dimanche 24 février 2013

À la découverte des populations autochtones

15e jour – San Cristóbal de las Casas et villages autochtones
Samedi 23 février 2013

Incapable de quitter le meilleur lit que j'ai eu en deux semaines au Mexique. Pourtant, je voulais me lever tôt pour aller voir le marché du village de San Juan Chamula, qui décline vite après 9 h 30, paraît-il. Ce n'est qu'un peu avant 9 heures que je suis sorti de ma chambre et que je suis allé dans le quartier populaire et très animé du marché pour trouver les minibus qui partent pour San Juan. C'était le chaos dans ces rues et il y avait des minibus par dizaines, mais aucun qui ne partait pour San Juan. J'ai demandé mon chemin à une vendeuse de jus de fruits, qui m'a indiqué d'aller dans la rue en face et juste au moment où je me suis arrêté pour regarder les détails que donnait mon guide de voyage, un homme m'a interpellé pour me demander si j'allais à San Juan et m'a invité à monter dans son minibus. On m'a installé à l'arrière, à côté d'une vieille indienne qui tricotait et derrière un Allemand à la moustache extravagante.

Juste avant de partir, un autre Allemand est monté, on l'a installé à côté de moi et nous avons sympathisé. Un Souabe prénommé Manuel, étudiant en dernière année de médecine. Il est en stage de dernière année dans un hôpital de la région et il est de passage à San Cristóbal pour des questions administratives. Je lui ai parlé de mes projets de la journée et comme il avait l'air de les trouver intéressants, je lui ai proposé de se joindre à moi. Et donc nous avons passé la matinée ensemble à découvrir deux étonnants villages de populations tzotzil, qui font partie de la grande famille maya.

Sur la place principale, le marché était déjà terminé. Ou bien il n'y avait pas eu de marché sur la place principale, car il n'était que 10 heures quand nous sommes arrivés et rien ne laissait penser qu'une quelconque activité d'envergure s'était déroulée là. J'hésitais à sortir mon appareil photo, parce que j'avais été averti par mes deux guides – mon cousin et mon Routard – que les indiens sont assez sensibles quant aux photos et qu'ils tolèrent mal qu'on les prenne en photo sans leur autorisation. Je prends rarement de photos de gens (je n'ose pas) mais là, même pour des plans d'ensemble, j'avais une petite appréhension. Et puis je me suis détendu; il m'a semblé que les gens n'étaient pas particulièrement hostiles, et de toute façon, des dizaines d'autres touristes prenaient des photos sans se poser plus de questions.

Nous sommes allés voir l'attraction du village: l'église. Si l'extérieur est original du fait de ses décorations mayas, le folklore qu'on voit à l'intérieur est très curieux et ne ressemble à rien de ce qu'on peut voir dans le reste de la chrétienté (enfin, qu'est-ce que j'en sais). Mais avant d'entrer, il faut payer un droit de passage à un enfant représentant l'autorité touristique locale, qui, moyennant 20 pesos par personne, nous donne un laissez-passer pour l'église. À l'intérieur, il est strictement interdit de prendre des photos. Au moment où nous entrions dans l'église, plusieurs personnes rentraient également en jouant de la guitare et de l'accordéon. Le sol de l'église est jonché d'aiguilles de pin et les fidèles font brûler des cierges qu'ils déposent sur des autels devant des représentations de saints (qui sont en fait leurs divinités traditionnelles sous des traits chrétiens) ou à même le sol. Le spectacle est saisissant, on compte des bougies par centaines partout dans l'église et c'est très beau. Cela relève du miracle que cette église n'ait pas encore pris feu, avec toutes les bougies et les aiguilles qui se côtoient si près. Le syncrétisme entre catholicisme et religion traditionnelle est très folklorique. Dans une ambiance de fumée d'encens, des gens viennent en famille déposer des offrandes, égorger un coq ou une poule, jouer de la musique. Des groupes se réunissent et font comme chez eux, s'assoient sur des chaises et crachent par terre quand ils l'estiment nécessaire. C'est parfois assez surréaliste.

Après cette curieuse expérience, nous avons fait un petit tour dans le marché couvert, où il n'y avait pas grand chose à voir, puis nous avons demandé notre chemin pour aller dans le village voisin de Zinacantán. Karl m'avait dit qu'on pouvait faire une mini randonnée entre les deux villages à travers la forêt mais qu'il fallait bien demander sa route car le chemin est mal indiqué. La première personne nous a dit de passer par la route, mais ce n'est pas ce que nous voulions, la seconde nous a dit qu'il ne fallait pas passer par là parce que c'était dangereux et la troisième nous a donné tous les détails pour arriver à bon port. Nous avons donc traversé le village jusqu'à la sortie puis nous avons longé quelques fermes avant de nous engager dans les bois. Nous saluions avec courtoisie toutes les personnes que nous croisions, qui nous rendaient nos salutations bien affablement. Régulièrement, nous demandions notre chemin pour être bien sûrs que nous étions dans la bonne direction. Tout en marchant, nous avons discuté de l'Allemagne, de la France et de divers sujets intéressants.

