec moi pour transférer régulièrement les photos et les vidéos!

Je pense que j'ai vraiment de la chance. Déjà j'ai la possibilité de faire un voyage comme celui-là, mais en plus le temps est avec moi, en tout cas à Yellowstone: un beau ciel bleu ponctué de nuages blancs moutonneux. Parfait pour les photos. C'est vrai que si le temps avait été moins clément, j'aurais probablement moins apprécié les balades dans la forêt et à travers les geysers.

Je n'avais pas mis de réveil hier soir, certain que les enfants dormant dans la pièce à côté me réveilleraient bien assez tôt, et mon intuition s'est révélée juste. Je suis allé acheter un petit déjeuner tout prêt à la petite supérette du coin et je me suis préparé à partir pour faire une randonnée dans ma zone. La ranger d'hier m'avait promis des chutes d'eau spectaculaires. Cependant, juste au moment où je suis parti, j'ai jugé bon de ne pas faire cette randonnée, car le prospectus prévoyait 5-6 heures et même si je pensais la faire en moins de temps, je voulais avant tout voir les particularités géothermiques des zones de Norris (oui, comme Chuck Norris) et de Old Faithful, cette dernière étant à plus d'une heure de route de là où je loge. J'ai eu un éclair de génie en prenant cette décision, car j'ai quand même bien utilisé mes chaussures et fait travailler mes jambes en visitant ces deux zones, et je suis rentré à l'hôtel à 20h30.

Mon nouveau premier objectif était désormais Norris, qui est la zone ayant la plus forte activité géothermique dans le parc. J'ai suivi la route la plus courte pour m'y rendre, en empruntant parfois des déviations spécialement faites pour passer par un endroit plus scénique, comme le long d'un torrent de montagne au pied d'une falaise. A Norris, il y a un sentier sur caillebotis à suivre, dans un sens ou dans l'autre, pour découvrir les geysers, les sources chaudes, les ruisseaux multicolores, les cheminées de fumée et toutes les autres merveilles. Partout, de la vapeur s'échappe de la terre et des l'on entend de l'eau bouillir quasiment où que l'on soit. J'ai vu le plus grand geyser au monde... enfin j'ai vu où se trouve le plus grand geyser du monde quand il est en forme, parce que l'intervalle entre ses manifestations peut être de plusieurs années. On voyait quand même un peu d'eau projetée en l'air. Il y avait également des puits d'eau couleur lagon tropical entourés de lisérés rouges et jaunes, trahissant la présence des bactéries thermophiles. Merci à elles pour les couleurs. J'ai suivi le chemin comme ça pendant deux bonnes heures, à m'émerveiller devant les paysages et les particularités géothermiques, attendant les manifestations des geysers les plus réguliers, traversant des paysages quasi lunaires aux couleurs de porcelaine. Tout était magnifique. La promenade n'offrait que très peu d'ombre et le soleil implacable a eu raison de ma peau, déjà bien mise à mal par la journée ensoleillée de la veille et, avant ça, de Toronto et de Montréal.

J'ai repris la voiture pour aller en direction de ZE attraction du parc de Yellowstone, le geyser Old Faithful. Je me suis arrêté une ou deux fois peut-être pour prendre des photos des magnifiques paysages de rivière serpentant dans la prairie, en roulant tranquillement pour mieux observer les bisons au bord de la route. Le temps d'arriver à Old Faithful, il était déjà 13h30 et la marche du matin avait bien entamé mon énergie. Je suis donc allé dans un café servant de la « nourriture américaine » et j'en ai profité pour écrire quelques cartes postales et me poser un instant après manger.

J'ai commencé l'exploration de la zone par le symbole du parc de Yellowstone, le phénomène le mieux mis en valeur, avec une allée menant droit à lui, entouré d'une promenade bétonnée équipée de bancs pour mieux l'observer: le geyser Old Faithful. La régularité de ce geyser fait que c'est un spectacle facile à observer. De plus, il projette de l'eau assez haut, à cinq ou six mètres peut-être, ce qui le rend assez impressionnant. Apparemment, la fréquence des manifestations tend à se réduire, à cause de l'évolution de l'activité souterraine, mais je dirais que l'eau est projetée au moins une fois par heure, et probablement plus. Comme des centaines d'autres personnes, j'ai regardé le vieux fidèle faire son show, qui dure trois ou quatre minutes, puis je suis ensuite monté sur la colline d'à côté vers un point d'observation, mais comme je venais de voir l'éruption du geyser, il n'y avait plus rien à voir depuis là-haut. La promenade était toutefois sympathique. J'ai suivi le chemin qui passe par tous les geysers du coin. Apparemment, Yellowstone a la plus forte concentration de geysers au monde. Mais alors il lui reste quoi, à l'Islande ?

