17e
jour – Ruines de Palenque, Misol-Ha, Agua Azul
Lundi
25 février 2013
Bien
dormi, malgré la chaleur et l'araignée qui me guettait du coin du
plafond. L'une était atténuée par le ventilateur qui a tourné
toute la nuit, et l'autre se tenait à carreau, sachant certainement
le sort que je réserve aux bêtes à huit pattes (si je ne fuis pas
devant elles). Sept heures trente, hop! Pas le temps de traîner: à
la douche. Pas d'eau chaude. Pas d'eau froide. Ergo pas d'eau
tiède et pas d'eau du tout. Mes plans ne sont pas encore
contrecarrés. Je décide d'aller visiter les ruines de Palenque
sale.
Quitte
à être poisseux, je décide, à titre prophylactique, de me
badigeonner de la crème solaire que j'ai achetée l'autre jour à
San Cristóbal de las Casas. Elle ne dégage pas l'agréable fumet
des crèmes solaires de chez nous. Et à son odeur, je doute de son
efficacité à protéger du soleil comme il se doit. Tant pis, je
n'ai rien de mieux. Je vais donc à la sortie du complexe
routardo-hôtelier en pleine jungle pour attraper un colectivo
pour les ruines. Pour y aller, il faut traverser un parc national, et
un garde à l'entrée, tout près de l'hôtel, m'a demandé de payer
une taxe d'entrée. Doutant de la véracité de son propos, j'ai
regardé dans mon guide de voyage s'il fallait bien payer l'entrée
au parc national en plus des ruines et il semble que oui. Toujours
est-il que j'étais le seul à avoir un bracelet indiquant que
j'avais payé l'entrée au parc. Il est 8 heures et quelques et les
seules personnes qui m'accompagnent sont des Mexicains qui vont au
travail. Il fait déjà chaud mais au moins le site est encore
préservé de la horde touristique.
Palenque
est un site formidable. Si j'ai aimé Teotihuacan, c'est pour son
côté grandiose et ses immenses «pyramides». Palenque est
également remarquable, non seulement par la beauté de ses ruines –
très bien conservées – mais aussi par sa situation, en pleine
jungle. Les différents édifices sont magnifiques, on peut presque
tous les escalader et même les explorer à l'intérieur. Certains
ont conservé des fresques représentant Pacal ou d'autres rois ou
divinités mayas et on peut voir des inscriptions constituant le seul
système d'écriture des peuples de Méso-Amérique (si je me
rappelle bien ce que m'avait dit mon cousin-guide-mine
d'informations). En outre, le site est agréable à visiter, très
vert, avec beaucoup d'herbe entre les différents édifices. Une
rivière traverse le site, ce qui lui apporte une certaine fraîcheur,
tout comme l'ombre des arbres de la jungle environnante.
J'ai
fait le tour des ruines en à peu près deux heures, explorant autant
que possible les différents complexes, prenant un tas de photos,
émerveillé par la beauté du site. À l'issue de la visite des
principaux édifices, je suis allé jeter un coup d’œil à un
groupe de ruines dont il n'était pas fait mention dans le Routard,
mais que j'ai trouvé super, un peu en retrait vers la sortie. Il
faut pénétrer un peu plus dans la jungle et là on tombe sur
quelques édifices de petite taille, presque pas entretenus,
recouverts de végétation. Comme presque aucun touriste n'y va, avec
un peu d'imagination, on a l'impression de découvrir une cité
disparue. De plus, comme on se trouve un peu plus dans la jungle, on
entend mieux la faune sauvage. Depuis mon entrée sur le site,
j'entendais des rugissements et j'estimais qu'il s'agissait, comme à
Teotihuacan, de sortes d'appeaux imitant le cri du jaguar vendus par
les commerçants ambulants, mais les cris venaient du plus profond de
la forêt et plusieurs personnes m'ont dit qu'il s'agissait de
singes. J'aurais bien voulu les voir, les singes, mais à entendre
leurs cris, ils ne devaient pas être bien agréables à fréquenter.
J'ai
terminé la visite par le chemin qui mène au musée, le long d'une
rivière qui forme une jolie petite cascade et j'ai choisi de faire
l'impasse sur le musée, pour me laisser le temps de quitter la
chambre d'hôtel et de manger avant de partir en excursion, à midi.
