Kilomètres parcourus:1130 km
C'est presque un autre voyage qui commence pour moi aujourd'hui. J'ai en effet quitté l'est du continent américain, civilisé, où j'ai été accompagné jusqu'à présent, pour m'aventurer seul dans l'Amérique rurale.
Je me suis levé très tôt ce matin, à 6h, pour aller chercher ma voiture de location à 7h00 au centre de Chicago. Toujours stressé, je craignais qu'il y ait eu un problème avec la réservation, ou que mon permis de conduire ne serait pas valable, ou va savoir quoi encore. J'ai donc quitté Chicago en pleine heure de pointe, sous la pluie, sans savoir comment rejoindre mon autoroute. J'ai bien accepté de prendre un GPS avec la location, mais je n'ai pas eu le temps de le régler; toutefois, c'est en cherchant une rue moins fréquentée pour me garer et entrer mes informations dans le GPS que je suis entré par hasard sur l'I-90, l'autoroute que je cherchais et qui doit m'emmener jusqu'à l'océan Pacifique. Quant au problème de la circulation, je l'avais pris en compte, mais sans penser qu'il y aurait autant de monde pour sortir de Chicago, puisque normalement les liaisons pendulaires se font de la banlieue vers la ville normalement, mais visiblement j'ai mal jugé. Le temps de me réhabituer à la conduite en général et à la conduite avec une automatique et en Amérique du Nord en particulier, et j'étais lancé! J'ai quand même loupé le premier péage, que j'ai pris dans la file des abonnés, donc ouverte, mais j'ai bien respecté les trois ou quatre suivants.
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C'était donc parti pour un trajet de plus de 1000 kilomètres, à travers quatre Etats – l'Illinois, juste un bout, le Wisconsin, le Minnesota, dans toute sa largeur, et le Dakota du Sud, que j'ai bien entamé – sans pour autant qu'il y ait d'impressionnantes variations du paysage. J'ai eu beaucoup de pluie au début du trajet, parfois coupées d'accalmies, mais la pluie avait toujours le dessus, et ce n'est que vers Rochester, dans le Minnesota, que la pluie a définitivement cessé de tomber.
Les limitations sont très variables, cela dépend j'imagine de l'Etat dans lequel on se trouve, de la densité de populations aux alentours et probablement d'un tas d'autres facteurs, mais toujours trop lentes. La limite la plus fréquente dans l'Illinois était de 65 miles par heure, mais à mesure que j'avançais, la limite est passée à 70, puis à 75 mph, à mesure que l'on s'enfonçait dans l'Amérique profonde.
Car c'est bien là que je me suis rendu aujourd'hui: l'Amérique des « r » prononcés du fin fond de la gorge, des vieux obèses, des serveuses qui, contrairement à celles de la ville, ne demandent pas comment je vais quand je rentre dans le resto alors qu'on ne se connaît pas. Ma première expérience de l'Amérique profonde, c'est quand, arrêté sur une aire de repos, j'ai vu un gros pick-up débouler avec à l'intérieur un type qui devait être un cow-boy, ou qui aurait voulu l'être. L'Amérique profonde, c'est aussi le désert culturel. Dans le Dakota du
Sud, outre le Mont Rushmore, l'attraction du coin se trouve à Mitchell, dans l'ouest de l'Etat, où, depuis 1902, se dresse un « Palais de maïs » (Corn Palace), construit en partie avec les différentes parties du maïs, et orné, à l'intérieur comme à l'extérieur de grandes fresques faites à base d'épis de maïs. C'est très kitsch, mais ça vaut le coup d'œil, surtout que c'est à côté de l'autoroute. On y voit d'énormes américains ayant peine à se déplacer sur leurs deux jambes prendre des photos en parlant fort et faire le tour du magasin de souvenirs, démesuré au regard de l'attraction. L'entrée est gratuite (manquerait plus qu'on paye pour voir ça), mais il y a une dame à l'entrée qui donne des conseils, et elle n'a pas caché sa surprise quand je lui ai dit que je venais de France. Elle ne l'a pas dit, mais dans sa tête, elle a du se demander avec de gros « r » profonds comment j'avais fait pour me perdre ici.
