vendredi 1 mars 2013

De l'art de se faire embobiner

19e jour – Mérida - Mexico
Mercredi 27 février 2013
 
Ayant renoncé hier à partir en excursion à Izamal ou Uxmal ou me baigner dans un cenote, histoire de ne pas trop stresser avant de prendre mon vol pour Mexico, j'étais fermement déterminé à ne pas trop me fouler de la journée. J'étais décidé à dormir longtemps, ce à quoi le lieu se prêtait pour une fois, car les chambres sont plutôt calmes, quoique étouffantes. En effet, j'ai remarqué qu'aucune ouverture n'avait été prévu pour amener de l'air de l'extérieur. Il y avait bien un ventilateur au plafond pour brasser l'air (avec une certaine efficacité) et une climatisation qui amenait de l'air de l'extérieur mais il n'y avait même pas un trou pour recycler de l'air naturel. J'étais, donc, décidé à faire la grasse matinée, mais pas trop quand même, hein, il ne fallait pas que je loupe le petit déjeuner compris dans le prix de la chambre. De toute façon, à 9 h 00, j'étais réveillé. Le petit déjeuner n'était pas bien intéressant – des œufs brouillés, du mauvais thé, du mauvais café, quelques jus artificiels, de la marmelade artificielle et du mauvais beurre sur du mauvais pain. Super!

J'ai occupé la chambre quasiment jusqu'à ce qu'on me mette dehors, ne rendant la clé qu'à midi, puis je suis allé me promener en ville. Je suis rentré dans la cathédrale et j'ai apprécié le style sobre ainsi que le crucifix, qui serait l'un des plus grands du monde. En sortant, j'ai croisé tout ce que Mérida compte de miséreux: un unijambiste, une dame recouverte de bulbes, une multitude faisant la manche, ils étaient tous réunis autour de l'église.

De l'autre côté de la rue, je suis rentré dans le palais du gouvernement (municipal? de l'État?) pour admirer les peintures murales représentant l'histoire de la région et de son peuple. J'ai trouvé que c'était très intéressant et j'ai beaucoup apprécié le style de l'artiste. À l'entrée, dans la cour, se trouvait un piano à queue tout seul. J'ai compris à quoi il servait un peu plus tard, quand une dame en tenue de soirée s'y est installée et a joué quelques notes. Cela n'a pas duré longtemps: sa petite mélodie n'était qu'un prétexte à une séance de photos. C'était assez curieux à voir. Je pensais ensuite aller au musée régional d'anthropologie. À peine avais-je sorti mon guide pour m'orienter qu'un homme, que je pensais être un vendeur pour le magasin d'électroménager devant lequel je m'étais arrêté, m'a demandé ce que je cherchais et a commencé à me donner des conseils sur les choses à voir à Mérida, m'entraînant dans une conversation sympathique.

Puis il m'a mis en garde contre les produits d'artisanat de mauvais qualité, me conseillant plutôt d'aller dans une coopérative. Il m'y a gentiment conduit et m'a laissé entre les mains d'une poignée de vendeurs qui me scrutaient tandis que je regardais l'intérieur du magasin sans intérêt particulier. J'ai quand même commencé à m'intéresser aux hamacs et j'ai demandé des renseignements. Puis ça a été les chapeaux mayas. J'ai négocié le prix avec brio mais bon, au final, je sais que je me fais de toute façon avoir. Et puis après avoir réglé par carte, j'ai vu un de ces pulls mayas que j'avais déjà remarqués sur des gens et qui me plaisaient bien. Là aussi, j'ai essayé, j'ai négocié et finalement j'ai réussi à avoir un bon prix (par rapport à ce qu'il proposait au début, c'est relatif) en lui donnant ce qu'il me restait de cash. Maintenant je commence à croire que tous ces braves gens qui veulent m'aider à visiter la ville et à trouver les meilleurs endroits pour faire les meilleures affaires ne sont pas là par hasard. Si ce sont bien des rabatteurs pour les magasins de produits artisanaux, alors ce sont des maîtres dans l'art de la manipulation. La conversation est plaisante et c'est très subtilement qu'ils amènent la conversation sur la question de l'artisanat. Donc comme on ne se sent pas forcé, on consent bien volontiers à les suivre dans les magasins.