En arrivant sur la route à la sortie du site, j'étais un peu
désorienté et je suis monté dans le premier taxi collectif qui
passait. Or je me suis rendu compte bien vite qu'il partait dans le
mauvais sens, vers l'entrée du site. Je me voyais déjà payer les
20 pesos mais à l'arrivée, le chauffeur ne m'en a demandé que 10,
eu égard à la brièveté du trajet. J'ai demandé si le minibus ne
retournait pas en ville et il m'a répondu que si et m'a dispensé
carrément de payer. Ouf. C'est pas que 10 pesos ça m'aurait ruiné
(pour retourner voir des ruines, ça aurait été le comble, hu hu
hu), mais c'était une question d'honneur. Je me suis dépêché de
ranger mes affaires et de les préparer pour le voyage en bus du
soir, puis je suis allé en vitesse à la réception pour rendre la
clé. Personne à la réception. J'ai attendu cinq minutes, mais
l'heure tournait et je devais encore manger avant de partir en
excursion. Je suis donc allé au restaurant me prendre des fajitas au
poulet en m'assurant que je serais vite servi, puis je suis vite
aller rendre la clé à la réception, où il y avait bien quelqu'un,
et ainsi j'ai pu être à l'heure au rendez-vous pour partir à
Misol-Ha et Agua Azul. Pendant que je mangeais, j'ai acheté une
heure de wi-fi pour pouvoir donner des nouvelles sur Internet, mais
la connexion est extrêmement mauvaise et je n'ai pas réussi à
faire ce que je voulais sur mon blog. Les 25 pesos les moins bien
dépensés de ce voyage.
L'excursion
de l'après-midi était sur le thème des chutes d'eau. Il y en a
plusieurs dans les environs de Palenque et je suis allé en voir
deux. La première, Misol-Ha, est une grande chute de plusieurs
dizaines de mètres de haut. Il n'y a pas grand chose à y faire à
part l'admirer d'en face et passer derrière pour aller jusqu'à une
grotte que, moyennant 10 pesos de plus, on peut explorer sur 3o
mètres, jusqu'à une petite chute d'eau souterraine. C'est assez
sympa. Les groupes de touristes ne restent pas très longtemps sur
place. Donc on n'a pas vraiment le temps de se baigner. Sur place,
j'ai discuté avec le couple qui était assis à côté de moi dans
le minibus: deux Suédois qui venaient d'arriver au Mexique, très
sympathiques. Mon approche n'était pas sans arrière-pensée: il
fallait que je me trouve des alliés pour pouvoir surveiller mes
affaires si nécessaire un peu plus tard dans le cas où je me
baignerais.
Après
trois quarts d'heure de route supplémentaires, nous sommes arrivés
à Agua Azul, le site touristique du coin. Il s'agit d'une
succession de cascades créant des bassins naturels où l'eau est,
comme son nom l'indique, bleue, turquoise même. Il y avait un espace
de baignade tout en bas, où nous étions arrivés, mais j'ai voulu
explorer les lieux un peu avant. À cause des forts courants, on ne
peut pas se baigner n'importe où, et des personnes veillent à ce
que personne ne déroge à la règle. Je suis allé sur une île
prendre des photos, puis j'ai remonté le cours de la rivière – et
donc les chutes – jusqu'à ce que je tombe sur un deuxième espace
de baignade, où se trouvait mon couple de Suédois. Je leur ai dit
que j'allais continuer à remonter la rivière mais que j'allais
certainement redescendre, si cela ne les dérangeait pas, me joindre
à eux pour qu'on puisse mutuellement surveiller nos affaires.
Tout
au long de la rivière, des passerelles et des aires d'observation
ont été aménagées pour prendre des photos. La couleur de l'eau,
les chutes, l'ensemble est effectivement très beau et par la chaleur
qu'il fait, on a envie de sauter dans l'eau et de se laisser emporter
par le courant. J'ai poursuivi ma remontée de la rivière jusqu'à
un troisième espace de baignade. Je vois une jeune fille allongée
en maillot de bain qui me regarde. Elle me sourit, je lui souris, et
là je me rends compte qu'elle ne sourit pas simplement à un bel
inconnu qui marche d'un pas assuré, la fierté et la virilité
incarnées, en chemise bleue. En fait elle me connaît. Et je la
connais. Pauline, l'une des deux camarades de voyage dans le canyon
et jusqu'à San Cristóbal! Ah la bonne surprise! Je me suis installé
près d'elle et Adeline nous a rejoints peu après en sortant de la
baignade. Je me suis dit que c'était un signe du destin et qu'il
fallait qu'on échange les contacts. Nous nous sommes raconté nos
expériences diverses depuis deux jours; elles ont fait des choses
intéressantes avec les contacts qu'elles avaient à San Cristóbal
et, contrairement à moi, elles ont réussi à venir à Agua Azul
sans devoir aller à Palenque d'abord.
