Jeudi
14 février 2013
Après cinq jours d'acclimatation
au Mexique, il est temps que je me mette en route pour voir du pays.
Ma prochaine étape: Acapulco, où travaille pour un temps ma cousine
Maryline (qui est aussi la cousine de Karl). D'après Maryline,
Acapulco n'est pas incontournable, mais ce n'est que à six
heures d'autobus, donc ce serait dommage de ne pas y passer. Et puis:
«Acapulco», quoi! Ce nom, ces sonorités, font rêver, non? C'est tellement
exotique!
Six heures de bus, c'est quand
même long, alors sur les conseils de Karl, j'ai décidé de faire
une étape à Taxco. Karl m'a accompagné à la gare routière sud,
et heureusement, parce que les tacos de la veille faisaient encore
effet et je devais avoir l'air particulièrement blanc aux yeux des
Mexicains. Karl et moi nous nous sommes dit au revoir, parce qu'il
sera en circuit dans le Nord quand je reviendrai à Mexico pour
prendre mon avion. Vraiment, si quelqu'un de la famille lit ces
lignes, je vous recommande d'aller voir Karl et Malinka. L'accueil
est chaleureux et Karl est un excellent guide. Si vous n'êtes pas de
la famille, prenez contact avec moi pour que je vous mette en
relation avec Karl pour votre voyage sur mesure au Mexique, ou allez voir sa page Facebook: Guide français Mexique.
J'ai passé l'essentiel du trajet
vers Taxco à raconter ma journée à Teotihuacan, essayant d'oublier
les virages. Le paysage avait l'air intéressant, mais je n'étais
pas à côté de la fenêtre et je ne voyais pas très bien. J'étais
en outre distrait par le film qui passait sur l'écran devant moi: un
film français intitulé «Forces spéciales», où quelque-chose
comme ça, à la gloire, comme son nom l'indique, des forces
spéciales françaises, mises en scène dans une opération fictive de
libération d'otage en Afghanistan. Quand j'ai terminé de raconter
ma vie, je pensais qu'il me resterait un peu de temps pour me reposer
mais nous abordions déjà les derniers virages vers Taxco et on
voyait déjà la ville accrochée à la montagne.
À la gare routière, je devais
acheter aussitôt mon billet pour Acapulco du soir, mais je ne
trouvais pas le guichet de la compagnie qui avait les horaires qui me
convenait. Une petite famille anglophone m'a vu un peu paumé et m'a
demandé ce que je cherchais. J'ai expliqué ma situation et ils
m'ont dit – ils viennent ici souvent, apparemment – qu'il y avait
une autre gare routière un peu plus loin. Sympas, les gens. J'y suis
allé à pied, découvrant une partie de la ville déjà très
animée, très jolie, bien qu'il s'agisse un peu de la périphérie
de Taxco. Contrairement la gare routière où je suis arrivé, qui
grouillait, ce terminal-là était désert, mais du coup, c'était
moins le stress pour s'adresser au guichet, demander à faire garder
mes valises et passer au baño.
Ceci fait, je suis allé explorer
la ville. Et pour l'explorer, il faut avoir de bonnes jambes. Ça
grimpe! Sauf quand on descend, bien sûr. Et pour irriguer ces
étroites ruelles en pierre, une armée de coccinelles Volkswagen
blanches. C'est très folklorique mais ça pollue et ça crée
d'immenses embouteillages. Je me suis demandé au début pourquoi il
y avait autant de taxis de la sorte mais j'ai compris plus tard que
c'était le mode de transport pour aller du haut vers le bas, et
surtout l'inverse, de la ville. Les rues, doublées d'un réseau
d'escaliers, sont extrêmement raides et, bon, pour moi, c'était
amusant de le faire une fois, mais quand on habite là j'imagine que
ça doit être vite lassant de tout faire à pied.