Là encore, en suivant ce chemin, j'ai vu des couleurs incroyables, des phénomènes impressionnants, des cheminées siffler, des trous d'eau dans lesquels on voudrait plonger tellement l'eau est bleue, en gros, il y avait matière à l'exaltation. En fait, j'ai vu aujourd'hui des dizaines de geysers, de sources, de puits d'eau chaude, parfois très similaires, mais à chaque fois je ne pouvais pas m'empêcher de marmonner « Waaaah, c'est beauuu ». Le risque, c'est d'être blasé à force. On voit dans ce parc des paysages et des phénomènes tellement extraordinaires qu'on ne fait même plus attention aux banales chutes d'eau ou aux petits geysers.

Sur le chemin, j'ai commencé à entendre gronder le tonnerre. Au loin, au nord, le ciel s'assombrissait et on voyait qu'il pleuvait. Le vent s'est mis à souffler très fort. D'un côté j'étais content que le soleil s'arrête de faire des cloques dans ma nuque, mais d'un autre, il commençait à faire assez froid. J'avais un pull – mon inséparable gilet noir – et une veste, mais malin comme je suis, j'avais laissé le tout dans la voiture. Heureusement, les fumerolles qui s'échappaient des sources chaudes et des geysers me réchauffaient. Je savais qu'il allait pleuvoir, mais je voulais continuer à voir les geysers, alors j'ai pressé le pas et quand il s'est mis à pleuvoir fort, j'ai couru me réfugier dans des toilettes, seul endroit en dur où s'abriter. J'ai attendu là un petit quart d'heure, sortant de temps en temps pour voir si je pouvais supporter la pluie, et allant voir, tout proche, la source Morning Glory, un autre symbole du parc. Il s'agit d'un trou rempli d'une eau d'un bleu intense, comme souvent auréolé de rouge et de jaune. La bêtise fait que ce phénomène court un risque, car les gens y jettent depuis des années des pièces, leurs déchets ou des pierres, ce qui a eu pour résultat de bloquer les canalisations, mettant en péril l'équilibre qui donne ce résultat si magnifique.

Lorsque la pluie s'est calmée j'ai poursuivi mon chemin jusqu'à d'autres bassins de geysers, offrant aux yeux des phénomènes tout aussi spectaculaires, puis je suis revenu à la voiture, après avoir marché en tout certainement plus de trois heures. Ce matin, j'avais largement surestimé le temps dont je disposais, car je comptais faire tout ce que j'ai fait, mais aussi faire la randonnée près de chez moi et rentrer à l'hôtel en prenant le bout de la route de Yellowstone que je n'avais pas encore empruntée. Or quand je suis arrivé à la voiture, il était déjà 19h30, et il y avait plus d'une heure pour retourner jusqu'à Mammoth Hot Springs par la route la plus directe. J'ai donc renoncé à retourner voir le lac Yellowstone et j'ai repris la route directe.

En arrivant à pied de retour de ma longue promenade dans la zone de Old Faithful, j'ai croisé un type – à moitié édenté qui sortait d'une voiture immatriculée PEGGY – qui me demande où sont les bisons. Je lui réponds qu'ils sont partout, mais pas trop à proximité des geysers, surtout quand il y a des gens, même si on voit qu'ils ont laissé leurs bouses. Lui me dit que ça fait trois jours qu'il est là et qu'il n'en a pas vu un. Là dans ma tête je me dis qu'il est bizarre, ce type, parce que moi, à chaque fois que je prends la voiture, j'en vois soit dans la prairie, soit même au bord de la route. Sur le chemin du retour, j'ai repensé à ce qu'il m'avait dit, estimant que, décidément, il était pas normal, parce que des bisons, il y en a partout. En une heure, j'ai même été arrêté deux fois par des troupeaux de bisons marchant sur la route, occupant la chaussée en maîtres absolus des lieux.