N'y
tenant plus, je suis allé me plonger dans l'eau. La température
était parfaite pour se rafraîchir sous ce climat tropical. L'eau
était claire et (d'apparence) propre et la profondeur des bassins
était suffisante pour pouvoir plonger depuis certains rochers. Un
vrai plaisir. Nous sommes restés à discuter en séchant un petit
moment puis nous sommes redescendus tranquillement vers la zone de
parking, les filles s'arrêtant devant les nombreux stands d'objets
artisanaux égrainant le parcours. Elles sont reparties direction
Palenque et moi je me suis assis au restaurant à côté de mes
Suédois en attendant le départ du minibus.
Nous
étions censés rentrer à El Panchán à 18 h 30 mais nous ne sommes
arrivés qu'à 19 h 30. Le minibus était extrêmement lent, peinant
particulièrement dans les montées. En partant d'Agua Azul, j'avais
vu depuis le minibus Pauline et Adeline qui attendaient un colectivo
mais peu de temps après, j'ai vu des tas de minibus nous doubler et
je pense qu'elles devaient être dans l'un d'entre eux. Nous avions
tout le temps d'admirer le paysage. D'un côté le crépuscule
auréolait la silhouette de la jungle de toute une variété de tons
rouges, et de l'autre, une grosse lune orange se levait par dessus
les arbres. Il s'en est fallu de peu pour que je juge le spectacle
magique. Quand enfin le minibus est arrivé, je suis allé à la
réception chercher mon sac de voyage et me changer, puis il a fallu
que j'aille en ville pour m'acheter un billet de bus pour le soir
même. Or plus aucun transport collectif ne circulait à 19 h 30
depuis El Panchán et j'ai dû prendre un taxi.
Arrivé
à la gare routière, qui vois-je? Pauline et Adeline, bien sûr. Je
savais qu'elles devaient prendre un bus pour Tulum mais je ne savais
pas (et elles non plus) à quelle heure, donc il y avait quand même
des chances pour qu'on s'y retrouve. Nous avons eu le temps de
discuter une quinzaine de minutes car leur bus arrivait. Quand elles
sont parties pour de bon, je suis allé m'acheter mon billet pour
Merida. J'avais le choix entre deux horaires: 21 h 00, mais ça ne me
laissait pas le temps de manger et j'arrivais très tôt à Merida (5
heures), ou 23 h00. La seconde option était plus tardive mais c'est
quand même celle que j'ai choisie. Le bus était presque plein. Il
ne restait que trois places de libres et, pour changer, j'ai pris une
place tout au fond, juste à côté des toilettes, ce qui peut causer
des désagréments. Mais il s'agissait du dernier couple de sièges
libre. Avec un peu de chance, je pourrai profiter des deux sièges.
Je me trouve dans ledit bus au moment où j'écris ces lignes et pour
l'instant, il est presque vide, mais il ne fait aucun doute que
toutes les places réservées vont être occupées dès les prochains
arrêts.
Avant
de prendre mon bus, je suis allé me trouver un petit resto
tranquille pour écrire et, bien sûr, prendre mon repas du soir.
J'ai loupé le resto sur lequel je comptais jeter mon dévolu, ce qui
m'a amené jusqu'au Zócalo de Palenque. Là, il y avait d'autres
restaurants et l'un d'eux affichait à sa devanture la formule
magique: «Wi-Fi». J'allais pouvoir manger et surfer sur
Internet. Malheureusement, comme à l'hôtel, la connexion était
mauvaise et certaines pages refusaient de se charger. Mais au moins
je n'avais pas à payer pour le wi-fi.
Demain
matin: Merida. J'ai déjà renoncé à enchaîner deux à trois
heures de bus en descendant de celui-ci pour aller voir le site de
Chichen-Itza. Il faudra que je m'occupe autrement ou que j'y aille à
un autre moment. On verra. La nuit (et le Routard) porte conseil.
2 commentaires:
Monsieur Paris a peur des araignées ! :D
Arrête, c'est pas drôle: c'est une phobie, c'est incontrôlable et irrationnel. Tu m'aurais vu dans la maison de la grand-mère il y a trois ans, tu n'aurais pas l'image idéalisée de l'homme intrépide et sans concessions que tu te fais de moi.
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