vendredi 30 décembre 2011
Hanoi
mardi 27 décembre 2011
La baie d'Halong: bien plus qu'un nom de restaurant vietnamien
Le train est arrivé avec un peu de retard, ce qui nous a permis de dormir quelques minutes de plus. Je me suis réveillé – ou j'ai été réveillé, je ne sais pas – à 5h00 et, peu de temps après, le train arrivait à son terminus, Hanoi. À l'origine, je pensais aller directement à l'hôtel pour poser mes affaires et repartir explorer la ville, mais comme l'un de mes objectifs dans le Nord c'était de voir la baie d'Halong en y passant une nuit, je me suis dit: autant le faire tout de suite si possible. Il était très tôt et je n'espérais pas trouver une agence de voyage ouverte à 6h00 du matin, alors j'ai traîné un peu dans la gare; vraiment très peu de temps car tous les occupants de la salle d'attente se sont fait jeter comme des malpropres pour une raison indéterminée, peut être pour faciliter le nettoyage de la salle. J'ai ignoré la kyrielle de taxis qui voulaient m'emmener à l'adresse de mon choix, car je n'avais pas d'adresse déterminée à leur donner, et je suis allé à pied avec mes affaires sur le dos dans le centre. Il faisait encore nuit mais la ville était déjà en effervescence: comme dans la chanson de Jacques Duc Trung, « Il est 5h00, Hanoi s'éveille ». Partout le long des rues, des marmites fumaient et des gens mangeaient leur soupe de nouilles autour de petites tables en plastique, les porteuses de fruits ou de beignets commençaient déjà à s'affairer, des gens se tenaient sur le pas de leur porte pour faire leur gymnastique et la circulation était déjà animée.
J'ai voulu rendre visite à Hien, la Vietnamienne que j'avais croisée à l'arrivée sur l'île de Phu Quoc et qui travaillait pour une agence de voyage à Hanoi, mais dommage pour elle, son agence était fermée, alors je me suis rendu à la fidèle TheSinhTourist (formerly well known as The Sinh Café), qui elle était ouverte et qui a même pu me réserver une place pour le jour même sur un bateau dans la baie d'Halong. Il me restait une heure et demie avant le départ du bus pour la Baie alors j'ai traversé la rue et je suis allé réserver une chambre dans un hôtel dont je me rappelais avoir vu le nom dans le guide du Routard. Ensuite, je me suis promené dans les rues d'Hanoi sans trop m'éloigner de l'agence de voyage, observant la ville se mettre en route et me mêlant aux gens à une petite table en plastique sur un trottoir pour prendre un petit déjeuner de soupe de nouilles avec eux.
En attendant le bus à l'agence, j'ai causé quelques minutes avec un Français qui voyageait pendant deux mois dans la région et qui m'a dit que j'allais adorer la baie d'Halong. Puis le bus est arrivé, il a fait deux ou trois fois le tour de la ville pour récupérer tous les touristes dans les hôtels, puis nous sommes partis direction Haiphong. Si dans Hanoi j'ai croisé de nombreux occidentaux, dans le bus j'ai été vite dépaysé: j'étais le seul Blanc. J'étais accompagné de plusieurs touristes du Vietnam, des Hongkonguistes, des Singapourois, des Chiniennes et une Empiredusoleillevantienne, je crois. Le trajet a duré près de quatre heures, par des routes cahoteuses et dans une position inconfortable, ce qui ne m'a pas empêché de finir un peu ma nuit. Un arrêt était prévu à mi-parcours à peu près, où on nous a largement donné la possibilité d'acheter des objets artisanaux et même des sculptures en marbre de plusieurs tonnes. Une heure et demie plus tard, nous sommes arrivés au port de Haiphong. Nous avons embarqué dans un petit bateau qui nous a amenés à un bateau plus grand, très beau. On nous a servi une boisson d'accueil puis avant qu'on nous apporte le repas, un autre groupe est arrivé, avec notamment un couple retraité de Canadiens voyageurs de Colombie-Britannique. Au début, je me suis assis avec les deux Chinoises mais elles n'étaient pas bien disposées à parler anglais. Le couple de Canadiens s'est assis à côté de moi aussi et ils étaient très sympas et très jeunes dans leur tête mais comme j'étais le seul type tout seul et que la place était limitée dans la salle à manger, il a fallu me caler avec un groupe de trois pour combler les tables. Je me suis retrouvé avec trois Singapouriens et deux Hongkongais. Le petit couple hongkongais était assez cool, jeune, branché, mais alors le type mangeait vraiment comme un Chinois: il faisait le moins d'efforts possibles avec sa fourchette. Pour amener la nourriture dans son estomac, il se courbait au plus près de l'assiette, poussait un peu la nourriture avec sa fourchette, et l'aspiration faisait le reste. C'était un spectacle affreux et fascinant à la fois.
Pendant ce temps, le bateau s'était approché d'une de ces fameuses formations rocheuses qui sortent de la mer. Nous avons eu quelques minutes pour observer le paysage depuis le pont supérieur, nous changer ou nous reposer, puis le petit bateau est venu nous amener au pied de l'énorme rocher le plus proche. Là nous avons visité une grotte naturelle impressionnante, extrêmement volumineuse et remplie de formations calcaires des plus extravagantes, où chacun pouvait y voir ce que son imagination lui laissait voir. Nous sommes retournés au gros bateau, qui s'est avancé un peu plus dans un dédale de pains de sucre surgissant de l'eau. Sur le pont d'observation, j'ai discuté un peu avec deux cousines d'origine sri-lankaise, l'une vivant en Australie et l'autre au Canada, très gentilles, très charmantes. Ensuite, on nous a amenés dans un village flottant situé au pied d'un rocher, où l'on a pu faire le tour du rocher en kayak. J'ai pagayé avec une des Singapouriennes et on s'est pas trop mal débrouillés. Tellement qu'on était bons, on a voulu profiter des 45 minutes qui nous étaient allouées pour faire le tour d'un autre rocher, un peu plus loin, mais comme tous les autres pagayeurs retournaient au village flottant, nous avons fait demi-tour, manquant de nous faire renverser par un bateau à moteur. Retour au bateau pour prendre une douche bien méritée. J'ai de la chance, à l'agence de voyage, on m'a demandé si je voulais prendre une chambre double que je risquais de partager avec un autre voyageur solitaire ou payer un supplément pour avoir la chambre pour moi tout seul. J'ai économisé quelques dongs en prenant le risque de me retrouver avec un quelqu'un de plus dérangé et malodorant que moi mais personne n'est venu occuper le lit à côté. Donc je suis peinard dans ma jolie petite chambre de bateau et j'ai pu profiter des quelques gouttes d'eau chaudes qu'on a daigné nous offrir.
Habillé un peu plus chaudement pour passer la soirée en mer, je suis sorti sur le pont supérieur prendre quelques photos pendant qu'il faisait encore jour. Là la famille chinoise et les Singapouriens discutaient avec un Québécois et rigolaient beaucoup. J'ai un peu suivi la conversation puis après j'ai discuté avec lui en français. Un type sympa, qui voyage avec sa copine pendant deux mois en Asie du Sud-Est. Quand je me suis relevé du transat je me suis aperçu que j'avais une fesse toute mouillée à cause du matelas qui était posé dessus, donc je suis retourné dans ma cabine me sécher et commencer le récit de ma journée en attendant l'heure du repas, ce qui m'a permis de faire la connaissance de mes colocataires: les cafards. Je viens d'en éclater un mais je sais qu'ils sont encore nombreux et attendent que je m'endorme pour me courir dessus avec leurs petites pattes dégueulasses.
