Mercredi 24 avril 2009
Istanbul, Hôtel Mystic, 21h47
Comme convenu la veille, nous avons commencé notre excursion par la visite du palais de Topkapı. En chemin nous avons pu une nouvelle fois admirer la mosquée Bleue et Sainte-Sophie, qui étaient beaucoup plus belles par beau temps. Le soleil a d'ailleurs dû faire sortir les touristes, parce qu'autour des monuments touristiques, ils étaient beaucoup plus nombreux que la veille. Le palais de Topkapi est un immense complexe constitué de divers bâtiments très intéressants au niveau de l'architecture et de la décoration.
Les jardins sont aussi très beaux, très verts et fleuris, et d'ailleurs, l'essentiel du temps passé au palais est à l'extérieur, dans les jardins et les cours. Nous avons passé près de trois heures à arpenter les couloirs et les salles du palais, faire la queue avec les touristes, prendre des photos de détails de faïences et de mosaïques, refaire la queue avec les touristes pour regarder des reliques religieuses, puis chercher notre chemin, faire la queue une nouvelle fois pour admirer à la queue-leu-leu le « trésor », c'est-à-dire les objets les plus beaux ayant appartenu aux sultans, dont des cadeaux de dignitaires étrangers. Il y avait beaucoup trop de monde et on piétinait beaucoup, ce qui était fatiguant et 
décourageait l'observation en détail des artéfacts. A un moment de la visite du trésor, il fallait sortir sur une petite terrasse qui offrait une vue magnifique sur le Bosphore et la rive asiatique d'Istanbul, et où les gens ne manquaient pas de se faire photographier. J'ai demandé à un gars qui avait l'air pas trop d'être un manche de nous prendre en photo avec une belle vue sur le Bosphore, malheureusement les attitudes sont souvent trompeuses, parce qu'il a pris une belle photo du paysage avec nous en très sombre à contre-jour. Pour sa défense, la photo parfaite était difficile à prendre. J'ai moi-même essayé mais sans succès.
Pour finir la visite, nous avons cherché le harem du palais, qui – selon le Petit Futé, qui n'est pas aussi futé qu'il veut le faire croire, soit dit en 
passant, car il ne donne pas d'orientations pour le palais et, comme l'a fait justement remarquer Julie, on dirait que les rédacteurs n'y ont jamais mis les pieds – est une partie incontournable du palais. Je n'ai pas regretté de payer les 15 lires supplémentaires, car j'ai été aussi stupéfait qu'en visitant l'Ermitage de Saint-Pétersbourg, où toutes les pièces sont plus belles les unes que les autres.
Le kebab – pas très garni quand même, mais assez bon – terminé, nous sommes montés à la tour de Galata. Pour 10 lires par personne (une arnaque, selon moi), un ascenseur nous monte à 60 m au sommet de la colline de Galata, où s'offre un splendide (il faut le reconnaître) panorama sur la mégapole. Le tour de la promenade d'observation se fait laborieusement, car non seulement elle est très étroite et pleine de monde, mais certaines ne peuvent pas s'empêcher d'y circuler à contre-courant, alors qu'un sens est indiqué.
A partir de là commence une longue marche jusqu'au quartier d'Ortaköy, au pied du premier pont sur le Bosphore, quartier que le Petit Futé cite au nombre des dix immanquables d'Istanbul. Nous avons commencé par nous perdre dans des ruelles de Galata avant de déboucher sur une énorme artère piétonne noire de monde, accueillant des boutiques de toutes sortes et un tramway « nostaljik ». Cette artère, qui se dirigeait vers le quartier plus
récent de Taksim, était interminable. Arrivés au bout, une demi-heure plus tard, nous avons entrepris de redescendre vers le Bosphore, tout en continuant notre marche vers le nord. Nous avons dû marcher le long de voies rapides situées près d'hôtels de luxe disgracieux pendant quelques kilomètres avant d'arriver au bord du Bosphore. Pour la première fois, nous avons pu nous installer littéralement sur la rive, les pieds pendant à quelques centimètres au-dessus de l'eau, et nous avons pu nous reposer de notre longue marche au soleil, en admirant les flots du détroit agités par le vent, les nombreux bateaux qui le sillonnaient et de l'autre côté, la ville asiatique. J'étais absolument ravi de me trouver à cet endroit aussi
symbolique d'un point de vue géographique.
Nous n'avions pas encore atteint Ortaköy et nous avons repris notre marche le long d'une artère embouteillée sur des trottoirs étroits et très fréquentés. Le Bosphore se trouvait sur notre droite, mais nous en étions séparés par des hôtels de luxe de toutes sortes qui nous empêchaient de nous en approcher. A ce moment-là, Julie et moi étions tellement fatigués que nous étions entré dans un délire nerveux, riant de tout et n'importe quoi. Notre destination fut enfin atteinte après plus d'une demi-heure de marche : un quartier de petites ruelles très jolies, bordées de cafés de toutes sortes, plutôt branchés, au bord du Bosphore, toujours.
Nous avons exploré les rues d'Ortaköy quelques minutes en cherchant une boite aux lettres pour y jeter nos cartes postales. J'ai d'ailleurs été extrêmement fier de demander mon chemin en turc pour en trouver une. La bonne nouvelle, c'est qu'on me comprenait. La mauvaise, c'est qu'on me répondait en turc et que je ne comprenais strictement rien. Heureusement que le langage gestuel des directions est vaguement le même d'une langue à l'autre. En fin de compte, nous n'avons pas trouvé ladite boite aux lettres – elles sont très rares dans ce pays – mais nous avons pu nous renseigner sur les bus pouvant nous ramener dans notre quartier, car il était hors de question de marcher de nouveau deux heures pour rentrer à l'hôtel.
Il nous restait encore à nous rendre de l'autre côté de la péninsule pour rejoindre notre hôtel.
Pensant couper, j'ai emmené Julie dans des ruelles commerçantes jonchées de détritus et complètement désertes, fréquentées uniquement par un occasionnel passant et des chats errants en quête de nourriture, et donc pas mal glauques. Cette ambiance m'a rappelé celle du souk de Marrakech le jour de l'Aïd el-Kebir, quand tout était fermé et que la ville d'ordinaire si vivante et agitée avait des allures de village du Far West que seules venaient perturber la traversée d'un rouleau de paille emporter par le vent. Il est tard, je deviens lyrique, c'est mauvais signe. Bref. Quartier commerçant vide et glauque. Quelques minutes plus tard nous atteignions enfin une artère vivante et connue et il ne nous restait plus qu'à redescendre dans la bonne ruelle pour retrouver notre lit.
Hôtel Mystic, 23h31
3 commentaires:
Rassurez-vous, vous êtes beaux à contre-jour ;-)
ouais, on nous voit pas quoi
Je surkiffe la photo avec le chat, je suis trop une artiste qui saisit les moments dans ce qu'ils ont d'authentique et, en même temps, d'universel.
Enregistrer un commentaire