Je suis passé à ma chambre juste le temps de me changer et de prendre le nécessaire pour descendre « en ville », à Gardiner, le bled qui se trouve juste à la sortie nord du parc, où je suis allé hier. On m'avait dit qu'il y avait une laverie là et donc j'ai tenté ma chance, malgré l'heure. Au pire ce serait toujours l'occasion de manger et de boire un coup dans un bar. Il y a deux laveries à Gardiner et les deux fermaient visiblement assez tard pour que je puisse faire ma lessive, mais il était quand même 21h00 passées et il me restait peu de temps pour faire le lavage et le séchage avant 22h et la fermeture. J'ai réussi à tout faire, même si j'aurais pu faire un séchage plus long (pourtant, personne n'est venu fermer la boutique), puis je suis allé manger dans un bar à côté. J'ai commandé une pizza moyenne, mais j'avais oublié qu'en Amérique, tout est plus grand. A la fin de ma première part, j'ai constaté que ce n'était que ma première part. J'étais idéalement assis, en face de la télé qui diffusait un concours de rodéo. Je regardais ça, fasciné, en écoutant la musique country qu'on passait dans le bar (et une petite Américaine à la voix nasillarde qui parlait un peu trop fort, comme beaucoup d'Américains). J'étais près de l'entrée, et je me suis marré en voyant sortir du bar un vieux accompagné d'une vieille bimbo bourrée, tous deux coiffés d'un stetson, pour se diriger vers le pick-up du vieux. Pour le coup, j'ai un une sacrée bouffée d'Amérique d'un seul coup.

Avant de retourner à mon hôtel déprimant, je me suis arrêté devant le magasin de souvenirs d'hier où je m'étais connecté à Internet. Le réseau wi-fi marchait toujours alors j'ai passé au moins une heure dans la voiture à m'occuper de mon blog. Je n'étais pas le seul à avoir eu cette idée. Un type était assis avec son ordinateur sur la terrasse à côté.

dimanche 31 mai 2009

Waaaah !

Jour 14: Cody, WY – Mammoth Hot Springs, Parc national de Yellowstone, WY

Kilomètres parcourus: 207

Lorsqu'ils ont raconté ce qu'ils avaient vu dans la région de Yellowstone, les deux premier explorateurs européens successifs de la zone auraient été accueillis avec scepticisme, tant ce qu'ils disaient devait ressembler à un genre d'hallucination. Moi même j'ai cru halluciner aujourd'hui. Le parc de Yellowstone et à la hauteur de sa réputation.

L'arrivée n'est pourtant pas des plus impressionnantes. Après avoir payé un droit de séjour de 25 dollars à l'entrée est, on suit une route sinueuse bordée d'arbres qui semblent morts ou brûlés. Et puis soudain apparaît le lac de Yellowstone, et au loin, des montagnes enneigées. On descend petit à petit au niveau du lac, que l'on longe sur quelques kilomètres. Le paysage est très beau, s'il n'y avait pas tous les autres touristes, on pourrait communier avec la nature. Nous sommes en montagne et les températures sont fraîches, si bien que certaines parties du lac sont encore gelées. De nombreux points ont été prévus le long de la route pour s'arrêter et prendre des photos, et je n'ai pas manqué de le faire. J'ai roulé comme ça quelques kilomètres, m'arrêtant brièvement de temps à autres pour tenter de prendre de belles photos, et à un moment, j'ai remarqué que des fumerolles se dégageaient du bord du lac. Ca y est, ça commençait. Les bords du lac étaient un peu rouge, témoignant d'une importante activité des bactéries vivant dans les milieux chauds. Quelques minutes plus tard, sur le bord de la route paissaient paisiblement des bisons, ignorant royalement les voitures qui défilent et les gens qui les prennent en photo.