Le repas du soir était copieux: riz blanc, poulpe, tofu, crabe, un truc frit indéterminé, nêms, concombres. Appréciable. À la fin du repas, le guide nous a fait un topo du programme du lendemain pour chaque groupe selon la formule choisie puis nous a invités à choisir une activité pour la soirée. J'étais tenté par la pêche au poulpe, mais c'est vrai que ça risquait d'être ennuyeux d'attendre pendant des heures que ça morde. D'ailleurs Jackie, le guide, un type bien jovial, nous en a dissuadé, mais j'ai compris pourquoi après: la pêche se faisait avec le personnel, or le personnel allait manger après nous pendant les activités. [Erratum: la pêche au poulpe a bien eu lieu mais je ne m'en suis pas rendu compte] Donc c'est le karaoké qui l'a emporté. Les Sri-lankaises étaient super motivées, tout comme plusieurs Asiatiques. J'ai mis du temps à me lancer mais je l'ai fait. Je ne me suis pas trop mal débrouillé sur YMCA, et j'ai bien fait de choisir cette chanson, ça changeait de la soupe vietnamienne ennuyeuse qu'ils n'arrêtaient pas de passer, en revanche, j'aurais dû réfléchir à deux fois quand Thriller a commencé, que personne ne savait qui avait commandé la chanson et que je me suis porté volontaire. C'était une catastrophe, mais pour ma défense, c'est beaucoup plus difficile qu'il n'y paraît. En plus, le micro fonctionnait mal, donc j'avais tout contre moi.
Faute d'autres morceaux entraînants et las des chansons vietnamiennes, je suis parti me coucher juste après le départ des Sri-lankaises, qui avaient elles-mêmes emboîté le pas au couple canadien. Les chansons ont cessé quelques minutes après, probablement par manque de public.
La deuxième journée dans la baie d'Halong a été consacrée à se faire trimballer. Après le petit déjeuner, nous avons été séparés en groupes, l'un partait sur l'île de Cat Ba, un autre passait la journée à faire du kayak et nous autres, on nous ramenait sur la terre ferme. Je n'ai même pas pu dire au revoir aux sympathiques retraités canadiens ni aux jolies cousines sri-lankaises, mais pendant que le bateau rentrait à Haiphong, quittant lentement le paysage somptueux de la baie d'Halong, j'ai sympathisé avec le couple de Québécois, Véronique et Sylvain, vraiment très cool. Nous avons discuté pendant un bon moment sur le pont supérieur, rejoints par le père de famille américain d'origine vietnamienne qui voyage avec son épouse thaïlandaise et sa fille, une vraie Californienne, elle (oui je sais, c'est difficile à suivre).
Nous sommes arrivés vers midi au port et on nous a servi à manger dans un établissement qui tenait plus de la cantine que du restaurant gastronomique. Le cadre était assez vilain, le service impersonnel et la nourriture quelconque. Mais c'était l'arrêt obligatoire pour tous les groupes en transit entre la Baie et Hanoï. Puis nous sommes rentrés à la capitale par minibus. Je me suis calé au fond avec les Québécois et on a bavardé pendant les trois heures de trajet. À mi-chemin, c'est la tradition, nous avons fait une halte dans un grand supermarché pour touristes, et le pire, c'est que ça marche, parce qu'à l'aller comme au retour, j'ai acheté un truc. À l'approche d’Hanoï, la circulation se faisait plus dense et la nuit commençait à tomber. Le minibus a entamé un tour des hôtels pour déposer les différents groupes et mes compagnons d'outre-Atlantique sont descendus en premier. Nous nous sommes salués mutuellement dans la précipitation et puis ce fut mon tour de quitter l'autobus. Après un petit moment d’errements et de consultation de carte, j'ai retrouvé le chemin de l'hôtel, où j'ai pris mes aises quelques minutes avant de redescendre pour mettre quelque chose dans mon estomac. Le choix était tout trouvé, car Sylvain m'avait conseillé d'aller au Little Hanoi, qui se trouve à deux pas de mon hôtel. Le resto était complet, enfin quasi-complet, car j'ai accepté de m'asseoir à la même table qu'un Vietnamien qui prenait son repas seul aussi. Comme les tables étaient très serrées, je me suis retrouvé à côté de deux jeunes voyageuses danoises qui venaient d'arriver au Vietnam mais qui étaient en Asie depuis un mois je crois et qui avaient prévu de sillonner la région pendant six mois au total. On a un peu causé, échangé nos impressions et puis, ayant bien mangé, je suis parti me perdre dans les rues du centre-ville, passant par la rue des savetiers, la rue des pierres funéraires, la rue des autels votifs et je ne sais quelles autres rues plus ou moins spécialisées.
