Mardi
26 février 2013
On
pourrait croire qu'en arrivant avant 7 heures du matin dans une
ville, on peut profiter d'une longue journée pour faire une
multitude de choses. Eh bien ce n'est pas le cas quand on descend du
bus. Et pourtant, j'ai peut-être passé l'une de mes meilleures
nuits dans un bus. Je me suis endormi vite, je n'ai pas eu trop
froid, ni trop chaud, je n'ai pas été envahi par un voisin et les
occupants du véhicule étaient calmes. Même la visite d'un
policier, qui m'a demandé de produire mes papiers d'identité, puis
d'un douanier, qui m'a demandé la même chose (et rien qu'à moi,
c'est dire si je suis privilégié), n'ont pas eu raison de mon
sommeil. Je suis donc arrivé à Mérida relativement reposé mais
j'ai vite abandonné l'idée de prendre aussitôt un bus pour Chichén
Itzá, estimant qu'il valait mieux que je dépose mes affaires à
l'hôtel et que je me repose un peu. De plus, je serais arrivé en
même temps que des milliers d'autres touristes, ce qui aurait pu
nuire à mon appréciation des lieux.
Je
suis allé en direction du Zócalo pour commencer à découvrir
Mérida, qui est une ville bruyante et grouillante. Beaucoup de
circulation, beaucoup de gens sur les trottoirs (ce qui est sûrement
dû au fait que les trottoirs sont très étroits). Mais
contrairement à ce que laisse entendre le Routard et ce que d'autres
personnes ayant voyagé à Mérida semblent dire, je trouve que
l'architecture coloniale peine à se manifester. Çà et là, on peut
voir des façades un peu différentes mais je trouve que, d'un point
de vue architectural, cette ville est quelconque. Peut-être qu'elle
n'est pas bien mise en valeur. Peut-être que je ne suis pas allé
dans les bons quartiers. En revanche, j'admets qu'on puisse aimer
l'atmosphère de Mérida, mais avec tout ce monde, je me sens un peu
étouffé. Enfin, peut-être que je regarde la ville à travers le
prisme de la privation de sommeil. Elle m'a déjà fait le coup.
Le
Zócalo est très agréable, grande place arborée qui constitue un
petit havre de paix au milieu du tumulte exubérant du trafic
automobile effréné (oui j'exagère un peu). Les bâtiments qui
l'entourent ne sont pas désagréables à regarder: une cathédrale
massive et sobre, des arches longeant des passages commerçants, un
palais administratif. J'ai cherché l'office de tourisme pour me
renseigner sur les options qui s'offrent à moi eu égard à mes
projets d'excursion hors de la ville. Un type qui distribuait des
cartes de visite pour un restaurant m'a demandé ce que je cherchais
et m'a expliqué que l'office du tourisme était fermé. Il m'a dit
comment aller à Chichén Itzá, quel bus je devais prendre, etc. Oui
c'est sympa, mais il n'est pas l'office du tourisme, lui, il ne me
peut pas vraiment me conseiller sur ce que je devrais faire
aujourd'hui. Je l'ai quitté en le remerciant, j'ai fait un tour de
pâté de maison et j'ai trouvé l'office de tourisme – tout ce
qu'il y a de plus ouvert – où j'ai été accueilli par deux jeunes
femmes. Celles-ci m'ont donné des tas de petits bouts de papier avec
les horaires des bus de 1ère classe pour Chichén Itzá, Uxmal,
Izamal et répondaient à toutes mes questions avec
professionnalisme.
Avant
de prendre une décision, il fallait que je mange, disais-je, et,
pour cela, je suis allé jusqu'à une petite place où l'on trouve
plein de petites gargotes servant plus ou moins toutes la même
chose, comme sur les marchés. Dès mon arrivée, j'ai été assailli
par les tenanciers et -cières, qui me collaient leur menu sous le
nez et me pressaient de m'asseoir chez eux. Je leur disais que je
voulais faire un tour d'abord. Mais dans tout cet étalage de bouffe,
une petite devanture m'a interpellé plus que les autres. J'y ai vu
(végétariens, sautez les prochaines lignes) deux beaux animaux bien
rôtis, dont l'un avec des chicharrones dessus. Si j'ai bien
compris, c'était du cochon de lait. J'en ai commandé deux tacos,
ainsi que deux tacos de queso relleno – du fromage fourré à
la viande – qui se sert normalement en sandwich mais que j'ai voulu
prendre en tacos. Fromage pas terrible, viande pas terrible: ça
aurait été certainement meilleur entre deux bouts de pain.
En
effet, l'autocar était un omnibus qui s'arrêtait dans tous les
villages le long de la route, jusqu'à Chichén Itzá et au-delà. Le
paysage étant tout à fait inintéressant, la route étant bordée
d'une épaisse et triste végétation qui ne laissait rien voir, le
moment fut tout indiqué pour faire une sieste. D'ailleurs, je n'ai
pas attendu d'être sorti de la ville pour m'assoupir. Cela a
considérablement réduit l'attente jusqu'à Chichén Itzá mais le
trajet n'en a pas été moins interminable. Surtout que plus le bus
prenait du retard, moins j'aurais de temps pour voir ce site toltèque
et maya, considéré comme l'une des nouvelles merveilles du monde,
dont j'ai tant entendu parler. Le bus est arrivé avec un quart
d'heure de retard à 15 h 45 et, à la caisse, la dame qui vendait
les billets a eu la bonté de me dire que l'entrée du site était
gratuite à partir de 16 h 00. Je me suis dit que quitte à courir
pour voir des ruines, autant que ce soit gratuit. J'ai attendu donc
quelques minutes et j'ai ainsi économisé 10 euros. Une fortune,
comparé aux autres sites antiques que j'ai visités au Mexique.
Pas
besoin de chercher la pyramide emblématique de Chichén Itzá – le
Castillo – trop longtemps; elle se trouve juste à l'entrée du
site. C'est l'élément le plus impressionnant et probablement le
mieux conservé (ou remis en état) du site. Elle n'est pas très
grande mais sa régularité et son parallélisme sont frappants.
Quand on sait en plus qu'elle a une utilité et une symbolique
astrologique, on ne peut qu'admirer l’œuvre. Pas le temps de
m'attarder, je poursuis ma visite: le jeu de pelote, quelques petits
temples, quelques poufs qui se font prendre en photo la bouche en cul
de poule devant le Castillo, le temple aux Mille Colonnes, des
vendeurs, encore des vendeurs, même en plein milieu de la forêt,
puis une autre section de temples et d'édifices divers plus ou moins
bien conservés. Le site n'est pas très grand et quand même assez
boisé, ce qui le rend agréable, mais je n'aimerais pas venir en
plein milieu de l'après-midi quand le soleil est haut et que les
touristes affluent. Si je reviens au Mexique, j'irai visiter Chichén
Itzá dès l'ouverture, à 8 heures du matin, pour bien en profiter.
Le
dernier bus pour rentrer à Mérida était à 17 h 00; il fallait
donc que je me dépêche de terminer ma visite et de revenir sur le
parking pour sauter dans le bus. À 17 h 15, toujours pas de bus. Je
ne m'inquiète pas, je sais que les bus ont du retard, c'est dans
leur nature. À 17 h 20 vient un bus pour Mérida. Je montre mon
billet au chauffeur: pas la bonne compagnie. Dommage, je suis sûr
que celui-là était direct. Mon bus est arrivé une dizaine de
minutes plus tard. J'espérais bien, comme à l'aller, dormir, mais
impossible de trouver le sommeil. J'ai l'impression que c'est plus
difficile de dormir dans un bus quand il fait nuit. Le voyage m'a
cependant semblé moins long. Des vendeurs ambulants sont entrés
dans le bus et j'ai cédé pour un paquet de chicharrón
agrémenté d'un peu de sauce pimentée pas très forte.
Je
voulais essayer de boire un chocolat local après le repas mais
j'étais bien trop rempli pour quoi que ce soit d'autre. Je suis
rentré à l'hôtel pour tapoter sur mon clavier mais la petite
sieste du bus pour Chichén Itzá n'avait pas suffi et je me suis
quasiment endormi sur mon ordinateur.
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