lundi 11 février 2013

Mexico, Mexi-iiiiiiiiiiiii-cooooooo

1er jour - Mexico
Samedi 9 février

Je me réveille donc au pays des sombreros, de la tequila, de la moustache et des souris qui courent très vite. Je suis impatient et excité de découvrir Mexico. Je suis prêt à partir. Seulement, il est cinq heures du matin et il m'est impossible de retrouver le profond sommeil de la nuit; je ne me suis pas encore fait à l'horaire local et mes hôtes m'ont déjà prévenu qu'ils ne se lèveraient que vers 9 h. Reconnaissons-le, c'est objectivement une heure tout à fait honnête pour se lever un samedi. J'en aurais profité pour me préparer mais la salle de bain est attenante à la chambre de Karl et Malinka, donc j'ai préféré commencer à me chauffer les doigts et reprendre la rédaction de mon blog, après plus de douze mois d'interruption.

Fidèle à sa promesse, mon cousin apparaît vers neuf heures. Je discute avec Malinka pendant qu'elle prépare les œufs brouillés au chorizo pour le petit-déj. Nous parlons de la Russie, des Russes et de la vie en Union Soviétique, car en bonne danseuse panaméenne qu'elle est, elle a étudié un an dans une école de danse réputée de Leningrad. Malheureusement, elle ne parle plus le russe, ce qui aurait été pratique pour la communication. Heureusement, comme je l'ai dit plus haut, on arrive à se comprendre quand même. Les discussions sont toujours sympathiques avec «petite framboise». Après le petit déj en famille et la douche sous un tout petit filet d'eau chaude, Karl et moi avons abandonné Malinka et Bruno pour aller découvrir la ville. Il était 11 h.

Karl étant guide touristique de profession, il a pu me parler de sa ville en l'agrémentant d'anecdotes et de chiffres précis cependant que nous allions à pied au Musée national d'anthropologie. Les quartiers que nous avons traversés pour y aller, le long de l'avenue Reforma, ne sont pas les plus coquets, mais on peut y voir un intéressant alignement de hauts bâtiments modernes et quelques monuments plus anciens. C'est agréable de marcher au soleil. C'est même étrange quand on vient de l'hiver, avoir chaud est une sensation qu'on avait oubliée. Au soleil, il fait parfois même un peu trop chaud à la longue, heureusement, l'avenue est très ombragée et la promenade est agréable.

Aux alentours du musée, des vendeurs ambulants en tous genres proposent à boire, à manger, à décorer, bref, à acheter. Ce qui m'intéresse surtout, c'est la bouffe (ça n'a rien de surprenant). Il y a des trucs à manger de toutes les couleurs, des grandes plaques de peau de cochon grillée (c'est ce qui me fait le plus envie). De la viande qui grille avant d'être fourrée dans des galettes de maïs. Je sors du petit déj, ce n'est pas raisonnable de manger dès maintenant, mais la tentation est forte. Tout près de là, des artistes exécutent la danse des hommes-oiseaux, où ils se laissent descendre tête à l'envers, accrochés à une corde enroulée autour d'un poteau. C'était chouette.

C'est au Musée anthropologique que j'ai compris tout le potentiel d'avoir un cousin guide touristique. J'ai passé trois heures passionnantes à l'écouter me raconter l'histoire de la cité de Teotihuacan et de ses fondateurs dont on ignore quasiment tout, des dieux mésoaméricains, de la l'architecture des pyramides, de l'histoire et des légendes des peuples mexicali, toltèque, olmèque et maya, et de la fondation de la ville de Mexico. J'ai été complètement fasciné d'apprendre que là où je marchais, c'était un lac avant l'arrivée des Aztèques, qu'ils ont comblé petit à petit. Pas super écolo mais vachement ingénieux. L'histoire de ces peuples qui ont bâti de grandes civilisations en parallèle de celles des anciens mondes m'a complètement subjugué. Et surtout j'ai été incroyablement impressionné par la quantité d'informations que Karl connaissait. Il m'a cité des dizaines de noms en nahuatl carrément imprononçables, il savait un tas de détails sur les rites religieux, les dates, les détails des événements. Un truc de malade quoi. Chapeau le cousin! Et encore, je pense que je n'ai eu qu'un aperçu de l'étendue de ses connaissances parce que nous avons pour ainsi dire «survolé» la section anthropologique du musée, ne nous arrêtant que devant les pièces les plus intéressantes. Nous n'avons même pas exploré l'étage supérieur, la partie ethnologique du musée. Mon cousin était incollable, mais il y a un truc qu'il n'a pas su m'expliquer précisément: qui a construit le condor en or qui fonctionne à l'énergie solaire?