Fatigué de devoir constamment éviter les scooters, les énormes voitures, les autres piétons, les vendeuses ambulantes avec leur balancier, les ordures, etc., je suis rentré retrouver les bras de Morphée dans mon hôtel.
vendredi 23 décembre 2011
Le centre du Vietnam: Hoi An, Hué
(pardon pour les fautes)
Mon sac de voyage récupéré, il ne me restait plus qu'à prendre un taxi pour la gare et attendre le train, quelque trois heures plus tard. J'ai suivi le premier rabatteur pour taxis qui m'a accosté mais j'ai regretté dès que je suis monté dans la voiture, parce qu'il me demandait de payer d'avance 500000 dongs, soit environ 15 euros, pour aller à la gare, alors qu'il n'y avait même pas besoin de traverser la ville. J'ai protesté mais il m'a dit que c'était un trajet de 45 minutes (en fait 20 minutes à tout casser). Bref, je me suis fait rouler, et avec mon consentement en plus, mais j'étais trop mou pour trouver une parade. Meh. Je suis en vacances, je peux le permettre, on va dire ça. J'ai mis à profit mon temps d'attente à la gare pour m'acheter un billet de train Hue-Hanoi pour dans quelques jours. On m'a indiqué que la salle des ventes se trouvait à l'étage – alors que j'avais acheté mon billet
Vers 14h00, quand j'ai estimé avoir fait le tour, je suis sorti pour aller calmer mon ventre qui commençait à crier famine. Je suis allé trouver un resto recommandé par le Routard (je fais beaucoup ça en ce moment, il va falloir que je renoue avec mes expériences culinaires « populaire »), à l'intérieur de la citadelle mais assez loin à pied (il faut dire que la ville est assez étendue, y compris la citadelle). Le resto était assez classe mais à prix raisonnables, la nourriture correcte mais sans plus. J'ai pris un menu avec cinq plats: des nêms, une soupe de légumes, une crêpe de Hué comme j'avais pris la veille (mais ici on la consommait différemment, de façon plus simple), une salade de figues (pas trouvé les figues, mais la façon de manger était marrante, il fallait mettre la « salade » dans une chips épaisse comme on trouve en apéro dans les restos asiatiques, et comme je rajoutais de la sauce par dessus, ça crépitait dans la chips), du riz et du bœuf. J'admets qu'ils soignaient à fond la présentation, mais les plats étaient pour la plupart fades; seul le bœuf, très parfumé, sortait un peu du lot. Des Français que j'avais croisés dans la cité impériale se sont installés à la table à côté avec leur petite fille. On a parlé un petit peu, j'ai commenté de façon flatteuse mon repas (comme j'avais mangé avant eux) et déploré avec eux qu'il n'y ait pas eu d'éléphants pour la petite dans la cité impériale.