Ma première étape fut le
marché, pour trouver de quoi me restaurer. Il était midi, mais dans
le coin des restos, il n'y avait quasiment personne. Tous les étals
proposaient la même chose au menu, du coup c'était difficile de
choisir, surtout que, refroidi par l'expérience de la veille au
soir, je ne voulais pas infliger à mon estomac n'importe quoi. Je me
suis dit qu'un pozole serait le plus adéquat dans ma situation. Et
c'était parfait. Léger, complet, sain et bon. En raison de la
configuration de la ville, le marché de Taxco n'est pas dans un
endroit plat et ordonné mais il occupe tout un tas de petites
ruelles qui montent et qui descendent, ce qui le rend
particulièrement pittoresque.
Après manger, j'ai entrepris de
monter tout en haut de la ville, à la statue du Christ, pour la vue.
Eh bien j'ai juré. Les «pyramides» de Teotihuacan, c'était rien à
grimper comparé à ça: des escaliers avec de bonnes marches bien
hautes, des rues super raides, mais ça valait vraiment la peine, non
seulement pour le panorama sur la ville et la vallée, mais aussi
pour la découverte, en chemin, de quartiers non touristiques de
Taxco. Le haut de la ville est un peu moins remarquable que le centre
mais il demeure très authentique, on n'y croise quasiment pas de
touristes et les gens sont très aimables et d'un abord facile. Les
rues sont submergées d'écoliers en uniforme qui saluent le passant
étranger en anglais et crient «photo! photo!» quand ils voient
l'appareil. Une telle proposition, ça ne se refuse pas. Tout en
haut, au pied du Christ rose, quelques couples se bécotent et
profitent à peine de la vue qui s'offre au courageux qui a réussi à
atteindre ces lieux.
La descente fut beaucoup moins
éprouvante. J'ai continué à arpenter les ruelles, à me perdre, à
descendre et à monter. Je suis allé voir à l'intérieur de la
cathédrale baroque (plus jolie de l'extérieur que de l'intérieur,
selon moi) et puis je me suis posé un moment sur l'agréable place
centrale, le Zocalo, où se mêlent locaux et touristes pour profiter
de l'ombre et de la vue sur la cathédrale. En attendant le bus, j'ai
écrit quelques cartes postales, je suis vite allé au petit bureau
de poste jeter mes cartes (option à privilégier, selon Karl, aux
boîtes aux lettres, si on veut que le courrier arrive un jour), puis
j'ai fait mes adieux à Taxco en retournant sur le marché acheter un
petite barre de noix diverses au miel artisanale à une petite
vieille.
Tout ce sucre, ça requinque,
mais ça ne m'a pas empêché de reprendre des churros à un type qui
s'était posté devant moi à la gare routière pendant que
j'attendais le bus. Je n'avais pas le temps de m'acheter une
bouteille d'eau pour faire passer le goût du sucre mais le bus était
là, on mettait les bagages en soute et à l'embarquement, on nous
donnait une bouteille d'eau. Oui, sauf que: une fois que j'avais mis
mon sac en soute, j'ai entendu un type rameuter les voyageurs en
criant «México!». Ah oui mais non, je retourne pas à Mexico, moi.
Bon, j'ai récupéré mon sac et j'ai attendu encore un peu mon bus
pour Acapulco. Là, en revanche, on ne nous a pas donné de bouteille
d'eau et j'étais bien dépité, mais surtout, assoiffé. Je me suis
endormi devant le film (Rio), probablement quelques minutes
seulement, quand le bus s'est arrêté prendre des passagers. Là, un
vendeur est rentré et j'ai pu lui prendre une boisson au thé, faute
de mieux.
L'arrivée à Acapulco a été un
peu pénible. Je n'ai pas vu qu'on traversait des quartiers
particulièrement déshérités mais la circulation était infernale,
à cause d'importants travaux sur les grands axes. Malgré cela, le
bus est arrivé en avance et j'ai attendu un peu Maryline. Ça fait
plaisir de voir ma cousine normande, ma camarade de jeux quand
j'allais chez ma grand-mère, à l'autre bout du monde! Pendant que
nous redescendions sur le front de mer, elle m'a briefé sur la
sécurité et l'insécurité à Acapulco. Si j'ai bien compris, faut
pas que je m'éloigne du centre et que je ne dorme pas à poil, en
cas de tremblement de terre. C'est noté.