Après ces trois heures de piétinement intensif et d’absorption faramineuse de connaissances aussitôt oubliées, il fallait aussi se remplir l'estomac (une idée que je traînais – on s'en rappelle – depuis l'arrivée au musée). Karl m'a emmené de l'autre côté de la rue, au parc Chapultepec, deuxième plus grand parc urbain après Central Park à New York, un lieu de détente visiblement très apprécié des habitants de Mexico, un poumon vert au cœur de la mégapole. Tout y est: maquillage pour les enfants (souvent tenus en laisse), barbapapas multicolores, clowns potaches, lac artificiel vert avec pédalos en forme de cygne, zoo avec un panda, comme à Beauval, vendeurs à la criée, bulles de savon et de la bouffe, de la bouffe, de la bouffe. Pas étonnant que les gens soient aussi énormes dans ce pays. C'est quelque chose de vraiment impressionnant et ça fait un peu de la peine. Mais ici, on mange des snacks excellents qu'on trouve partout et pour trois fois rien. Nous nous sommes assis à une terrasse au milieu du parc où l'on a commandé des quesadillas – préparation généralement à la viande dans une galette de maïs (une description que je vais avoir du mal à varier, vu que beaucoup de plats locaux sont servis dans ou sur une galette de maïs, dont la préparation diffère, et souvent avec de la viande mais préparée de façon différente) et au fromage – au poulet. Bonne chance au lecteur / à la lectrice pour comprendre la phrase précédente. Bref, c'était très bon mais ça m'a ouvert l'appétit. Nous avons poursuivi notre promenade à travers le parc pour rejoindre l'avenue Reforma, que nous avons longée avant de bifurquer dans le quartier rose.

Le quartier rose – c'est son nom officiel – est très proche du quartier où habitent Karl et Malinka. On y retrouve les noms de villes européennes, c'est un quartier animé, branché, où l'on croise des étrangers et beaucoup d'homosexuels (rien à voir avec le nom du quartier). On voit des couples qui s'embrassent sous le regard indifférent des Mexicains. À cet égard, les attitudes sont plus ouvertes ici qu'en Europe, j'ai l'impression. Mais la raison pour laquelle Karl m'a emmené dans ce quartier, c'est parce que nous n'avions pas encore fini notre déjeuner. La quesadilla du parc, c'était pour tenir jusqu'à chez Toño, un petit resto branché où il faut prendre un numéro et attendre dans la rue qu'on nous appelle pour pouvoir s'installer à table. Le menu est écrit sur la table, on y sert des plats locaux copieux, bons et pas chers très rapidement. J'ai goûté le pozole, une sorte de potée aux maïs et pois chiche que j'ai prise au porc, ainsi que des tortillas fourrées au porc. Les sauces au piment étaient vraiment fortes, mais je me suis régalé. Le pozole, surtout, avec le jus de citron vert qu'on rajoute par dessus, était excellent.

Peut-être était-ce la bière accompagnant mon repas, peut-être était-ce la visite du musée, peut-être était-ce le fait d'être réveillé depuis cinq heures, ou plus probablement la combinaison de tout cela, toujours est-il que je commençais à ressentir grave la fatigue, comme disent les jeunes (disent-ils encore cela?) En rentrant à l'appartement, nous avons croisé Malinka qui emmenait son fils manger une glace. Elle a chargé Karl de quelques commissions et, ma curiosité ayant été piquée, je l'ai accompagné au marché pour le barbecue du lendemain. Le marché fermait, si bien que la plupart des étals étaient déserts, mais il y avait tout de même de beaux étalages de fruits et légumes. Karl a pris des fruits du pays pour me faire goûter et un vieux commerçant nous a offert à chacun son sourire édenté et une mini banane. Mais il n'a pas voulu que le prenne en photo.

De retour à la maison, la fatigue s'est abattue méchamment sur moi. J'ai eu quelques minutes de répit avant que Bruno revienne, incarnant l'un des dinosaures qu'il aime tant. Tant pis pour le repos. J'ai quand même avancé dans mon journal, jusqu'à ce que la mère de Malinka, Mirna, accompagnée de sa sœur, arrivent de l'étage inférieur nous saluer. Mirna est une artiste réputée au Panama. Elle peint, elle chante, elle danse, elle fait des émissions de radio, mais cela ne se limite par à ça: elle fait du pain, elle confectionne des savons et de l'assouplissant, elle coud, bref, elle sait tout faire. Dommage que j'étais dans un état aussi léthargique (peut-être aggravé par le verre de mezcal que Karl m'a servi) car je n'ai pas pu profité de cette glorieuse présence comme il se doit. Voyant que j'étais déjà dans un autre monde, les deux sœurs sont redescendues dans leur appartement et nous autres sommes passés à table. C'est pas qu'on avait très faim, vu qu'on sortait plus ou moins du resto quelques heures auparavant, mais bon, il fallait bien manger. Pour le dîner, c'était tamales, des papillotes à base de semoule de maïs, de piment et de viande en ragout, le tout cuit à la vapeur dans des feuilles d'épi de maïs (dixit le Routard). Roboratif, pas aussi savoureux que les autres plats de la journée, mais très bon néanmoins.

Peu après le repas, je me suis excusé et je me suis effondré de fatigue sur mon lit.

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