Dimanche
24 février 2013
J'ai
dormi autant que je pouvais ce matin pour bien profiter de ma journée
de repos mais j'étais réveillé de toute façon à 7 heures. J'ai
préparé mes affaires tranquillement, j'ai mis à jour mon blog,
puis je suis allé prendre le petit déjeuner dans la rue piétonne
la plus proche. Il fallait que je me nourrisse convenablement avant
de prendre le bus à 11 heures, car l'arrivée à Palenque n'était
prévue qu'à 15 heures et quelques. Je
me suis offert des quesadillas au jambon avec des frites (j'y peux
rien, c'était compris dans le menu) et un jus d'orange assis à une
table sur le trottoir. Mon poste d'observation me donnait un point de
vue privilégié sur le San Cristóbal qui s'éveille un dimanche.
Les rues n'avaient pas l'effervescence du soir ou même de la journée. Les quelques personnes qui déambulaient dans les rues étaient pour l'essentiel des non-Mexicains, des personnes plus âgées qui se réveillent tôt, des sportifs qui faisaient leur jogging avant qu'il fasse trop chaud, des baba-cools ou je ne sais quels marginaux qui allaient au magasin, et quelques personnes attablées au soleil. À l'entrée des cafés, on voyait aussi des employés qui essayaient de faire venir les clients pour le petit-déjeuner et, à mon poste, j'étais par ailleurs la cible idéale des petits cireurs de chaussures, hauts comme ça (là, j'ai la main à la hauteur de ma hanche), qui supplient de les laisser cirer mes chaussures. Moi, avec mes chaussures de randonnée, j'en avais rien à cirer (hu hu hu!). Du coup, ils demandaient quand même un peso. Ils sont nombreux, les gens qui demandent la charité; certains tendent la main et pour bien faire comprendre qu'ils sont dans la misère, ils gémissent très bruyamment pour exprimer le désarroi le plus profond dans lequel ils se trouvent. Un peu comme moi quand je perds mes lunettes de soleil (ou presque).
Je
suis arrivé à la gare routière avec un tout petit peu d'avance et,
comme d'habitude, rien n'indiquait où se rendre pour prendre le bus
pour Palenque. En pensant me diriger du côté des départs, le
gardien qui a regardé mon billet m'a dit qu'il fallait que j'aille
de l'autre côté de la gare. Soit. J'ai attendu à l'autre porte, où
se trouvaient d'autres gens à la peau blanche comme moi, dont une
jeune routarde à qui j'ai demandé si c'était bien là qu'on
prenait le bus pour Palenque, question à laquelle elle m'a répondu
positivement. Les bus allaient et venaient à notre porte mais aucun
n'était celui que nous souhaitions. Du coup, j'ai entamé la
conversation. C'est la première fille que je rencontre à voyager
seule dans ce pays. Elle vient de Pologne et voyage tout le temps
seule, surtout en Amérique latine. Nous avons discuté de choses et
d'autres, puis on nous a appris que le bus avait une demi-heure de
retard et, quand il est enfin arrivé, la conversation s'est arrêtée
net. Madame la Polonaise s'est installée à sa place tout devant et
moi à ma place à la droite du bus, alors que le Routard
recommandait de s'installer à la gauche du bus, pour les paysages.
Enfin c'était pas trop clair, ce qu'il recommandait.
Les
paysages, oui, ils étaient pas mal, mais la route a été longue,
sinueuse et cahoteuse, à en donner la nausée. Elle est toujours
cahoteuse, la route, à cause de l'état des routes, qui se dégrade
naturellement ou en raison de l'activité sismique, et des nombreux
ralentisseurs à l'entrée et à la sortie de chaque village. Dès la
sortie de San Cristóbal, on s'est trouvé dans un paysage familier,
de pâturages de moyenne montagne, avec des pins et de nombreuses
constructions en bois. À certains égards, on se serait cru en
Russie – pour les maisons en bois et le désordre – la montagne
en plus et la neige en moins. Là, le paysage était très vert, ce
que je n'avais pas encore vu depuis mon arrivée au Mexique, ou tout
est généralement très sec.
Le
bus a continué à longer les routes sinueuses de montagne et,
bientôt, les pins ont progressivement fait place à une végétation
de plus en plus dense, encore plus verdoyante: la jungle. Elle paraît
impénétrable, tellement il y a d'arbres et de plantes et de fleurs.
Parfois, les palmeraies font un peu d'espace et les champs de maïs,
adossés aux collines, dans leur région d'origine, dégagent un peu
l'horizon. Sous les ponts passent des rivières où de l'eau claire
coule vraiment, ce que je n'avais pas vu encore au Mexique, où tous
les cours d'eau semblaient à sec ou ne laissaient passer qu'un mince
filet d'eau au bouillonnement douteux.
