samedi 5 février 2011

Conclusion (un peu bâclée, certes, et sans photos)

Jour 21: Vancouver, Colombie-Britannique, Canada – Ornex, France

La fin des vacances, c'est triste, mais c'est bien aussi: rentrer chez soi et retrouver une vie sédentaire. J'avais quand même hâte.

J'ai quitté le matin l'auberge, je suis remonté dans mon PT Cruiser et j'ai essayé d'atteindre l'aéroport sans trop me perdre (sans succès). J'ai fait le plein et j'ai rendu la voiture. L'aéroport de Vancouver était conforme à mes souvenirs. C'était la troisième fois que je m'y trouvais. La première fois, c'était lors de mon arrivée, fin août 1999, en pleine nuit, avec Yolaine. La deuxième fois, c'était quatre mois plus tard, quand j'étais venu chercher mon pote Sébastien venu me rendre visite pour Noël (qui avait du retard, mais on peut pas lui en vouloir. Par contre, on peut lui en vouloir d'avoir déclaré le foie-gras maison et les fromages qu'il transportait dans sa valise et que les douaniers canadiens lui ont confisqués, enfin ça c'est une autre histoire).

Bref, une étape à Montréal, une dizaine d'heures, au moins trois long-métrages et quelques collations d'avion plus tard, je me retrouvais à l'aéroport Charles de Gaulle, où une alerte à la bombe avait contraint les forces de l'ordre à fermer une partie de l'aérogare, entravant ainsi de chaleureuses retrouvailles avec Julie qui m'y attendait.

Enfin je suis rentré chez moi par une journée ensoleillée, pas mécontent d'être rendu et des souvenirs plein la tête qui, comme on le sait maintenant, n'allaient pas tarder à s'effacer progressivement.

This is the end, my friend (oui je me parle tout seul, et oui, c'est pas trop tôt!)

Jour 20: Vancouver – Peace Arch – Horseshoe Bay – Whistler – Vancouver

Mon dernier jour de tourisme en Amérique du Nord, j'avais décidé de le consacrer à l'exploration des alentours de Vancouver et j'avais donc réservé une voiture de location. Bien mal m'en a pris, puisque à défaut de me promener dans des paysages bucoliques et de voir les endroits uniques que je n'avais pas vus pendant mon année à Vancouver, j'ai passé le plus clair de mon temps coincé dans des embouteillages en ville et dans les travaux.

Comme je m'étais couché vers trois heures du matin la veille, je n'avais pas la motivation nécessaire pour être à 9h00 à l'hôtel Pan Pacific pour récupérer la voiture. Je me suis fait violence et je me suis quand même levé vers 8h30, puis j'ai pris le petit déjeuner tranquillement – qui est, à l'auberge, probablement l'un des meilleurs que j'ai eus pendant tout le voyage, en tout cas bien plus intéressants que ceux qui sont servis aux motels Super 8 – puis j'ai traversé le centre ville à pied pour aller chercher la voiture. Peu après 10h00, j'ai eu la surprise d'avoir les clés d'une Chrysler PT Cruiser. Il y a quelques années, quand ce modèle est sorti, j'aurais bien aimé avoir cette voiture, car j'aimais bien le design original, mais à l'occasion d'une visite au Salon de l'auto, en 2008, je suis rentré dans la voiture et j'ai pu constater que l'intérieur n'était pas à la hauteur de de ce que laissait espérer l'extérieur.

Je suis parti avec mon PT Cruiser direction le sud et la frontière avec les Etats-Unis. Dépourvu de GPS, connaissant mal les rues et désarmé par la piètre qualité des indications routières en ville, je me suis fourvoyé dans des petites rues et des culs-de-sac, tournant en rond avant de trouver l'autoroute. Je ne tenais pas à franchir à nouveau la frontière, mais je voulais prendre des photos de l'Arche de la paix, un monument érigé sur la frontière pour célébrer 150 années de paix entre le Canada et les Etats-Unis. Accessoirement, c'est là aussi que je suis pour la première fois passé du Canada aux Etats-Unis, et c'était avec Sean. Nous avions pris le bus par une journée pluvieuse – c'est-à-dire normale pour Vancouver – pour White Rock, dernière ville avant la frontière. Nous avions fait un tour en ville, vu la pierre blanche qui a donné son nom à la localité, puis nous avions longé la ligne de chemin de fer transfrontalière pour arriver jusqu'aux douanes canadienne et étasunienne. Nous avions marché dans le parc transfrontalier détrempé, puis après avoir accompli les formalités douanières j'étais entré officiellement aux Etats-Unis. Je ne me souviens plus bien ce que nous avions fait là, puisqu'autour de la douane, il n'y a rien, à part l'autoroute. Nous avions probablement continué à nous tremper les pieds dans le parc et je crois me souvenir que nous avions franchi la frontière dans l'autre sens en sautant par dessus un fossé creusé sur le parallèle marquant la frontière canado-étasunienne.