Mes arrêts étaient très courts, le temps de prendre une photo, car j'avais un rendez-vous téléphonique avec Julie à midi, or j'avais sous-estimé les temps de parcours à l'intérieur du parc. J'ai donc poursuivi ma route pour tenter d'être à l'hôtel, à l'autre bout du parc, environ une heure plus tard. Malheureusement, à midi, je n'étais qu'à mi-chemin de l'hôtel et c'est dans la zone du Canyon que j'ai passé mon coup de fil. Dans un premier temps, je n'ai pas vraiment exploré la zone, pressé que j'étais, mais j'avais tout de même fait un arrêt pour aller voir la vue sur les chutes supérieures. Les choses sérieuses commençaient: j'étais à quelques mètres d'impressionnantes chutes d'eau qui se déversait à une vitesse vertigineuse en contrebas, dans un fracas assourdissant.

Je suis arrivé à Mammoth Hot Springs, mon « village », vers 13h00. Au départ, il s'agissait d'un campement militaire, et il reste les maisons des officiers, mais les structures d'accueil sont plus récentes, quoique assez vieilles tout de même, parce que cela ressemble à un complexe hôtelier un peu luxueux des années 20. Une forte odeur d'urine accueille le voyageur venu s'annoncer à la réception. C'est une jeune Allemande qui s'est occupée de ma réservation à la réception. Apparmment, elle va étudier en Floride à la rentrée et en attendant, comme elle voulait visiter Yellowstone, elle s'est trouvée un job ici. C'est sûrement une solution tout bénef pour elle et certainement moins onéreuse, car je paye 75 dollars la nuit pour une chambre dans une cabine sans toilettes, sans douche et sans petit déjeuner, et ça, c'est le moins cher que j'ai trouvé dans tout le parc. Les conditions de confort ne me dérangent pas plus que ça, mais le prix ne correspond pas du tout aux prestations. Il n'y a même pas le wi-fi, mais ça, je crois que c'est parce qu'il n'y a pas Internet dans tout le parc. Enfin, je suppose qu'on paye la situation, encore que Mammoth Spring n'est pas un village très central dans le parc.

Pour aller sur Internet et tenter de parler avec Julie, j'ai dû ressortir du parc par le nord et aller dans le village tout proche de Gardiner, qui est en fait une rangée de commerces disposés à la façon western. Un magasin de souvenirs affichait « Internet » et c'est là que je me suis rendu pour me connecter. Il fallait quand même payer 10 cents la minute, mais comme j'avais oublié qu'il fallait avoir un crédit pour pouvoir utiliser Skype comme téléphone, mon temps sur le Web a été très court. J'ai réussi à appeler Julie avec mon portable (aucun réseau ne passe dans le parc) et j'ignore à quelle point cette conversation va me ruiner.

Depuis mon petit déjeuner au Super 8 de ce matin, il s'était écoulé au moins cinq heures, et j'ai donc profité d'être en dehors du parc devant une offre relativement diversifiée de restaurants pour trouver à manger pour pas trop cher. Je suis en fait rentré dans le premier bar et je me suis assis sur une terrasse très agréable. La serveuse est venue vers moi et m'a demandé avec un accent de l'est (de l'Europe) ce que je voulais boire. A défaut de lui répondre, je lui ai demandé d'où elle venait. Elle avait l'air ennuyée, mais elle m'a répondu qu'elle venait de Russie. J'ai alors commencé à lui parler en russe et elle a eu l'air très étonnée, mais pas autant que quand je lui ai dit que j'étais Français. J'adore faire cet effet-là. Il semble qu'elle est arrivée dans ce trou paumé par un programme d'échange pour travailler un peu et visiter les Etats-Unis. J'ai commandé une salade pour rééquilibrer la pizza d'hier soir, j'ai regardé mon Lonely Planet et demandé conseil à la joyeuse patronne pour savoir ce qu'il y a à faire dans le parc, j'ai pris deux-trois photos du village et je suis remonté à Mammoth Hot Springs.