Bon alors finalement des gens sont passés vendre à manger bien avant l'arrêt prévu, mais c'était loin d'être bien folichon. Du riz tiède avec un genre de calamar séché par-dessus et deux œufs durs. J'ai pris aussi une bière. Tiède. Une Heineken en plus. Dégueulasse. Le Néozélandais m'a un peu adressé la parole pendant que je mangeais, demandant d'où je venais. Il m'a dit qu'il ne voulait pas toucher cette nourriture. Lui et sa copine ils ont pas du tout l'air à l'aise à voyager dans des pays plus pauvres que chez eux. Je veux dire, ils passent leur temps à se passer du désinfectant sur les mains et il ne mange que des pizzas parce qu'il a peur de tomber malade... c'est triste. À mon humble avis, il a moins de chance de tomber malade en mangeant un œuf cuit dur qu'en mangeant une pizza dont il ne sait rien de la préparation. Ceci dit, je ne recommande vraiment pas la Heineken tiède. Je crois bien que ce produit hollandais m'a rendu malade.
dimanche 18 décembre 2011
Phú Quốc
En rentrant le soir à l'hôtel, j'avais pris soin de demander à la réceptionniste à quelle heure était mon transfert pour aller au bateau. Elle m'a répondu catégoriquement que c'était à 7h00 et j'ai dit: « Ah, alors il faut que je descende faire le check-out et prendre le petit déjeuner à 6h30. » Elle a approuvé de la tête. Ok, bon, je commence à avoir l'habitude de me lever tôt, c'est pas un problème. Le hic, c'est que je suis descendu à 6h30, que j'ai pris le petit déjeuner à la carte, qu'il n'était pas compris et que j'ai attendu jusqu'à 7h30 le transfert jusqu'à l'embarcadère. Le transfert n'est jamais venu. Je suis assez sûr qu'il était compris dans le prix du billet de bateau mais quand je lui ai demandé si le transfert allait bientôt arriver, la réceptionniste – la même qui m'avait dit de me tenir prêt à 7h00 – m'a répondu « ah ben non, on fait pas ça nous ». Hmm, bon, ben appelez-moi un taxi alors. Il fallait quand même que je le prenne, ce bateau. Heureusement, le taxi est arrivé dans la minute et n'a pas eu trop de mal à se frayer un chemin parmi la nuée de deux-roues. Et ça ma coûté moitié moins cher que le moto-taxi de la veille de la gare routière à l'hôtel.
Dans le bateau, on m'a installé à côté de deux Autrichiennes plutôt sympas. Elles avaient voyagé pendant deux semaines dans le sud du Vietnam et terminaient leur petite tournée par cinq jours de détente sur Phu Quoc. L'une, Maria, était peu bavarde et l'autre, Alex, très sociable mais vers le milieu du voyage, plus personne ne parlait, tout le monde cherchait à se concentrer, à penser à autre chose qu'au bateau et à son tangage. La mer n'était pas particulièrement agitée mais plus d'un a eu le mal de mer à cause des remous. Maria a bien failli laisser son petit déjeuner dans un sac mais tout le monde a résisté. Tout le monde était bien content d'arriver sur la terre ferme mais il fallait encore traverser toute l'île en minibus, car les installations touristiques se trouvent essentiellement sur l'autre côte. Après une brève pause pour nous remettre de nos émotions, nous sommes montés dans un minibus avec deux Français et deux Vietnamiennes (qui travaillaient pour une agence de voyage à Hanoi et qui m'ont donné leur adresse pour quand je voudrai réserver une excursion dans la baie d'Halong) et nous avons parcouru les quelques kilomètres de piste jusqu'au bourg de Duong Gong, la « capitale » de l'île. Je n'avais réservé aucun hôtel alors je pensais trouver quelque chose sur place recommandé par le guide du Routard mais comme les deux Français et les deux Autrichiennes descendaient dans le même hôtel, je me suis dit que je pouvais bien tenter celui-là aussi. Il restait un bungalow surplombant la plage à un prix raisonnable, alors je me suis laissé tenter par un peu de confort.