Cette fois, je me suis contenté d'arriver à la zone douanière par l'Avenue 0, qui longe la frontière du côté canadien, je me suis garé, puis je me suis promené dans le parc, retrouvant l'Arche et la voie ferrée que nous avions longée avec Sean. Cette voie de chemin de fer est séparée de la route et du parc par une haie, mais il y a un passage qui permet d'y accéder. Je me suis approché de la haie et j'ai vu que, cachée un peu plus loin du côté étasunien, se trouvait une voiture des douanes. Je ne me suis pas aventuré plus près de la voie ferrée et de la mer, et suis retourné dans le parc. On peut facilement se promener d'un côté à l'autre de la frontière dans ce parc situé entre les deux douanes. J'ai essayé de voir à quel point il était possible de contourner la douane des Etats-Unis pour entrer dans le pays en fraude et il y a bien une route du côté étasunien qui mène au parc, mais je n'ai pas voulu tenter le diable et j'ai fait demi-tour, retournant au Canada en sautant par-dessus le même fossé que nous avions franchi avec Sean près de dix ans plus tôt. J'ai longé l'Avenue 0 pour retourner à la voiture en empruntant le même chemin qu'en venant, le long du bâtiment des douanes canadiennes. Près du bâtiment, une douanière m'a interpellé et m'a posé des questions. D'où viens-je, où vais-je, où habité-je, que fais-je là, ai-je un passeport ? Heureusement que j'avais eu la présence d'esprit de le prendre sur moi en sortant de la voiture. On ne passe donc pas si facilement la frontière la plus franchie au monde. Pour des pays aussi proches sur le plan culturel, linguistique et commercial, entre autres, il est intéressant de voir à quel point il est difficile de passer de l'un à l'autre, et c'est d'autant plus surprenant pour un Européen comme moi, qui est habitué à passer d'un pays à l'autre la plupart du temps sans aucune formalité.

J'ai repris la voiture pour traverser Vancouver et aller cette fois vers le nord, et la côte. J'ai une fois de plus perdu énormément de temps, pensant prendre un chemin intelligent pour rejoindre l'autoroute transcanadienne, qui m'aurait évité de passer par le centre-ville de Vancouver. Malheureusement, ce n'est pas si simple et on n'emprunte pas l'autoroute transcanadienne aussi facilement. Par ailleurs, ils utilisent de minuscules panneaux pour indiquer comment rejoindre telle ou telle route, et bien souvent placés au dernier moment, si bien qu'on n'a pas le temps de se préparer à tourner dans la bonne rue. Donc non seulement j'ai perdu du temps en n'allant pas directement dans le centre de Vancouver, mais j'ai dû de toute façon y aller, dans le centre, pour rejoindre le pont Lions Gate, qui traverse le parc Stanley et permet de rejoindre la côte nord. Moi qui pensais être à Horseshoe Bay avant midi, je n'y suis arrivé que vers 15h00.

C'est de Horseshoe Bay que partent les ferries pour l'île de Vancouver et je m'y étais déjà rendu avec Flo, Yolaine, Clémence, Sally et Séverine pour passer un week-end prolongé du côté de Tofino, juste avant de repartir pour la France. J'y étais allé aussi une fois juste pour voir le village avec Céline, une Française qui était en échange à Vancouver la même année que moi. Il n'y a pas grand chose à voir dans ce tout petit village, mais le minuscule front de mer est sympathique et la vue sur les îles n'est pas mal non plus. J'avais le souvenir d'un restaurant qui servait de l'« oyster burger », ce qui m'avait marqué, or il semble que ce restaurant était toujours là; en tout cas il y en avait un qui servait des burgers à l'huître et c'est ça que j'ai pris pour mon repas de midi (après 15h00, donc). Je m'étais toujours demandé comment l'huître était servie dans le burger et il s'agit en fait d'un beignet, façon tempura, avec l'huître cuite à l'intérieur. Je n'ai pas vraiment adoré mais au moins je sais ce que c'est.

Près de quatre mois après mon retour du Canada, un aller-retour en Espagne, un dans le Nord et en Belgique, deux fêtes d'anniversaire (dont une pour moi), quelques barbecues dans mon jardin et une lettre de menace anonyme dans ma boîte aux lettres (qui fera peut-être l'objet d'un autre billet) plus tard, je me décide enfin à terminer le récit de mon périple d'un océan à l'autre. La première partie de cette dernière journée a été rédigée (probablement) avant de monter dans l'avion pour Montréal et la combinaison de la fatigue accumulée de vingt jours de voyage, de la lassitude d'écrire un récit détaillé chaque jour et d'une sélection variée de films proposés par Air Canada m'ont diverti de la tâche à laquelle je m'étais astreint pendant près d'un mois, en consacrant plusieurs heures par jour à consigner le plus d'événements marquants de la journée, avant d'oublier les détails ou que ceux-ci se soient modifiés dans ma mémoire de bulot. Les quatre mois d'attente ont bien fait leur travail et déjà les souvenirs sont plus flous. Heureusement, ce n'était pas la journée la plus intéressante et je peux déjà être content d'avoir tenu le journal rigoureusement jusqu'au dernier jour. Je vais essayer de puiser dans ma mémoire pour raconter ces dernières heures passées en Amérique du Nord.