Le village a été construit juste à côté de sources chaudes (d'où son nom, en revanche, je ne sais pas où se trouve le mammouth). En gros, sous le parc a lieu une intense activité géodésique, qui crée des phénomènes géologiques variés dans toute la région. Les sources d'eau chaude en sont un exemple. Je ne sais pas exactement comment cela fonctionne, mais le résultat que j'ai vu est magnifique: de l'eau chaude sort d'une colline, qui est constituée en terrasse et présente des formes vraiment particulières. Ma description est nulle, il vaut mieux le voir. L'eau chaude – l'eau est vraiment chaude, je l'ai touchée pour en avoir le cœur net – attire les bactéries thermophiles, ce qui confère aux terrasses des couleurs rouges, jaunes et vertes. Un festival. Ajouté à cela la beauté du paysage aux alentours, et ça suffit pour que je sois tout exalté. Des chemins de bois ont été prévus pour monter au sommet des terrasses, afin que les gens ne marchent pas n'importe où, car cela peut être dangereux. En redescendant, j'ai entendu au loin une femme pousser un cri et je voyais que plusieurs personnes regardaient quelque chose à côté du chemin. Je pensais qu'elle avait laissé échapper quelque chose qu'elle ne pouvait pas récupérer car c'était tombé en dehors du chemin, mais une fois arrivé à cet endroit, j'ai vu qu'il y avait un splendide serpent jaune, un bullsnake (serpent-taupe de San Diego) qui se déplaçait en tentant d'échapper aux regards des curieux.

Ce n'est pas le seul animal qu'il m'a été donné d'observer depuis que je suis arrivé dans le parc. J'ai déjà parlé des bisons, qui sont omniprésents dans les zones de prairies, absolument pas perturbés par les voitures, se tenant parfois juste à côté de la route avec leurs petits. Ils ont l'air paisibles comme ça, avec leurs airs d'inoffensives vaches bodybuildées (le bison est à la vache ce que la nageuse Est-Allemande est à la femme), mais on nous recommande régulièrement de ne pas s'en approcher, car ils peuvent être dangereux. Juste à côté de ma cabine, j'ai vu des wapitis brouter l'herbe qu'ils trouvaient. Là aussi, j'ai été étonné que ces bêtes-là n'avaient pas du tout peur des gens. Non mais elle se rendent pas compte, c'est dangereux! C'est de dingues les gens ici, ils ont des flingues et tout. Inconscients animaux. Tout autour des maisons, on voit aussi de petites bestioles toutes mignonnes qui se dressent sur leurs pattes et observent les passants d'un air méfiant. Ce sont des « ground squirrels », il faut que je vérifie ça pour le français. Et dans la forêt, on aperçoit aussi des animaux qui leurs ressemblent, mais je crois que c'en est d'autres, des « chipmonks ». D'après le bruit qu'ils font, ce sont les mêmes animaux que Tic et Tac. On en voit pas mal qui se postent sur un tronc couché, lancent de petits cris et, quand on s'apprête à les prendre en photos, vont se cacher en se marrant pour bien te narguer. Malheureusement, je n'ai pas vu de loups, ni surtout d'ours. J'adorerais voir un ours, mais je crois qu'il faut s'armer de patience et de jumelles, or je ne dispose ni de l'une, ni de l'autre pour l'instant. Dans l'idéal, un ours traverserait la route juste devant moi et s'arrêterait à quelques mètres, intrigué, suffisamment longtemps pour que je puisse le prendre en photo correctement. Dans le pire des cas, je me retrouverais nez-à-museau avec le plantigrade en me promenant en forêt, alors qu'il vient de trouver une carcasse d'animal, accompagné de ses petits. Mais ça serait vraiment pas de bol.

C'est grâce à l'aide précieuse d'une « ranger », chargée de la réception au point d'accueil de Mammoth Hot Springs que je sais ce que j'ai vu et ce qu'il ne faut pas faire. Quand elle m'a demandé ce que je devais faire si je voyais un ours, j'ai répondu « lutter avec lui à mains nues » et je suis fier de déclarer que par cette blague à la Chandler j'ai réussi à décrocher un sourire à une représentante de l'autorité aux Etats-Unis. Bon, ok, c'est pas le shérif du coin - leurs insignes ont même pas l'air vrai - mais quand même, je considère ça comme une victoire personnelle.