La Saint-Valentin, c'est assez
vilain chez nous, mais au Mexique, c'est quelque-chose d'important,
paraît-il. Et on peut imaginer quel peut être le résultat d'une
Saint-Valentin dans une ville balnéaire du Mexique. C'est pas
joli-joli. Le long du front de mer où se trouvent tous les hôtels
et les bars à touristes – concept déjà répugnant à la base –,
les cœurs ont fleuri et de calèches hippomobiles décorées de
ballons multicolores et de lumières qui clignotent promènent les
couples attendris. Vraiment y'a pas de quoi (être attendri), dans
ces conditions. La calèche étant beaucoup plus chère, nous avons
pris le bus, music and lights à fond, toujours dans la modération,
ces Mexicains, jusqu'à l'Alliance française, où vit et travaille
Maryline.
J'étais fatigué mais déterminé
à faire de mes vacances des vacances et nous sommes ressortis dans
un bar à touristes surplombant la plage où on est obligé de faire
la fête. Nous y avons retrouvé la collègue de ma cousine, Alex, et
deux amies à elle qui lui rendaient visite de France, ainsi que
plusieurs autres personnes liées de près ou de loin à l'Alliance
française d'Acapulco. J'ai pris un cocktail pour trinquer (mais,
Saint-Valentin oblige, c'était deux cocktails pour le prix d'un, on
va pas faire le difficile) et j'ai commandé de très bonnes
crevettes grillées à manger. Le niveau sonore était élevé et il
était difficile de discuter. On passait surtout de la salsa, or non
seulement je ne sais pas danser la salsa, mais je n'aime pas cette
musique. Et puis j'étais crevé. À un moment, ils ont augmenté le
volume sonore un peu, ils ont fait monter des danseuses en mini-short
sur une scène et ils les ont fait danser. Un peu plus tard, on nous
a distribué de longs ballons qu'il fallait agiter au-dessus de nos
tête en s'amusant. Ouaiiiiis! Ouais. Et puis ils ont passé de la
disco. Et puis j'ai dansé. Et j'ai agité mon ballon. Et je me suis
quand même un peu amusé. Et j'ai eu honte.
Et puis il était l'heure de
partir, les profs de l'Alliance française devant donner cours à 7
heures le lendemain. Au point où on en était, on ne pouvait pas
rentrer simplement en bus ou en taxi. Une série de malentendus nous
a amené a marchander une course et avant que nous ayons pu nous en
rendre compte, nous étions à cinq dans une carriole entourée de
ballons blancs et roses et tirée par un cheval efflanqué le long
d'une grande artère très fréquentée et bordée d'hôtels sans
charme. Le romantisme poussé à son paroxysme.
Je me suis couché la tête
remplie de belles images de la journée et je me suis endormi sans
demander mon reste.
8 commentaires:
Au revoir Karl et Malinka ! Bonjour Maryline !
T'as bien de la chance d'avoir de la famille partout, toi :-)
Moi je suis de la famille et je suivrais bien tes recommandations.Dommage que j'aie fait allemand première langue ! je ne parle pas un mot d'espagnol ! Je retiens donc d'emblée la première leçon : "no gracias"
Elisa, malheureusement, je crois qu'après Acapulco, j'aurai fait le tour de la famille à l'étranger. Pareil pour les amis. C'est triste.
Evelyne, moi aussi j'ai fait de l'anglais et de l'allemand au lycée, ça n'empêche pas de se faire comprendre, à grand renfort de a et de o à la fin des mots français :)
Ouais, mais le coup des "o" et des "a" ça marche pas à tous les coups malheureusement ...
Ah non? Merde, qu'est-ce que j'ai bien pu leur dire alors?
Beaucoup de bêtises, j'en suis sûre ! Dommage que vous ne soyez pas bilingues comme moi. :D
Gnégnégné, fais gaffe, y'a des gens vraiment bilingues qui ont laissé des commentaires sur cette page :)
Oups !
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