N.B.: Près de 16 (SEIZE !) mois ont passé depuis que j'ai écrit le paragraphe ci-dessus, c'est-à-dire que si je réussis enfin à publier avant mai prochain le dernier (l'ultime) épisode de mon dernier (en date) voyage en Amérique du Nord, cela ne fera que moins de deux ans que je suis revenu dudit voyage, et par là même que j'aurai publié quoi que ce soit sur mon blog.

Comme on aura pu le lire plus haut, les souvenir s'étaient estompés au bout de quatre mois, donc on peut imaginer quel est l'état de ces souvenirs à l'heure d'aujourd'hui, comme disent les gens qui veulent se faire passer pour des érudits. Je compte donc sur les photos pour dépoussiérer un peu ma mémoire. Voyons donc comment s'est terminé cet inoubliable (ah non, je viens de dire que je n'avais pas de mémoire)... cet inénarrable (eh non, j'ai déjà narré 40 pages)... ce magnifique (c'est un peu court mais ça fera l'affaire) voyage.

Quand j'étais étudiant à Vancouver, on me disait que Vancouver est une ville géniale parce qu'il y a les montagnes juste à côté et qu'on peut aller skier. Ca ne m'impressionnait guère, étant moi-même originaire d'une région de montagne et de ski. Un jour, avec ma petite amie Sally, nous avions décidé de faire une excursion – voire même d'aller skier – dans la station de ski la plus célèbre du Canada, qui est encore plus célèbre depuis les Jeux olympiques de 2010, j'ai nommé: Whistler. Je n'avais pas du tout aimé Whistler. J'avais l'impression d'être dans un Disneyland du ski. Tout semblait faux, les maisons, les rues, la neige, tout.

En 2009, à la fin de mon voyage d'un océan à l'autre et à la fin de mon oyster burger, n'ayant pas de projets précis pour ma dernière journée complète de voyage, j'ai demandé à la serveuse de me recommander quelque chose à visiter dans les alentours de Horseshoe Bay. J'aurais dû m'en douter, elle m'a vanté les mérites de Whistler. Malgré ma moue, elle ne pouvait rien me recommander d'autre.

Alors j'ai fait une petite promenade digestive dans le village, regardé les gros bateaux partant pour l'île de Vancouver et ailleurs, observé les badauds (les activités sont peu nombreuses à Horseshoe Bay), puis je suis remonté dans mon PT Cruiser en décidant de poursuivre ma route vers le nord. La route était sympathique, sinueuse, la mer d'un côté, les montagnes de l'autre et des chûtes d'eau qui tombaient de falaises. J'ai fait quelques arrêts sur des sortes d'aires au bord de la route pour prendre des photos des montagnes enneigées, j'ai fait un détour dans un bled où je ne me suis pas arrêté parce qu'il n'y avait rien d'intéressant, puis je me suis résigné et je suis parti pour Whistler. En prévision des J.O., comme Whistler était l'un des principaux sites d'épreuves, la route qui y menait était en pleine réfection, c'est pourquoi il y avait de nombreuses sections en travaux, ce qui impliquait des ralentissements et des passages en circulation alternée. Mais je suis arrivé à destination et malgré l'image négative que j'avais gardée de ma précédente excursion à Whistler pendant l'hiver 2000, j'ai eu la surprise de (re-)découvrir une localité plutôt charmante, bien agencée, pas du tout hideuse comme j'en avais le souvenir, animée... en gros, sympa.

Bon, c'est petit, Whistler, alors j'en ai vite fait le tour. Si j'avais été plus malin, j'y serais allé plus tôt, mais là entre les embouteillages, les errements et les kilomètres parcourus, il se faisait tard et il n'aurait pas été sensé d'entamer une randonnée (mais là peut-être que ma mémoire sélective oublie que j'avais aussi la flemme. On ne saura jamais). Après probablement moins d'une heure sur place je suis donc reparti vers Vancouver. On se l'imagine, en montagne, il n'y a pas mille routes pour aller d'une ville à l'autre et je suis donc redescendu par la route en travaux, re-circulation alternée, re-ralentissements, re-embouteillages, pfff... En tout cas, je me suis moins perdu qu'à l'aller et j'ai repassé le Lions Gate Bridge sans trop d'encombres. J'ai garé ma voiture de location à proximité de l'auberge de jeunesse, je me suis changé et je me suis offert une dernière orgie de sushis dans le premier restaurant japonais que j'avais essayé quelques jours plus tôt.

Je ne me souviens pas bien de ce que j'ai fait le soir, mais je peux dire avec certitude que je n'ai pas rédigé mon journal de la journée. Presque aussi certainement, je peux affirmer que j'ai préparé ma valise et que je me suis endormi.


Agrandir le plan