Après lui avoir posé des questions sur la faune locale vue et à voir et sur les randonnées à faire et les choses à voir dans le parc, il était déjà 17h00, mais j'ai décidé de retourner dans la zone du Canyon pour finir de l'explorer. Il a bien fallu une heure de route pour y aller, puisque j'ai pris l'autre route, la plus longue, pour changer, que la vitesse est limitée à 45 mph (environ 70 km/h) dans le meilleur des cas, et que je me suis arrêté à presque tous les endroits prévus à cet effet pour me régaler les yeux de la diversité de paysages qui s'offraient à moi. A chaque arrêt, à chaque kilomètre parcouru dans le parc, je n'avais qu'un mot en tête: « époustouflant ». Les paysages et les vues sont très variés: on voit des animaux sauvage au bord de la route, des canyons aux falaises teintées de dégradés de rouge et jaune, des paysages de pierres puis de grandes prairies, des forêts et des prés drainés par de petites rivières d'où s'échappent des fumerolles, des pentes fumantes blanchies par le soufre, on sent dans l'air ce soufre, ou parfois l'odeur des sapins.

Je voulais faire quelques promenades conseillées pour rejoindre des points de vue sur le canyon de la rivière Yellowstone. Malheureusement, je n'ai pas trouvé les chemins qui menaient aux points de vue de la rive nord, donc je suis reparti, j'ai passé le pont enjambant la rivière en amont des chutes et j'ai suivi un sentier génial longeant le sommet de la falaise et offrant des points de vue parfaits en hauteur sur les deux chutes d'eau qui créent par leur force une grosse brume. D'autres points d'observation permettent d'admirer la rivière qui s'écoule paisiblement après avoir été brassée dans les chutes, au fond de l'imposant canyon, impressionnant par ses formes géométriques et ses couleurs.

La nuit commençait à tomber quand je suis arrivé à la voiture et j'ai pris le chemin le plus court – une heure tout de même – pour rentrer à Mammoth Hot Springs et tenter de trouver quelque chose à mettre dans mon estomac. J'étais un peu stressé, parce qu'ici, c'est pas comme à Montréal ou Chicago: on ne mange pas à n'importe quelle heure, et si rien n'était ouvert, je n'avais plus qu'à attendre le lendemain matin et le petit déjeuner (non inclus) pour calmer ma faim. Il y a deux restaurants au village, un fast-food et un restaurant un peu plus class. Le fast-food était fermé, mais l'autre restaurant ouvre jusqu'à 22h00, donc à 21h30 je n'ai pas eu de mal à me faire accepter. Je n'ai pas aimé mon serveur. Non seulement il m'a demandé comment j'allais comme si on se connaissait de notre cours de poterie, mais en plus, sans que je lui demande quoi que ce soit, il m'a dit: « moi aussi ça va, merci ». J'ai senti qu'il avait trouvé ça un peu bizarre de dire ça, vu que je ne lui avais rien demandé, mais il a poursuivi avec la lecture sans passion du plat du jour. J'ai goûté un steak de bison pas mauvais du tout, avec une bière ambrée « de type belge » fabriquée aux Etats-Unis. C'est étrange, c'est la deuxième fois que j'essaye de voir le degré d'alcool dans une bière aux E.-U., mais je ne trouve pas d'indication à ce sujet. C'est quand même la base, non. Autre point négatif à ce restaurant, il y avait une femme vraiment chelou dont la seule tâche semblait de verser de l'eau avec beaucoup trop de glaçons dans les verres des gens et de débarrasser les tables. Elle a voulu me faire la conversation et j'ai appris qu'elle venait de Californie, qu'elle ne mangeait pas de viande et qu'elle adorait le chocolat. Elle devait être nouvelle, parce que quand elle m'a apporté le dessert, elle s'est exclamée: « wouhou! Mon premier dessert! ». J'aurais voulu partager sa joie mais j'avais de la peine à le faire alors je me suis contenté d'un « félicitations », qui a déclenché un rire hystérique vraiment effrayant chez elle. Elle m'a gratifié d'un « vous avez un excellent sens de l'humour ». Je n'ai pas du tout considéré cet épisode comme une victoire personnelle. En plus, à l'autre bout de la salle, il y avait une table de Chinois qui se raclaient la gorge bruyamment pour recracher ce qu'ils y avaient trouvé dans leur serviette. C'est culturel, mais dégueulasse.

Bon allez, je vais m'aventurer dans la nuit calme et étoilée de Yellowstone – au risque de rencontrer un loup en quête d'enfants à manger ou un grizzli toxico cherchant son fix de miel – pour aller aux toilettes, très propres au demeurant.