La route est bordée de nombreux villages où des enfants jouent à moitié nus sur le bas-côté. Dans chaque village, il y a au moins un magasin et au moins un type qui fait la sieste. De notre côté de la fenêtre, il est difficile d'imaginer qu'on peut se mettre torse-nu et jouer dans l'eau, car la clim' souffle à fond et il fait très froid. Dans les premiers villages que l'autocar a traversés, les femmes et les filles étaient habillées de leurs habits traditionnels autochtones. Comme ce ne sont pas des villages touristiques comme Zinacantán ou San Juan Chamula, on peut être sûr que c'est leur habit de tous les jours, ou au moins leur habit du dimanche (on est dimanche). Les garçons et les hommes sont quant à eux habillés de façon classique, pantalon et chemise, ou même sans chemise.
Je
me suis endormi un moment, l'appareil photo à la main, alors que
j'essayais de prendre une photo réussie des paysages. Je me suis
réveillé à l'unique étape du trajet, où nous nous sommes arrêtés
au moins un quart d'heure, que j'aurais pu mettre à profit pour
acheter un petit truc à manger. Mais dans la petite gare routière
de cette petite ville, il n'y avait certainement pas grand chose
d'intéressant à manger. Le bus a repris son chemin, avançant de
plus en plus vers les nuages. Le long de la route, on voyait souvent
des murs peints à la gloire du mouvement zapatiste mais à un
moment, nous avons été arrêtés par l'armée. Deux militaires sont
montés dans le bus et on jeté un coup d’œil aux gens et aux
sièges, mais ils n'ont fouillé personne. Un panneau écrit en
anglais indiquait sur le bord de la route qu'ils faisaient ça pour
notre propre sécurité.
Enfin,
le bus est arrivé à Palenque, à 17 heures passées. En descendant
du bus, ce qui frappe avant tout, c'est la différence de température
entre les 15° du bus et la chaleur moite de Palenque, qui contraste
également avec la fraîcheur de San Cristóbal. J'avais très faim,
n'ayant rien mangé depuis 9 h 30 environ. Mais de la gare routière
il fallait encore que j'aille à l'hôtel. La ville elle-même de
Palenque ne présente pas beaucoup d'intérêt; elle sert de base
pour les ruines mayas qui se trouvent à 8 km. À mi-chemin environ,
la plupart des routards se retrouvent au complexe d'El Panchán, qui
offre des chambres de tous niveaux de qualité en plein milieu de la
jungle. Ma camarade polonaise est partie de la gare routière en coup
de vent. Je savais qu'elle allait à El Panchán et je l'ai vue
demander son chemin mais je n'ai pas eu le temps de lui dire qu'il
suffisait de traverser la rue pour qu'un minibus s'arrête pour y
aller.
L'endroit
est super cool. Et pour bien le faire comprendre, le bar du coin
passe en boucle du Bob Marley et du Manu Chao. Attention hein, si
t'as pas de tatouage t'as pas trop intérêt à la ramener! Non mais
c'est vrai que c'est très sympa. Au restaurant, on ne croise que des
Européens, les seuls Mexicains sont représentés par le personnel.
L'ambiance est très détendue, on passe de la salsa et avec la
chaleur lourde et la jungle autour de nous, les ventilateurs qui
tournent au-dessus de nous et abrités par un toit en feuilles de
palmiers, on se sent vraiment sous les tropiques. On dirait qu'il y a
beaucoup de gens seuls. D'ailleurs, j'ai recroisé deux fois ma
Polonaise mais on n'a échangé que quelques mots et, alors que
j'étais installé seul à une table pour raconter le présent récit,
elle m'a salué et elle est allée s'installer à l'autre bout du
restaurant sans que j'aie eu le temps de l'inviter à se joindre à
moi. J'ai l'impression qu'elle est encore plus sauvage que moi. Ou
alors je lui fais peur? Hmm... Toujours est-il qu'à peine installé
dans ma chambre, je suis aussitôt allé au seul restaurant des
environs commander un plat de pâtes (avec des brocolis, pour avoir
l'impression de manger des légumes de temps en temps), pour changer
un peu des tortillas.
Ici,
on est loin de la ville, où je peux avoir des renseignements sur les
bus pour Merida, ville où je compte me rendre demain soir. Du moins
je dois y être le 27. Il y a des représentants d'agences de voyages
ici alors j'ai pu au moins me renseigner pour aller aux cascades
d'Agua Azul demain après-midi, même si la perspective de faire
encore trois heures de route aller-retour pour y aller ne m'enchante
guère. Donc ce que j'espère faire, c'est aller très tôt demain
matin aux ruines de Palenque, revenir avant midi pour rendre la clé
de ma chambre et prendre l'excursion pour Agua Azul, qui revient à
18 h 30. Je compte fortement sur la probabilité qu'il y ait des bus
de nuit pour Merida demain soir. Il est encore tôt mais à part
boire des coups au bar, il n'y a pas grand chose à faire ici, donc
je pense que je vais me coucher tôt et lire un peu avant de
m'endormir.
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