dimanche 10 février 2013

Prélude du voyage au Mexique (la traversée de l'Atlantique)

Vendredi 8 février
Je ne devrais pas me plaindre, vraiment. Finalement, je n'ai mis que une vingtaine d'heures pour parcourir les quelque 9 000 km qui séparent Ornex, en France, de Mexico. Il y a une cinquantaine d'années, c'était probablement beaucoup plus long, plus dangereux et plus chaotique qu'aujourd'hui; et il y a cinq siècles n'en parlons pas. Donc estimons-nous heureux, même si ça nous a paru long (et pourquoi que je ne me «nounoierais» pas?).

Malgré une énième mauvaise nuit, il a bien fallu que j'abandonne le confort de mon lit à 6 heures du matin pour aller à l'aéroport. Je me suis consolé comme je pouvais en me disant que moins j'aurais bien dormi, plus je serais fatigué et mieux je dormirai pour passer le temps dans l'avion, et donc plus je serais en forme en arrivant à Mexico. Bien tenté. Mais non. Néanmoins le stress induit par le voyage s'est estompé à mesure que je franchissais les étapes du voyage. Enregistrement à Genève: C'est bon. Suffisamment de temps, pas d'ennuis aux contrôles de sécurité. Vol vers Paris: court, vite passé. Attente à Roissy-Charles-de-Gaulle: pas très intéressante, pas trouvé de pharmacie une fois arrivé dans la zone sous douane (je voulais m'acheter de l'imodium en prévision de la tourista qui me guette au pays du haricot sauteur, mais j'ai quand même deux-trois comprimés qui me restent). Si j'ai trouvé que la zone d'attente à l'aéroport était agréable, j'ai néanmoins été très déçu par l'offre culinaire, qui ne fait pas du tout honneur à la réputation gastronomique de la France. J'avais quelques minutes à tuer entre 10 h et 13 h en attendant de reprendre l'avion et c'était le moment parfait pour prendre le déjeuner, or les quelques comptoirs qui proposaient à manger ne vendaient que des choses à manger sur le pouce: sandwiches, croques-monsieur, salades industrielles. Même l'endroit le plus chic, genre brasserie, ne proposait que des sandwiches, des salades et quelque chose avec de la viande de grison (sic). Difficile de trouver un vrai plat chaud à déguster en prenant son temps. Ce qui m'a semblé le plus acceptable, sur le moment, c'est la «food court» en bon français, où l'on fait son choix parmi trois cuisines différentes (libanaise, asiatique et italienne). Animé par le souvenir d'un récent repas au fast-food libanais «Les Parfums de Beyrouth» à Genève, qui sert des plats vraiment savoureux, j'ai opté pour une assiette de taboulé, de falafels et de hoummous. Bien mal m'en a pris. Je n'ai jamais mangé un repas d'aéroport aussi infâme. Le taboulé était immangeable, les falafels, réchauffés au micro-ondes, étaient secs et immondes et seul le hoummous sauvait un peu le tout. En plus c'était cher payé pour la qualité. J'ai juré, mais un peu tard, qu'on ne m'y prendrait plus.

Après quelques tours de terminal pour me dégourdir les jambes avant les 12 heures d'avion qui m'attendaient, j'ai fait la queue, comme tout le monde, pour embarquer. Grâce à l'enregistrement en ligne que j'avais fait la veille, j'avais pu choisir un siège qui me convenait. Stratégiquement, je voulais un siège près du hublot non seulement pour avoir la vue sur Mexico à l'atterrissage, car l'aéroport est en plein milieu de la ville, mais aussi pour disposer d'un plus grand nombre de points d'appui pour dormir. À l'enregistrement, mon choix s'était porté sur une rangée où se trouvait déjà quelqu'un dans le siège couloir. Je pensais qu'il y avait moins de chance pour que qu'une personne seule vienne s'intercaler entre nous. Par ailleurs, j'ai choisi la rangée juste avant l'issue de secours, car les sièges derrière sont plus éloignés, anéantissant toute velléité de mes voisins de derrière de cogner mon dossier avec leurs genoux. Très bon choix Jean-Michel (oui car je me parle aussi à la troisième personne)! Une personne est quand même venue s'installer dans le siège du milieu mais elle a trouvé un emplacement plus confortable ailleurs avant même le décollage. Il est vrai qu'entre deux gars et avec un radiateur sous le siège de devant réduisant la capacité de mouvement de ses jambes, ce n'était pas le meilleur endroit. J'étais, à l'instar de mon autre voisin de rangée, ravi. Le monsieur était un Mexicain très sympathique qui revenait d'Allemagne pour son travail. Il était heureux de rentrer chez lui et ne tarissait pas d'éloges sur son pays. Il veillait à ce que je reçoive les documents nécessaires à remplir pour passer l'immigration et à me mettre de côté mes repas quand je dormais. Ce n'était pas le premier Mexicain que je rencontrais dans la vie, mais c'était le premier au cours de ce voyage, et il correspondait en tous points à l'image que m'avaient décrite toutes les personnes à qui j'avais parlé de mes projets de voyages: les Mexicains sont gentils. On m'a beaucoup vanté la beauté du pays mais aussi le chaleureux accueil de ses habitants. Et celui-là, celui de l'avion (à qui je n'ai pas demandé le nom, malheureusement), donnait raison à mes conseillers de voyage.