Une fois installé, je suis tout de suite allé traverser la plage de sable fin pour piquer une tête dans les eaux claires du golfe de Thaïlande. L'eau est bonne, ni trop chaude, ni trop froide et la mer est très calme. Pas une vague pour pallier l'ennui. Ceci fait, je me suis mis en route pour aller visiter le village de Duong Gong, à trois ou quatre kilomètres de l'hôtel. Le parcours n'est pas particulièrement sympa, le long d'une grande avenue, mais cela ne valait pas la peine de se faire transporter en moto ou autrement. Il était aux alentours de midi et le soleil tapait fort. De l'autre côté de la rue, j'ai avisé un petit magasin qui vendait des chapeaux et je me suis dit qu'il serait prudent de prévenir l'insolation. Dans le magasin, on proposait des chapeaux coniques mais je me vois mal porter ça en rentrant en France, ceci dit j'ai trouvé un joli chapeau de paille à bords longs, vraiment cool, mais pas pratique du tout à transporter. Non seulement je vais avoir des problème à le ramener chez moi sans le casser, parce qu'il est fragile mais en plus il est très volumineux. Avec ses bords larges, mon beau chapeau offre une superbe prise au vent et comme une brise soufflait ce jour-là sur l'île, je devais constamment poser ma main sur ma tête pour retenir le chapeau. J'ai donc fait ma petite marche jusqu'au village, qui est très pittoresque. Dans le port, des bateaux d'un vert très beau sont accostés et les nombreux cyclomoteurs rejoignent le marché de l'autre côté de la rivière en empruntant un pont bringuebalant et, bien sûr, sans parapet. De l'autre côté du pont se trouve donc un grand marché, très vivant et très coloré. On y trouve des fruits, la pêche du jour, des poules, des épices, des trucs indéfinissables. Après avoir traversé le marché je suis rentré dans les petites ruelles pour
quitter le brouhaha commercial et voir un peu comment vivent les gens. J'ai bien failli m'y perdre, dans ce dédale, mais j'ai retrouvé la rue principale et il était temps que je trouve quelque chose à manger. Étonnamment, on ne trouve pas beaucoup de vendeurs de rue au centre du bourg, mais je voulais quelque chose de différent cette fois. Près du bord de mer, j'ai trouvé un vrai restaurant qui avait l'air tranquille et fréquenté aussi bien par les touristes que par les locaux. D'avoir marché aussi longtemps sous le soleil, j'avais très soif et j'ai commandé pour me désaltérer un jus de pomelo qui était succulent. J'avais aussi très envie de poisson et j'ai pris je ne sais quel poisson grillé qui était vraiment excellent. Bref, j'étais bien content de ma petite pause. Je suis reparti me balader à la découverte du village. Je suis rentré dans un temple dont je n'ai pas pu déterminer la religion, mais je n'aime pas trop le décorum de ces pagodes avec leurs couleurs criardes. Elles font un peu faux. À côté d'un petit temple situé au sommet d'un rocher se dressait un joli petit phare mais depuis le sommet du rocher on avait une superbe vue sur le village.
Je commençais à me lasser de marcher alors j'ai pris le chemin du retour, en faisant tout de même un dernier arrêt dans une cahute au bord de la route. Les gens qui se trouvaient à l'extérieur m'ont salué en anglais et m'ont demandé d'où je venais. J'ai répondu que je venais de France et, soulevant mon chapeau – non seulement pour montrer de façon un peu désuète mon respect mais surtout pour découvrir ma tignasse de trois mois, dont je ne savais plus que faire – j'ai dit que j'avais besoin qu'on s'occupe de mes cheveux. Ce qui fut fait dans ladite cahute, un salon de coiffure, donc. En plus du coiffeur, il y avait aussi une coiffeuse et un client qui me regardaient comme une attraction. On m'a également taillé la barbe. Je ne vais plus pouvoir faire croire aux gens que je rencontre que je suis sur les routes avec mon sac à dos depuis trois mois. Bref, le mec m'a fait une coupe des années 1990. Ça fera l'affaire pour le moment.
Dès que je suis rentré à l'hôtel, j'ai plongé dans l'eau, histoire d'enlever tous les petits cheveux perdus sur mon visage au cours de la tonte. Après une journée à cuire au soleil, j'ai trouvé l'eau beaucoup plus fraîche. Je me suis rincé dans ma chambre et je suis allé à la réception réserver un massage. J'ai commandé le massage vietnamien, je ne sais plus quelles vertus il a, mais je crois qu'il m'a fait du bien au final, c'est le principal. Pas sur le moment je dois dire: elle m'a parfois fait très mal, la masseuse. Détendu, je suis descendu au restaurant au bord de la plage où je me suis installé avec les deux Autrichiennes. Je les ai regardé manger en prenant l'apéro, parce que j'avais déjeuné tard, mais l'odeur du barbecue parvenant jusqu'à moi, j'ai été tenté par du poulpe grillé accompagné de riz sauté aux légumes. Après ça, on a continué à discuter avec Alex et Maria, en buvant des coups, puis nous nous sommes séparés vers 23h00. Elles sont allées se coucher et moi je suis allé à la réception, où la connexion internet est bonne, m'occuper de mon blog. À un moment, j'ai entendu des coups au-dessus de moi: c'était la pluie qui commençait à tomber. Une grosse averse est tombée pendant un quart d'heure environ, puis ça s'est calmé. J'ai pu rentrer à mon bungalow au sec.
Alors que je dormais paisiblement sous ma moustiquaire, bercé par le flux et le reflux des vagues à une centaine de mètres de moi, on a frappé à ma porte. Il était 8h45. Qui donc venait troubler mon sommeil à une heure aussi matinale en vacances? Les femmes de ménage. J'ai trouvé que c'était vraiment tôt pour passer dans les chambres alors je leur ai dit de revenir plus tard. Mais le mal était fait, j'étais réveillé, alors je suis allé plonger dans la mer quelques minutes. Les femmes de ménage n'ont pas perdu de temps et ont investi ma chambre en mon absence, mais comme je ne m'étais baigné que quelques minutes, j'ai dû attendre qu'elles finissent de tout mettre en ordre à mon retour. Rincé, je suis allé prendre le petit déjeuner. J'ai commandé une crêpe à la banane et on m'a amené une omelette au lard. Hmm. Bon, tant pis, c'est aussi bien. N'empêche qu'alors que je m'apprêtais à partir, on m'a amené ma crêpe à la banane.
Après cette copieuse collation matinale, j'ai loué un scooter pour aller à la découverte de coins plus reculés sur l'île. Je n'ai pas l'habitude de conduire des deux-roues, donc j'ai eu un peu de mal au début à me faire au maniement de l'engin, mais une fois lancé, c'est très cool. Après avoir fait le plein, j'ai traversé le bourg, le pont branlant, le marché saturé et je me suis lancé direction nord. Sauf que je n'étais pas sur la bonne route. Une fille m'a pédalé après pour me dire que le chemin que je venais d'emprunter ne menait nulle part. J'ai trouvé la bonne route et cette fois c'était parti. Quelques kilomètres tout d'abord sur une large route goudronnée, puis sur des pistes de terre rouge en très bon état. Les routes sont assez sinueuses et vallonnées, très sympas, et puis on longe de longues plages désertes, on traverse des village qui semblent ne pas avoir bougé depuis, eh bien depuis au moins l'invention de la plaque de tôle. Certains villages un peu éloignés de la route semblent endormis au bord de l'eau et sous les palmiers. On a l'impression d'avoir remonté le temps. Arrivé tout au nord de l'île, j'ai continué la piste sur une vingtaine de kilomètres jusqu'à un village balafré par une route à quatre voies en construction. Le village n'était en fait qu'une rangée de maisons de fortune, mais il y avait là un petit troquet et j'avais faim, alors j'ai fait halte. Je me suis donc arrêté manger dans ce qui devait être l'équivalent local du PMU, où quelques ivrognes
se réunissent toute la journée, un pépé édenté est venu vers moi en me tendant une canette de bière, insistant pour que je la prenne. J'ai dû faire la moue en disant que je n'aimais pas la bière pour me tirer de cette situation, parce que je n'avais aucune envie de boire une bière par cette chaleur et alors que je reprenais le guidon plus tard. D'autres types, pensant que je n'avais pas compris ce que voulait le pépé, sont venus vers moi avec une canette de bière qu'ils ont ouverte devant moi. Bon, c'était bien gentil mais j'en voulais vraiment pas. Toujours est-il que j'ai demandé ce qu'il y avait au menu et la fille m'a dit soupe avec fruits de mer. J'ai eu une soupe avec du porc et un genre de jambon. C'est peut-être moi qui avais mal compris. Ceci dit, deux Australiens sont arrivés un peu après moi et étaient tout aussi réjouis que moi de commander la soupe aux fruits de mer, et encore plus déçus que moi en trouvant de la viande dedans.