Plus symboliquement, j'ai passé un fleuve qui a une importance particulière dans l'histoire et la culture des Etats-Unis, le Mississippi, au niveau de La Crosse. Techniquement, ce n'est qu'un cours d'eau, mais quand même, l'avoir vu et l'avoir traversé ça a une valeur symbolique pour moi, tout comme pour le Missouri, au bord duquel je me trouve actuellement et que je vais traverser dès demain matin pour continuer vers l'ouest. Le Missouri, en se jetant dans le Mississippi, est l'une des plus longues rivières du monde. Ca n'a quand même pas la même valeur symbolique que de traverser le Cher ou l'Allondon.
En ce qui concerne les paysages, c'est beaucoup moins plat que ça en a l'air sur Google Maps, et d'ailleurs, la route est beaucoup moins droite que la carte ne le laisse penser, car il y a régulièrement des virages, heureusement, quoi que ce n'est plus tout à fait vrai à partir de Mitchell, où l'on voit la route se perdre dans l'horizon. On ne voit pas non plus une régularité particulière dans les champs, comme le montre la photo satellite. Ce qu'on voit, c'est des champs variés, des cultures, des élevages de vaches, de temps à autres une ferme ou une église, quelques collines et pas mal de marais. En fin de compte, cela ressemble pas mal à la Beauce pour les endroits les plus plats (sauf qu'on traverse facilement la Beauce en moins de deux heures, et d'autres endroits font penser au bocage normand, surtout quand il pleut. Néanmoins, si ce n'est pas absolument monotone, le type de paysage change peu, comparé à un voyage à travers la France, où, en une journée, on peut voir des champs, puis des forêts de chênes, puis de la montagne, puis des forêts de pins, puis des champs plats, puis des collines, etc. Là, c'est plus ou moins toujours la même chose et ce qui brise la monotonie, c'est les animaux morts au bord de la route. C'est plus ou moins toujours les mêmes, mais je ne saurais pas les identifier.
Je comptais faire étape à Mitchell, mais comme j'ai bien roulé, malgré une sieste assez longue
dans le Missouri, j'ai poursuivi jusqu'à l'hôtel Super 8 de Chamberlain. J'aurais pu pousser encore plus loin, mais il vaut mieux que j'ai du temps pour bien me reposer et accessoirement faire le récit de ma journée. J'ai dîné dans un steak house où les serveuses étaient moyennement aimables. J'essayerai de me lever tôt demain pour avancer un max et avoir le temps de visiter le Mont Rushmore.
6 commentaires:
Toujours aussi plaisant à lire... un vieux rêve pour moi que cette traversée des States dans la largeur ;) Je l'avais faite dans la hauteur (Dallas - Milwaukee), mais c'est pas la même chose. Même valeur symbolique pour le Mississipi, ce fleuve est vraiment impressionnant j'ai trouvé.
Happy travellin', Merry Wanderer :)
Mais bien évidemment que je lis ton blog, JM, et depuis sa création (Noémie me l'avait signalée). Je suis impressionné par la régularité de tes billets au cours de tes voyages, notamment, mais le tout est bien foutu. Tu te défends bien côté photo !
Take care Jean-Michel, salut aux présidents sur les montagnes.
Moi aussi je suis impressionnée par tout ce contenu.
Bisous baveux du Nord
T'as mis le Cruise Control ???
Moi, je suis tellement fière de savoir le faire marcher que, si j'osais, je le déclencherais entre chez moi et le boulot !!!
ouh, merci pour tous ces commentaires ! encore, encore !
Elisa, clair que je mets le régulateur de vitesse. Mets-le pour aller au boulot, vas-y fais-toi plaise!
Alex, du Sud au Nord, ça doit être sympa. A l'occasion (dans 10 ans peut-être), j'irais visiter le sud des Etats-Unis, ou je me ferais un circuit dans les parcs nationaux de ouf.
Mimi, take care et à bientôt !
Mark, merci, ça me fait vachement plaisir.
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