Je suis donc ressorti de la boutique chargé de marchandises alors que n'avais absolument pas pour projet d'acheter quoi que ce soit ce jour-là. Les poches vides autant que le ventre, je suis passé retirer un peu d'argent puis je me suis rendu au marché principal de Mérida. À l'entrée, il y avait un attroupement: des curieux semblaient regarder une équipe de tournage faire des repérages sonores et lumineux. Enfin, je ne sais pas, je cherchais les comedores, que j'ai trouvés après m'être perdu dans ce dédale de fruits, légumes, herbes, livres, viandes, serruriers, cordonniers et que sais-je encore. Un bien beau marché. Les comedores se trouvaient dans une petite cour et j'ai fait tout le contraire (je m'en suis rendu compte après) de ce que recommandait le Routard: j'ai choisi le moins fréquenté. En fait je n'avais pas vu qu'il y en avait plein d'autres un peu plus loin, où il y avait plus de monde, mais à mon avis, ils se valent tous. J'ai goûté une spécialité locale, le poc-chuc, des tranches de porcs marinées qui n'avaient rien d'exceptionnel.

Enfin, je suis rentré à l'hôtel pour me poser tranquillement devant mon ordinateur en attendant l'heure de prendre le taxi pour l'aéroport. Le plus miraculeux, c'est que j'ai réussi à caser toutes mes nouvelles acquisitions dans mon sac de voyage. Il est temps qu'il se termine, d'ailleurs, parce que ça commence à faire lourd sur le dos. C'est un vieux très sympa qui m'a emmené à l'aéroport dans son taxi. Il m'a fait la conversation et, étonnamment, je me suis laissé allé à parler de la pluie et du beau temps en espagnol.

J'étais bien en avance à l'aéroport pour mon vol pour Mexico et, l'enregistrement effectué, je me suis retrouvé devant une boutique spécialisée dans les lunettes de soleil. J'ai dû essayer une cinquantaine de paires différentes mais aucune ne pouvait effacer le souvenir de mes regrettées lunettes disparues entre Oaxaca et Tuxtla Gutiérrez. J'ai néanmoins discuté avec la vendeuse et avec le gérant du magasin, un Néerlandais venu au Mexique par amour mais qui semble avoir un peu de mal à s'intégrer. L'aéroport de Mérida est nickel, on a même le wi-fi gratuit, et ça j'aime. Ce qui m'a surpris, en revanche, c'est que taxiway qui permet à l'avion de se rendre en bout de piste, c'est la piste elle-même. L'avion roule sur la piste, il fait demi-tour, puis il décolle. Il faisait nuit quand l'avion est parti mais la vue était intéressante. Pas tellement le survol du golfe du Mexique, sur lequel on pouvait quand même voir des lumières, qui étaient, selon moi, des plate-formes offshore d'exploitation pétrolière ou gazière, mais ce qui était magnifique, c'étaient les lumières des villes, nombreuses, et de plus en plus rapprochées jusqu'à Mexico. L'aéroport de Mexico se trouvant en plein milieu de la ville, l'atterrissage est fantastique, on voit s'étendre les lumières de cette ville immense jusqu'à l'horizon, et à mesure que l'avion se rapproche du sol, on voit de mieux en mieux les détails; les serpents lumineux deviennent des files de voitures et on distingue petit à petit chaque pâté de maisons, jusqu'à ce que l'avion se pose au sol.

Le système de taxis est très bien organisé à Mexico. On choisit sa compagnie, on donne l'adresse et on paye par zone. On reçoit en échange un ticket qu'on échange au chauffeur de taxi. Dans mon cas, le problème, c'est que j'avais choisi (au pif) la compagnie la plus demandée, si bien que j'ai attendu près de vingt minutes en ligne avant que je puisse monter dans un taxi. Mais je suis arrivé à bon port, j'ai sonné au bon interphone et j'ai retrouvé Malinka et sa mère.

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