Je suis reparti vers Duong Gong en empruntant la quatre voies directe, dont seulement deux voies sont généralement praticables, et par intermittence, car elle est en construction, ce qui m'a valu quelques frayeurs en faisant des pointes de vitesse avec mon engin, m'apercevant seulement de justesse que la section asphaltée se termine. J'avais prévu aussi de m'arrêter un moment sur une plage mais finalement j'ai préféré rentrer. J'ai visité un cimetière, peut-être d'anciens combattants, j'ai encore visité un ou deux villages de pêcheurs très pittoresques que j'avais loupé en chemin le matin, puis je suis rentré rendre le scooter à l'hôtel.
Je me suis baigné un petit moment puis après le rinçage, je suis descendu à la plage où je me suis de nouveau joint aux Autrichiennes. J'ai pris des nêms, des crevettes grillées, des saint-jacques grillées et du poisson grillé. Un repas vraiment très bon. Puis nous avons poursuivi la soirée en buvant des cocktails, forcés de continuer à en boire car la pluie battante qui s'était mise à tomber nous empêchait de rentrer chez nous, évidemment.
Le lendemain, pour mes dernières heures à Phu Quoc avant de reprendre l'avion pour Ho Chi Minh Ville, je craignais d'être à nouveau réveillé par le personnel de chambre, mais elles ne se sont pas manifestées avant que je sorte de la chambre. J'ai vu qu'elles étaient à côté et j'ai lu un peu un livre en attendant qu'elles arrivent et quand elles étaient là je suis parti me baigner, espérant qu'elles seraient parties à mon retour. En effet, elles étaient parties après ma longue baignade, mais elles n'ont même pas fait la chambre. Surement parce que je pouvais la garder jusqu'à 11h30 et qu'il n'aurait pas été judicieux de faire la chambre avant mon départ définitif. L'heure fatidique venue, je suis allé payer puis, comme mon vol ne partait pas avant 14h20, je suis resté à la réception pour écrire mon journal, je suis allé trouver quelque chose à manger dans un petit resto pas loin, puis enfin on m'a emmené au petit aéroport de Duong Gong, où j'ai cédé à la fatigue qui me poursuivait depuis le matin. Dans le petit avion qui me ramenait vers Saïgon, un promoteur australien m'a parlé du nouvel aéroport qui se construisait sur l'île pour accueillir des charters de Bangkok et de Hong Kong, des projets de développement, notamment celui d'un casino dans le nord de l'île (d'où la quatre voies) ce qui m'a amené à lui dire que j'étais bien content d'avoir pu voir ce petit bout de paradis encore un peu préservé avant que cela ne devienne un enfer touristique. On ne peut pas empêcher les gens de vouloir accéder à un développement le plus rapidement possible, mais je crains que ce développement ne profite surtout aux promoteurs, à des gens qui veulent faire de l'argent, aux dépens de la qualité de vie des insulaires. S'ils savaient et s'ils avaient le temps d'envisager leur développement à long terme, ils pourraient miser sur un tourisme de qualité, avec un environnement préservé, loin des horreurs du tourisme de masse que l'avenir semble réserver à Phu Quoc.