Douze heures d'avion, c'est long. Heureusement, de nos jours, il y a beaucoup de choses à faire pour passer le temps. Si on n'a pas pris un livre avec soi, on peut prendre un journal ou un magazine gratuit en rentrant dans l'avion. Si on n'a pas pris de journal, on peut regarder des heures et des heures de cinéma sur son écran personnel, qu'on écoute avec ses propres écouteurs. Si on n'a pas d'écouteurs, on nous en distribue. Et il y a le sommeil, si on y arrive. Ça c'est super pour tuer le temps. Et pour rythmer le vol, un peu comme des étapes à franchir, il y a les repas. Et ceux d'Air France sont les plus fameux (toutes proportions gardées, on reste dans un avion et le bruit et le manque de place ne permettent pas d'apprécier les plats du chef dans toute leur potentialité). Pour moi, le programme a été le suivant: discussion avec mon voisin mexicain, film (L'Odyssée de Pi, ouais, mignon), raviolis à la ricotta (pas mal), sommeil (court), lecture d'un magazine, sommeil (léger), glace, observation de mon environnement, film (L'Âge de glace 4, sympa), sommeil (réparateur), brochettes de poulet (vraiment pas mal), impatience. Le tout entrecoupé de deux excursions aux toilettes. Ce qui manque, pour tuer le temps, c'est un grand espace pour marcher. Donc on se contente du couloir. Bref, on n'est quand même pas mécontent d'arriver.

Reste l'épreuve de l'entrée dans le pays. Quand j'ai choisi ma place dans l'avion, j'avais été bien inspiré de la prendre à l'avant de l'avion. J'ai pu ainsi prendre un peu d'avance sur les autres passagers à la sortie et faire un peu moins de queue avant de me faire tamponner le passeport. Pendant près d'une heure, j'ai poireauté en compagnie d'Allemands et de Néerlandais. Rappelons qu'il était 19 h au Mexique, mais pour moi, encore calé sur l'heure d'Europe de l'Ouest, il était 2 h du matin. Donc oui, dur. D'autant que j'ai appris inopinément qu'il y avait une autre carte à remplir pour l'immigration mais heureusement, mon voisin allemand n'en avait pas non plus et j'ai pu aller chercher les documents nécessaires pour lui et pour moi sans perdre ma place. Pour finir, une petite sueur froide au moment de passer la douane: j'avais déclaré sur la fiche de douane que je ne transportais pas de produits frais, or j'avais, dans une boite hermétique, un camembert au lait cru que je voulais offrir à mon cousin. Une fois mon bagage récupéré (facile à trouver, c'était celui qui sentait le rat crevé), je l'ai passé au scanner et j'ai donné ma déclaration à la douanière. J'ai pressé un bouton (méthode assez étrange) et un panneau s'est allumé en vert au-dessus de moi, indiquant que je pouvais entrer librement au Mexique. Pas bien compris.

Karl, mon cousin, attendait avec un panneau à mon nom mais comme il attendait depuis un moment déjà il s'était lassé de le tenir en haut de façon visible. Mais je l'ai retrouvé sans trop de mal. Avant de quitter l'aéroport et de rentrer dans le vrai Mexico, je devais retirer de l'argent. Dernière sueur froide de la journée, j'ai fait cinq ou six distributeurs automatiques avant que l'un d'eux me donne des pesos. Je me voyais déjà téléphoner à ma banque en plein milieu de la nuit pour demander qu'ils me laissent retirer. Mais finalement je vais pouvoir survivre encore un petit moment.

Nous sommes rentrés chez Karl en métro. Il habite dans un quartier très sympa, calme, avec des lieux de sortie à proximité et des noms de rue reprenant des noms de villes européennes. Pas trop de dépaysement. Pour m'aider à tenir le coup un peu plus longtemps, mon cousin m'a servi une tequila qui m'a réconcilié avec cette boisson que j'avais consommée pour la dernière fois en 1998, je pense, à l'occasion d'une fête chez Cédric et moi à Lyon et qui m'avait laissé un très mauvais souvenir. Après cette soirée, l'odeur de la tequila de supermarché me donnait la nausée. Mais cette tequila-là, un peu plus haut de gamme, était certes forte, mais elle se buvait toute seule. Vraiment agréable. Encore une belle re-découverte. Malinka et son fils sont arrivés peu de temps après de l'appartement du dessous, où vit la mère de Malinka, et nous avons un peu discuté, chacun baragouinant la langue de l'autre. Finalement je ne m'en sors pas trop mal en espagnol. C'est pas génial, mais j'arrive à me faire comprendre (enfin je crois). Vers 10 h, heure locale, il était pas loin de 5 h au pays et donc, on s'en doute, j'étais épuisé et mes hôtes m'ont laissé dormir et je dois dire qu'il y avait longtemps que je n'avais pas dormi aussi profondément.

Aucun commentaire: