2e jour - Mexico
Dimanche
10 février
Au niveau du sommeil, on peut dire qu'il y a une certaine
amélioration. Couché vers 22 h, je me suis réveillé à 7 h après
avoir dormi comme une pierre. Tout le monde dormait dans la maison
alors j'ai instauré la coutume de commencer ma journée par la
rédaction du journal, pour le plus grand plaisir de mon fan-club,
essentiellement constitué de ma mère (bonjour maman!). Le
désavantage d'écrire un journal, c'est qu'on a moins de temps pour
faire d'autres choses. Ce matin, par exemple, au lieu de passer mon
temps à écrire à la table du salon en attendant que la petite
famille se réveille, j'aurais pu aller explorer le Mexico qui
s'éveille, profiter du doux soleil matinal. Mais non, j'ai écrit.
Le mal est fait, n'en parlons plus.
La journée touristique fut maigre mais néanmoins très intéressante
sur le plan social. Après le petit déjeuner, Karl m'a emmené dans
le quartier chinois (en fait une rue chinoise) voir ce qui se passait
à l'occasion du Nouvel An chinois. Nous avons suivi l'avenue
Reforma, fermée à la circulation des voitures et dédiée à ce
qu'on appelle chez nous la mobilité douce, c'est-à-dire les vélos
et les rollers, puis nous sommes arrivés dans un quartier central et
très animé, à proximité du palais des beaux arts, avant de nous
engouffrer dans la rue chinoise.
Pour fêter le Nouvel An, les locaux (pas tellement les chinois, il y
en a peu) ont installé le long d'une rue toute une série d'étals
pour vendre de la camelote chinoise, tirer les cartes et servir à
manger – mexicain ou asiatique. Bref, rien de bien transcendant.
Nous sommes revenus par le palais des beaux arts et le parc à côté,
qui fut le premier parc aménagé par les colons espagnols. Un
endroit calme, sans vendeurs ambulants, ombragé, avec des fontaines.
Un endroit agréable pour se promener en famille le dimanche. Nous
avons ensuite longé au soleil de longues avenues désertes (le
dimanche, beaucoup de choses sont fermées) avant de rentrer dans un
marché d'artisanat sympathique où l'on vendait de très belles
pièces de bonne facture (certains artisans travaillaient sur place)
de différentes régions du Mexique. Puis nous avons traversé un
parc où les gens forment des groupes pour apprendre à danser le
dimanche. Enfin nous avons terminé notre promenade matinale par un
petit tour au marché, le même qu'hier, pour acheter quelques
victuailles pour le barbecue de ce «midi».
Karl avait invité des amis pour 13 h 30. À 15 h 00, toujours
personne. C'est une chose que les Mexicains ont héritée des
Espagnols. Puis le toit s'est animé. Un couple d'amis est arrivé,
suivi environ une heure plus tard d'une autre amie. Tous des gens que
Karl connaît de ses années d'animation dans les hôtels de Cancún.
Un ami musicien et peintre et sa petite amie, peintre également, et
une amie danseuse, avec en plus Mirna et sa sœur: on avait là une
belle brochette d'artistes sur le toit de l'immeuble, où Karl et
Malinka ont improvisé une terrasse idéale pour boire et manger de
la viande grillée. Tout ce petit monde cosmopolite – deux
Français, trois Panaméennes, une Vénézuelienne et deux Mexicains
– était très animé, parlait fort et s'amusait bien. Moi je
loupais pas mal de choses, ayant vite atteint mes limites en
espagnol. Mais je captais quand même deux-trois histoires, et
parfois ils faisaient des efforts pour parler lentement avec moi. De
temps en temps, Karl intervenait pour me traduire une anecdote drôle.
Dans l'ensemble ce fut une après-midi très joyeuse et très
bidochesque: porc mariné par les soins de Mirna, chorizos rouges et
verts, tortillas de blé vertes, quelques bulbes d'oignons, patates
frites, haricots. Le barbecue a chauffé sans discontinuer pendant au
moins trois heures, puis nous avons grillé des chamallows, et il y
avait encore un dessert rose, puis un dessert de gélatine magnifique
qui représentait une fleur colorée et que j'ai eu l'honneur de
couper.
Quand le soleil s'est couché, nous nous sommes tous installés au
salon à regarder des vidéos de chats qui parlent, ce qui a bien
amusé tout ce beau monde fan de chats, et encore discuté, et une
idée qui circulait déjà depuis la terrasse s'est concrétisée: on
a décidé de me sortir mardi soir. Avant d'arriver à Mexico, je
pensais que j'aurais la super motivation pour sortir boire un verre
en ville dès l’atterrissage, ou sinon le lendemain soir, pour le
week-end en tout cas. C'était sans compter sur le fait que j'avais
l'énergie de bulot à partir de 21 h et je me retrouvais pris au
piège de Morphée dès 22 h, laissant très peu de temps pour
s'éclater le soir. Sur la terrasse, les amis de Karl me demandaient
quel était mon programme et m'assuraient que j'allais adorer telle
ou telle ville, tel ou tel quartier de Mexico et c'est là qu'était
apparue l'idée qu'il fallait me sortir, avec ou sans Karl. Bon, j'ai
intérêt à assurer mardi et à faire en sorte de ne pas piquer du
nez dans ma bière.
Après une dernière bière ou un dernier mezcal pour la route, les
amis de Karl sont rentrés chez eux et j'ai connu quelque temps après
un grand moment de solitude. Pas par dépit de voir partir mes
nouveaux amis qui vont me sortir, mais parce qu'à un moment Malinka
et Mirna discutaient dans la cuisine et je me suis retrouvé seul
avec la sœur de Mirna, Cintia, qui est atteinte du syndrome de Down,
et de Bruno, qui est un enfant agité de 8 ans. Cintia essayait de
dire des choses en espagnol mais je ne comprenais rien. J'ai bien
essayé de lui dire, mais elle se contentait de répéter. Implorant
Bruno des yeux, je lui demandais de me faire une traduction en
espagnol plus clair mais il me parlait comme si j'étais un adulte
hispanophone, donc très vite. Bref, je n'étais pas plus avancé. Ce
petit jeu a duré une dizaine de minutes. J'étais tout dépité
d'être aussi impuissant dans cette conversation.
Demain, il y a école, enfin surtout pour Bruno. Moi je pourrai
rester dans mon lit. Cependant, toujours pas acclimaté à l'horaire
local et après une journée tout de même intense sur le plan
intellectuel en ayant dû écouter et essayer de comprendre une
langue étrangère pendant tout l'après-midi, il m'a suffi d'une
tisane spéciale gorge, au miel et au citron vert, pour que je
m'endorme en quelques minutes.
2 commentaires:
"C'est une chose que les Mexicains ont héritée des Espagnols."
Il n'y a pas que ta maman qui passe par ici... alors fais gaffe à ce que tu dis ;-)
Héhé :D Mais ça ne concerne pas les mi-Espagnols mi-Français.
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