lundi 11 février 2013

Sur les toits

2e jour - Mexico
Dimanche 10 février

Au niveau du sommeil, on peut dire qu'il y a une certaine amélioration. Couché vers 22 h, je me suis réveillé à 7 h après avoir dormi comme une pierre. Tout le monde dormait dans la maison alors j'ai instauré la coutume de commencer ma journée par la rédaction du journal, pour le plus grand plaisir de mon fan-club, essentiellement constitué de ma mère (bonjour maman!). Le désavantage d'écrire un journal, c'est qu'on a moins de temps pour faire d'autres choses. Ce matin, par exemple, au lieu de passer mon temps à écrire à la table du salon en attendant que la petite famille se réveille, j'aurais pu aller explorer le Mexico qui s'éveille, profiter du doux soleil matinal. Mais non, j'ai écrit. Le mal est fait, n'en parlons plus.

La journée touristique fut maigre mais néanmoins très intéressante sur le plan social. Après le petit déjeuner, Karl m'a emmené dans le quartier chinois (en fait une rue chinoise) voir ce qui se passait à l'occasion du Nouvel An chinois. Nous avons suivi l'avenue Reforma, fermée à la circulation des voitures et dédiée à ce qu'on appelle chez nous la mobilité douce, c'est-à-dire les vélos et les rollers, puis nous sommes arrivés dans un quartier central et très animé, à proximité du palais des beaux arts, avant de nous engouffrer dans la rue chinoise.

Pour fêter le Nouvel An, les locaux (pas tellement les chinois, il y en a peu) ont installé le long d'une rue toute une série d'étals pour vendre de la camelote chinoise, tirer les cartes et servir à manger – mexicain ou asiatique. Bref, rien de bien transcendant. Nous sommes revenus par le palais des beaux arts et le parc à côté, qui fut le premier parc aménagé par les colons espagnols. Un endroit calme, sans vendeurs ambulants, ombragé, avec des fontaines. Un endroit agréable pour se promener en famille le dimanche. Nous avons ensuite longé au soleil de longues avenues désertes (le dimanche, beaucoup de choses sont fermées) avant de rentrer dans un marché d'artisanat sympathique où l'on vendait de très belles pièces de bonne facture (certains artisans travaillaient sur place) de différentes régions du Mexique. Puis nous avons traversé un parc où les gens forment des groupes pour apprendre à danser le dimanche. Enfin nous avons terminé notre promenade matinale par un petit tour au marché, le même qu'hier, pour acheter quelques victuailles pour le barbecue de ce «midi».

Karl avait invité des amis pour 13 h 30. À 15 h 00, toujours personne. C'est une chose que les Mexicains ont héritée des Espagnols. Puis le toit s'est animé. Un couple d'amis est arrivé, suivi environ une heure plus tard d'une autre amie. Tous des gens que Karl connaît de ses années d'animation dans les hôtels de Cancún. Un ami musicien et peintre et sa petite amie, peintre également, et une amie danseuse, avec en plus Mirna et sa sœur: on avait là une belle brochette d'artistes sur le toit de l'immeuble, où Karl et Malinka ont improvisé une terrasse idéale pour boire et manger de la viande grillée. Tout ce petit monde cosmopolite – deux Français, trois Panaméennes, une Vénézuelienne et deux Mexicains – était très animé, parlait fort et s'amusait bien. Moi je loupais pas mal de choses, ayant vite atteint mes limites en espagnol. Mais je captais quand même deux-trois histoires, et parfois ils faisaient des efforts pour parler lentement avec moi. De temps en temps, Karl intervenait pour me traduire une anecdote drôle. Dans l'ensemble ce fut une après-midi très joyeuse et très bidochesque: porc mariné par les soins de Mirna, chorizos rouges et verts, tortillas de blé vertes, quelques bulbes d'oignons, patates frites, haricots. Le barbecue a chauffé sans discontinuer pendant au moins trois heures, puis nous avons grillé des chamallows, et il y avait encore un dessert rose, puis un dessert de gélatine magnifique qui représentait une fleur colorée et que j'ai eu l'honneur de couper.

Quand le soleil s'est couché, nous nous sommes tous installés au salon à regarder des vidéos de chats qui parlent, ce qui a bien amusé tout ce beau monde fan de chats, et encore discuté, et une idée qui circulait déjà depuis la terrasse s'est concrétisée: on a décidé de me sortir mardi soir. Avant d'arriver à Mexico, je pensais que j'aurais la super motivation pour sortir boire un verre en ville dès l’atterrissage, ou sinon le lendemain soir, pour le week-end en tout cas. C'était sans compter sur le fait que j'avais l'énergie de bulot à partir de 21 h et je me retrouvais pris au piège de Morphée dès 22 h, laissant très peu de temps pour s'éclater le soir. Sur la terrasse, les amis de Karl me demandaient quel était mon programme et m'assuraient que j'allais adorer telle ou telle ville, tel ou tel quartier de Mexico et c'est là qu'était apparue l'idée qu'il fallait me sortir, avec ou sans Karl. Bon, j'ai intérêt à assurer mardi et à faire en sorte de ne pas piquer du nez dans ma bière.

Après une dernière bière ou un dernier mezcal pour la route, les amis de Karl sont rentrés chez eux et j'ai connu quelque temps après un grand moment de solitude. Pas par dépit de voir partir mes nouveaux amis qui vont me sortir, mais parce qu'à un moment Malinka et Mirna discutaient dans la cuisine et je me suis retrouvé seul avec la sœur de Mirna, Cintia, qui est atteinte du syndrome de Down, et de Bruno, qui est un enfant agité de 8 ans. Cintia essayait de dire des choses en espagnol mais je ne comprenais rien. J'ai bien essayé de lui dire, mais elle se contentait de répéter. Implorant Bruno des yeux, je lui demandais de me faire une traduction en espagnol plus clair mais il me parlait comme si j'étais un adulte hispanophone, donc très vite. Bref, je n'étais pas plus avancé. Ce petit jeu a duré une dizaine de minutes. J'étais tout dépité d'être aussi impuissant dans cette conversation.

Demain, il y a école, enfin surtout pour Bruno. Moi je pourrai rester dans mon lit. Cependant, toujours pas acclimaté à l'horaire local et après une journée tout de même intense sur le plan intellectuel en ayant dû écouter et essayer de comprendre une langue étrangère pendant tout l'après-midi, il m'a suffi d'une tisane spéciale gorge, au miel et au citron vert, pour que je m'endorme en quelques minutes.

2 commentaires:

Zaz a dit…

"C'est une chose que les Mexicains ont héritée des Espagnols."
Il n'y a pas que ta maman qui passe par ici... alors fais gaffe à ce que tu dis ;-)

Jean-Michel a dit…

Héhé :D Mais ça ne concerne pas les mi-Espagnols mi-Français.