Après un moment dans la forêt, nous avons vu en contrebas du chemin un gros village qui devait être Zinacantán. Nous sommes descendus et, arrivés à l'entrée du village, des jeunes filles dans leurs beaux habits traditionnels m'ont proposé de les prendre en photo, moyennant quelques pesos, bien sûr. Un peu plus loin, il fallait payer une taxe pour rentrer dans le village. Zinacantán n'est pas un village particulièrement joli et son église n'a pas l'originalité de celle de San Juan Chamula, mais Karl m'avait dit qu'on pouvait visiter l'intérieur de maisons et voir des femmes tisser des vêtements traditionnels; il m'avait même recommandé une amie à lui, une certaine Petrona, qui serait ravie de nous accueillir chez elle. Nous voulions jeter un œil à l'église avant d'aller manger mais en chemin, une jeune fille nous a accostés pour nous proposer de visiter son atelier. Nous lui avons dit que nous voulions d'abord visiter l'église et que, comme nous n'avions aucune idée d'où se trouvait Petrona, nous pouvions aussi bien aller chez elle, mais que nous n'avions pas l'intention d'acheter quoi que ce soit. Elle nous a fait promettre que nous n'accepterions pas d'offres d'autres jeunes filles. C'est vrai qu'il y a une forte concurrence entre les jeunes filles.

Après un bref tour de l'église, nous avons mangé à côté dans un petit boui-boui sans prétention où nous avons pris du poulet grillé accompagné de riz. J'ai dit à Manuel que Karl avait averti Petrona de ma visite et que j'aurais préféré la voir. J'avais un numéro mais pas de téléphone. Lui, en revanche, avait un téléphone, et il m'a proposé de l'utiliser, ce que j'ai fait. J'ai eu un peu de mal à comprendre où elle se trouvait. Elle me disait qu'elle se trouvait juste à côté, je suis sorti du restaurant et j'ai couru dans la mauvaise direction en pensant qu'il fallait que je regarde au coin de la rue. Sa maison était en fait juste à l'autre bout de la place et elle me voyait m'agiter inutilement sans la voir. Nous sommes allés chez elle après manger, où nous avons vu sa sœur tisser à la manière traditionnelle. Petrona elle-même n'était pas très accueillante, peu souriante, et il n'y avait pas grand chose à visiter à part un atelier où elle avait tout un tas de vêtements tissés à vendre. Si nous n'avions pas l'intention d'acheter quoi que ce soit avant de rentrer, Manuel a quand même essayé plusieurs chemises et un short et a fini par acheter quelque chose après avoir négocié ferme. Moi j'ai un peu regardé les pièces autour en demandant l'autorisation, j'ai vu une cuisine, une chambre à coucher, c'était intéressant mais pas exceptionnel. Je pensais que ce serait une visite d'un intérieur traditionnel avec des explications mais l'interaction se limitait en gros à une relation commerciale.

Nous avons pris un taxi collectif pour repartir à San Cristóbal. De retour en ville, nous avons échangé nos contacts et je lui ai proposé d'aller boire un coup le soir. Il n'avait pas l'air bien chaud mais on a dit qu'on en reparlerait. J'avais prévu d'aller faire une sieste, car cette matinée m'avait crevé, mais j'ai commencé par aller me renseigner sur les moyens de transport pour Agua Azul puis Palenque. Au bureau d'information touristique, on ne m'a pas donné d'informations et on m'a dit de revenir plus tard. À la gare routière, on m'a dit qu'il n'était pas possible d'aller à Agua Azul en transport en commun. Du coup je me suis baladé en ville, j'ai pris plein de photos, je suis monté à l'église sur la colline pour avoir une vue d'ensemble de San Cristóbal, puis je suis retourné à l'office du tourisme, où on m'a dit que ce n'était pas possible d'aller à Agua Azul en transport collectif et qu'il fallait aller jusqu'à Palenque puis revenir à Agua Azul. Même réponse au bureau des billets de bus. J'ai renoncé à aller à Agua Azul demain et j'ai acheté mon billet pour Palenque.

Le premier bus était à 6 heures et quelques, mais c'est un peu tôt, quant au suivant, il était à 10 h 55. Cela me fait arriver après 15 heures à Palenque, ce qui ne me permettra pas de visiter le site. En plus, j'ai pris un billet côté gauche alors que le routard recommande de voyager du côté droit pour la vue. Bref, je me suis mal organisé sur ce coup-là. Je vais passer une journée demain sans visite touristique. Je vais considérer ça comme une journée de repos. Peut-être que lundi je pourrai visiter le site le matin puis aller à Agua Azul l'après-midi avant de prendre un bus de nuit pour Merida. On verra quels sont les horaires de bus.

Je suis rentré à l'hôtel pour finir mon récit de la veille. Je me suis installé dans le petit patio à la réception. Le soir arrivait et on sentait bien la fraîcheur s'installer. À 20 heures, je suis allé chercher ma lessive puis je suis sorti humer l'atmosphère de fête dans la ville et me trouver quelque chose à manger. Mon choix s'est porté sur un resto propret où il n'y avait que des mexicains. J'ai pris des tacos à une viande qui n'était pas terrible mais dans l'ensemble, ce n'était pas mauvais. Demain, mon bus part tard, j'aurai le temps de bien dormir.

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